Données spatiales et secteur maritime, un marché porteur pour Morespace

Le projet Morespace, présenté par le pôle de compétitivité Pôle Mer Bretagne Atlantique, est l'un des quatre "boosters" sélectionnés par le Cospace dans le cadre d'un appel à projets national. Objectif : développer des produits ou services qui utiliseront les données et techniques satellitaires dans le secteur maritime. Un domaine encore peu exploré.
L'utilisation des images satellitaires peu exploitées dans des applications et services à haute valeur ajoutée ouvre un champ de possibilités dans les domaines comme la prévision (qualité de l'eau, état de la mer, pêche), la sûreté et la sécurité maritime.

Détecter lors d'une course au large des glaces ou des icebergs grâce à une application dédiée, établir en temps réel une cartographie des bâtiments, mesurer les courants de surface des océans. L'utilisation des images satellitaires peu exploitées dans des applications et services à haute valeur ajoutée ouvre un champ de possibilités dans les domaines comme la prévision (qualité de l'eau, état de la mer, pêche), la sûreté et la sécurité maritime.

Mises en synergies avec les besoins des utilisateurs grâce aux technologies numériques, les données spatiales, seules ou combinées, sont appelées à faire émerger demain des solutions innovantes et des usages nouveaux. Dans ce registre, il reste beaucoup à faire, mais ce marché de niche pourrait devenir lucratif.

C'est ce qu'espère Morespace. Initié par le pôle de compétitivité Pôle Mer Bretagne Atlantique, cet accélérateur de projets fait partie des quatre « Boosters », labellisés début janvier par le CNES (Centre national d'études spatiales) et le Cospace. Le comité de concertation entre l'Etat et l'industrie dans le domaine spatial avait lancé en septembre un appel à projets touchant des domaines aussi variés que l'urbanisme, l'environnement, les transports ou encore la mer.

Avec Images & Réseaux et Brest Tech+

Acronyme entre "mor" (pour "mer" en breton) et "more space" (pour "plus d'espace" en anglais), Morespace est le seul "booster" à se concentrer sur un domaine unique. Il est développé en partenariat avec Images & Réseaux, autre pôle de compétitivité breton, le GIS Bretagne Télédétection, la French Tech Brest Tech+ et la Satt(*) Ouest Valorisation. Morespace signera sa convention avec l'Etat le 18 février avant son lancement opérationnel en mars.

« Ces partenaires se mettent en ordre de marche pour valoriser le secteur du maritime grâce aux données du spatial. L'utilisation de données satellite, que ce soit pour la réalisation d'études ou de fourniture de services opérationnels, présente un potentiel de développement d'activité encore très insuffisamment exploité, assure Philippe Monbet, chargé des projets européens au Pôle Mer (332 adhérents dont 194 PME/PMI, 226 projets labellisés 752 millions d'euros de recherche et développement). Morespace va permettre d'animer un écosystème régional maritime avec un écosystème du spatial et du numérique. »

e-Odyn et Ocean Data Lab déjà dans la course

C'est en effet tout un réseau d'acteurs privés et publics du Grand Ouest, dont l'agence Bretagne Développement Innovation et l'incubateur régional Emergys, qui va être mobilisé. L'animation de Morespace par les services du Pôle Mer vise aussi à agréger des acteurs industriels, grands groupes, ETI, PME et TPE. Des entreprises comme CLS, filiale du Cnes et de l'Ifremer qui utilise déjà les données spatiales dans le domaine de l'environnement et des ressources marines, mais aussi Actimar, Along-Track, e-Odyn, Terra Maris et Ocean DataLab, ont d'ailleurs déjà manifesté leur intérêt à accompagner l'initiative.

« Outre CLS, plusieurs sociétés ont commencé le développement de services liés aux données satellitaires, telles Actimar, e-Odyn et Ocean DataLab », ajoute Philippe Monbet.

Constituée en décembre 2015 et incubée chez Telecom Bretagne à Brest, e-Odyn développe par exemple des logiciels pour mesurer les courants de surface des océans par l'analyse des trajectoires de navires. « Ces estimations de courant reposent sur le big data et sont plus précises que celles des moyens conventionnels comme l'altimétrie spatiale », explique Yann Guichoux, d'e-Odyn. Et d'ajouter :

«Voir les courants marins depuis un satellite coûte très cher. Le budget pour le prochain lancement en 2020 est évalué à plus de 1 million d'euros. En s'intéressant à la circulation des cargos, nous nous appuyons sur les données AIS (tracking de bateaux), collectées par satellite mais dont les fournisseurs sont canadiens et américains. Je compte sur Morespace pour relancer une initiative française dans ce domaine et permettre de développer des services. C'est un levier très puissant pour des secteurs comme le transport maritime, les activités offshore, le sauvetage en mer, le green shipping et même la course au large.»

La jeune pousse, dont le démonstrateur entrera en phase opérationnelle cet été, mise sur un chiffre d'affaires de 600.000 euros d'ici trois ans.

Autre entreprise récente brestoise, Ocean Data Lab est spécialisée dans la fusion des données pour l'analyse des phénomènes océaniques (vent, vagues, courants...). Visant les acteurs de la recherche, dont l'océanographie spatiale, et les sociétés de services, elle développe Seascope. Plate-forme modulaire et open source d'analyse et de synthèses de ces données dont une pré-démonstration, Ocean Virtual Laboratory (ovl.oceandatalab.com), existe en ligne. Une version plus interactive est prévue pour le courant 2016 dans le cadre de Morespace.

Transfert d'innovation

En croisant les feuilles de route du Pôle Mer et du Pôle Images & Réseaux, Morespace entend donc décloisonner les filières et promouvoir la rencontre entre secteurs. Les projets retenus (5 à 10 par an environ) seront présentés dans le cadre de l'appel à projets PIAVE (Projets industriels d'avenir) et financés par le Programme d'investissements d'avenir. Morespace a aussi vocation à accompagner les startups et les entreprises dans la commercialisation de leurs services, en sollicitant différents leviers de financement (région, CUB, BPI...). Les premiers produits sont attendus pour 2017.

Le programme s'inscrit dans la ligne de la stratégie économique de la Bretagne fondée sur le transfert de l'innovation dans les entreprises. La région soutient déjà l'usage des technologies et des données satellitaires pour le maritime, notamment à travers Vigisat, la station française civile de réception d'images satellite radar haute résolution. Dans ce domaine, la communauté industrielle et de recherche est pour beaucoup concentrée dans la pointe bretonne.

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(*) Société d'accélération du transfert de technologies

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