Drone sous-marin : Naval Group développe une nouvelle arme redoutable pour la Marine nationale

L'arme sous-marine de demain ? Naval Group développe depuis environ six ans dans la plus totale discrétion un drone sous-marin autonome océanique de 12 à 13 mètres.
Michel Cabirol
Nous visons au printemps 2022 une première mission de surveillance en complète autonomie, explique Cyril Lévy, directeur des programmes de drones et de guerre des mines chez Naval Group.
"Nous visons au printemps 2022 une première mission de surveillance en complète autonomie", explique Cyril Lévy, directeur des programmes de drones et de guerre des mines chez Naval Group. (Crédits : Naval Group)

C'est un nouveau système d'arme destiné à la Marine nationale, qui devrait être très redoutable. Programmé, il pourrait autant effectuer en meute des missions de surveillance et de détection (signature de sous-marins) sur une zone assignée que faire du déni d'accès tout en restant très, très discret en raison de sa petite taille. De quoi parle-t-on ? D'un drone sous-marin autonome océanique actuellement développé par Naval Group depuis environ six ans dans la plus totale discrétion. Une innovation autofinancée (entre 10 et 20 millions d'euros) par le groupe et présentée la semaine dernière lors de la 5ème édition des Naval Innovation Days.

Le constructeur du Barracuda, qui a déjà construit un démonstrateur d'une longueur de dix mètres (10 tonnes) et mis à l'eau pour la première fois en novembre 2020, prévoit in fine un sous-marin de 12 à 13 mètres de long (13,5 mètres maximum). Un drone sous-marin qui pourra être évidemment armable et qui sera également doté d'un système d'autodestruction s'il devait tomber aux mains d'ennemis. Du consommable qui restera à un prix raisonnable. Soit un engin qui devrait être proposé à moins de 15 millions d'euros pour rester attractif commercialement. Ce type de drone pourrait aussi bien intéresser des marines comme la France en complément de leur flotte sous-marine pour garder une avance opérationnelle, ou des pays n'ayant pas la capacité de s'offrir des sous-marins.

Prototype en 2025

La Marine nationale va devoir s'approprier rapidement ce nouveau système d'arme indétectable pour veiller à ne pas se laisser couler par la guerre des grands fonds. Et donc rester en première division. Car ces drones sont également développés par les Etats-Unis, où Boeing mène le projet Orca, mais aussi par la Russie et la Chine. D'ailleurs, l'accident d'un sous-marin nucléaire américain qui a heurté début octobre un objet non identifié alors qu'il patrouillait en mer de Chine méridionale interpelle fortement. Est-ce un drone sous-marin développé par le groupe chinois Boya Gongdao Robot Technology basé à Pékin, le Robo-Shark qui est armé de torpilles. "L'USS Connecticut a heurté un objet dans l'après-midi du 2 octobre alors qu'il naviguait en immersion dans les eaux internationales de la région indo-pacifique", avait indiqué l'US Navy dans un communiqué.

Dans ce contexte, Naval Group va devoir accélérer le développement de cette nouvelle arme, qui va toutefois exiger de la part de la Marine nationale une doctrine d'emploi très détaillée pour éviter d'éventuels accidents aussi bien civils (bateau de pêche) que militaires. D'autant qu'il n'y a pas réellement de supériorité opérationnelle sous les mers contrairement au domaine aérien. La ministre des Armées a conscience de l'intérêt de cette nouvelle arme. Florence Parly avait annoncé en mai dernier que la France allait "investir dans ce nouveau domaine que sont les abysses par l'acquisition de premières capacités sous-marines que seront des drones d'investigation et d'actions". C'est donc le moment de plonger.

"Dans le domaine naval, le déploiement de drones sous-marins au large de l'Île Longue, dans le but d'observer l'activité de la base navale qui accueille les quatre sous-marins nucléaires lanceurs d'engin de la force océanique stratégique, pourrait rapidement ne plus relever de la science-fiction. Il en va de même dans les grands fonds marins, ou divers drones pourraient être mis en œuvre à des fins de renseignement ou de sabotage des câbles sous-marins, au cœur d'une économie mondiale devenue largement connectée", estiment de leur côté les députés Stéphane Baudi et Jean Lassalle dans leur rapport sur la guerre des drones.

A ce jour, Naval Group prévoit dans l'hypothèse où il obtient rapidement un contrat de développement de la part de la Direction générale de l'armement (DGA) et de la Marine nationale, la mise en service d'un prototype en 2025 ayant plus de capacités que le démonstrateur à partir d'innovations incrémentales. Un prototype qui sera très proche du premier de série. D'ici là, le sous-marin va effectuer en novembre une campagne d'essais de deux mois après avoir effectué en janvier 2021 une première plongée à 100 mètres de profondeur pour tester la tenue en pression de la coque. "Nous visons au printemps 2022 une première mission de surveillance en complète autonomie", explique Cyril Lévy, directeur des programmes de drones et de guerre des mines chez Naval Group.

Ce programme est mené en partenariat avec une dizaine de PME (dont CeSigma, Techvar, EODev), Thales (suite sonars) et plusieurs centres de recherche (ONERA, Inria, Lirmm de Montpellier). Avec l'ONERA, Naval Group souhaite notamment innover dans le domaine de l'autonomie décisionnelle contrôlée dans le cadre d'un partenariat. Ce qui est le cas pour ce drone sous-marin, qui a été développé grâce au savoir-faire de Naval Group dans le domaine des CMS (Combat Management System).

Indétectable ?

Selon Naval Group, ce sous-marin robuste sera indétectable sous l'eau par les sonars actifs et passifs en raison de sa faible surface d'émissions. En revanche, à chaque incident (bug, collision etc...), il devra remonter à la surface pour se recaler et pourrait à ce moment-là devenir vulnérable. Pour l'heure, le démonstrateur dispose d'une autonomie de cinq jours (batteries lithium-ion de Saft) en naviguant seulement à 5/6 nœuds (vitesse maximale 15 nœuds). L'objectif est de parvenir à une autonomie de quelques semaines. Ce qui implique toutefois encore de nombreux travaux de recherche sur le mode de propulsion le plus adéquat pour ce type de sous-marin (piles électrohydrogènes ? Diesel alternateur redresseur ?) Naval Group a encore du pain sur la planche pour garder toute son avance technologique...

Michel Cabirol

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Commentaires 9
à écrit le 11/10/2021 à 21:22
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Pourquoi s'ingénier à faire autant d'armes pour détruire l'humanité ,si à la fin de ce siècle le réchauffement climatique ,les maladies , la disparition de la biodiversité auront fait le boulot ? Ne serait ce pas plus utile d'investir cet argent dans...

le 11/10/2021 à 23:57
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Quelle naïveté confondante … on n est pas chez les bisounours …réveillez vous tousbb va les pays réarment et la France devrait rester les bras croisés…lol!!

le 12/10/2021 à 7:47
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Justement, en cas de rechauffement climatique, la premiere tentation sera d aller piller le voisin pour compenser le manque chez soi. d ou l interet de dissuader le voisin de nous attaquer et s il passe outre de lui mettre une correction afin de ne p...

le 23/10/2021 à 14:45
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Bien avant une guerre va s'imposer à nous. Erdogan y travaille avec Poutine qui nous met des bâtons sous les roues.

à écrit le 11/10/2021 à 17:56
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Si vis pacem para bellum...ne jamais l'oublier.

à écrit le 11/10/2021 à 16:03
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a quoi cela servirait-il puisque personne ne nous attaque ???? n'oubliez jamais que ce sont les agriculteurs, artisans commercants et autres industriels qui vous paient ces armes !!!! on gave déjà une armée totalement inutile !!!

le 11/10/2021 à 21:17
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Et le jour où quelqu’un vous attaque, vous lui dites d’attendre 10-15ans le temps de reprendre la formation de vos troupes. Honnêtement, quand on voit comment se comportent les turcs vis à vis des frontières européennes de Grèce, on se demande commen...

le 11/10/2021 à 23:59
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Quelle naïveté confondante … on n est pas chez les bisounours …réveillez vous tous les pays réarment et la France devrait rester les bras croisés…lol!! La guerre n est pas forcément visible c est ausssi une guerre psychologique …

le 13/10/2021 à 10:50
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Brehat, un peu de sérieux et de réflexion, pour sortir un peu des chemins battus devenus boueux à force de passages divers et moutonniers.

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