L'Arabie saoudite prête à acheter des Rafale à Dassault Aviation : le ministre des Armées confirme

Sébastien Lecornu, le ministre français des Armées a confirmé lundi les informations de La Tribune Dimanche affirmant que l'Arabie saoudite était prête à commander des Rafale de Dassault Aviation. Il y a des « des discussions » entre Riyad et le groupe aéronautique et de défense sur l'achat potentiel d'avions de combat Rafale, a-t-il déclaré.
L'Arabie saoudite est prête à commander 54 Rafale
L'Arabie saoudite est prête à commander 54 Rafale (Crédits : Reuters)

Coup de tonnerre dans le ciel du Moyen-Orient. Le Rafale, fleuron de l'aéronautique militaire française, intéresse l'Arabie saoudite, qui pourtant se fournit traditionnellement aux États-Unis (F-15 de Boeing) et auprès de la Grande-Bretagne (Tornado puis Eurofighter, deux avions de combat conçus dans le cadre d'une coopération européenne avec l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne). Selon des sources concordantes, Riyad a officiellement demandé à Dassault Aviation de lui envoyer une proposition chiffrée pour l'acquisition de 54 Rafale. L'avionneur a jusqu'au 10 novembre pour répondre, confirme-t-on à La Tribune Dimanche.

Sébastien Lecornu confirme

Une information confirmée ce lundi par le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu.

« Oui, des discussions existent mais comme à chaque fois dans ce genre de discussions et de relations commerciales entre une entreprise de la base industrielle et technologique de défense française et un Etat souverain étranger, le ministre n'a pas vocation à commenter dans la presse ce qui peut être discuté ici ou là », a déclaré Sébastien Lecornu lors d'une conférence de presse.

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Un succès de Dassault Aviation en Arabie saoudite serait retentissant pour le Rafale : l'avion de combat tricolore réussirait là un coup colossal au nez et à la barbe de son rival européen, le Typhoon du consortium Eurofighter (composé du britannique BAE Systems, d'Airbus et de l'italien Leonardo), considéré comme la deuxième source d'approvisionnement de la Force aérienne royale saoudienne (Royal Saudi Air Force), après le F-15 américain. Ce sont les Britanniques qui ont imposé depuis 1985 le Tornado (contrats Al-Yamamah 1 et 2) puis le Typhoon (contrat Al-Salam en 2007) en Arabie saoudite, en dépit de plusieurs tentatives françaises vaines de séduire Riyad. Cette commande pour Dassault Aviation, si d'aventure elle se concrétisait, compléterait les ventes du Rafale dans la région du Proche-Orient et du Moyen-Orient : Égypte en 2015 puis 2021 (54 appareils), Qatar en 2015 puis 2017 (36), puis aux Émirats arabes unis (80 commandés en décembre 2021).

La crainte de servir de lièvre

Ce coup de tonnerre est-il réellement un changement de paradigme dans la politique d'acquisition du royaume en matière d'aviation de combat ? Car, au-delà du vieux rêve de la France depuis plus de soixante ans d'équiper la Royal Saudi Air Force, c'est la question que Paris et notamment Dassault Aviation se posent : la crainte est de voir le Rafale jouer le simple rôle du lièvre au profit du Typhoon, voire du F-15. Pourquoi ? Depuis dix ans environ, une deuxième commande de Typhoon de la part de Riyad (48 avions) est attendue par Londres, qui a obtenu l'accord des Saoudiens en 2018. Mais l'Allemagne a régulièrement bloqué cette vente, en raison de la guerre au Yémen (2015) puis de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi (2018). Ce qui a provoqué la colère de Londres, un très fort agacement de Riyad et des tensions entre les trois pays.

Cet agacement s'est traduit au fil du temps par un intérêt (feint ou réel ?) des Saoudiens pour le Rafale, qui vole toutefois sous leurs yeux dans le ciel du Qatar. En outre, les Américains laisseront-ils Dassault Aviation entrer sur ce marché ? Pas sûr. Ils proposent le F-15SA et pourraient sans état d'âme faire pression sur le prince héritier, Mohammed Ben Salmane, qui regarde quant à lui de plus en plus à l'est. Enfin, irrités par les œillades saoudiennes en faveur du Rafale, les Allemands seraient prêts à assouplir leur position sur le Typhoon si Riyad intervenait en faveur des otages allemands détenus par le Hamas à Gaza. D'autant que Berlin a bien accueilli la réconciliation entre l'Arabie saoudite et l'Iran, qui a déjà des répercussions sur le conflit au Yémen. La France jouera donc le jeu mais le contexte invite à la prudence...

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Commentaires 4
à écrit le 23/10/2023 à 21:07
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La demarche est attrayante... toutefois il y a fort a craindre que c"est surtout pour faire plier les concurrents.. Au dermier moment l arabie saoudite achetera des F35, apres intervention de notre allie Americain...

le 24/10/2023 à 0:54
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La France est-elle incapable d'intervenir? Vous vous comportez comme si les Américains étaient des dieux qui parcourent la terre ! Il est vrai qu'il y a un monde entier entre la puissance et l'influence des Américains par rapport à la France. Nous n'...

à écrit le 23/10/2023 à 18:12
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Bonjour, donc les interlocuteurs sont le ministre de la défense, le constructeur aéronautique ( Mr Dassault) et notre président de la république.. Voilà se qui nous laisse devant de gros problème en perspective... _ transfert de technologie _ sou...

le 24/10/2023 à 0:04
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Quel gros problème en perspective pour qui?

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