
« On voit bien qu'on a un moment Rafale et ce que je peux dire c'est que ce moment Rafale va durer. Il va durer un certain temps », a estimé mardi dernier Eric Trappier sur BFM Business. Le PDG de Dassault Aviation est convaincu que le Rafale a un créneau commercial inédit. Le Rafale « répond aux besoins des armées qui l'achètent » et « la géopolitique est en faveur de la France parce que le pays, qui ne veut acheter ni américain, ni russe, a une offre française de grande valeur avec le positionnement français qui est toujours intéressant pour un certain nombre de pays qui ne veulent pas s'aligner », a-t-il expliqué.
Dans ce contexte favorable, Eric Trappier a fixé à ses équipes, pourtant éreintées par le rythme intense des campagnes commerciales depuis trois ans, deux objectifs prioritaires à l'international pour la fin d'année : terminer les négociations avec l'Inde sur les Rafale Marine, qui devraient être armés avec des missiles indiens, et obtenir la mise en vigueur de la troisième tranche du contrat Rafale en Indonésie (18 appareils restants sur les 42 commandés par Jakarta pour un montant de 8,1 milliards d'euros hors armement). En revanche, en Inde, la mise en vigueur du contrat des 26 Rafale Marine, une commande annoncée le 13 juillet à Paris par le Premier ministre indien Narendra Modi, semblerait hors d'atteinte avant la fin de l'année. Et donc elle ne pourrait pas être pas comptabilisée dans le carnet de commandes de Dassault Aviation en 2023. Pour cela, New Delhi doit verser un acompte.
42 Rafale indonésiens en carnet
En Indonésie, après avoir réussi à confirmer en août la deuxième tranche du contrat Rafale, Dassault Aviation devrait logiquement recevoir le dernier acompte pour la mise en vigueur de la troisième tranche en dépit du protocole d'accord (MoU) signé fin août entre l'administration indonésienne et Boeing pour l'achat de 24 F-15IDN. Jakarta s'est bien gardé de signer une LOA (lettre d'offre et d'acceptation) avec Washington qui aurait été engageante pour Jakarta. En revanche, le ministre de la Défense indonésien Prabowo Subianto aurait déjà obtenu le financement pour mettre en vigueur les 18 Rafale restants d'ici à la fin de l'année 2023. Il a également finalisé l'achat des 12 Mirage 2000-5 du Qatar.
A court terme, les ventes à l'export du Rafale vont dépasser celles du Mirage 2000 (286 appareils vendus). A ce jour, Dassault Aviation et la France ont vendu de façon ferme 267 Rafale, dont 24 d'occasion (55 en Égypte, 36 au Qatar, 36 en Inde, 24 en Grèce, dont 12 d'occasion, 80 aux Émirats Arabes Unis, 12 d'occasion à la Croatie et 24 à l'Indonésie). En rajoutant les 18 Rafale en Indonésie et les 26 Rafale Marine en Inde, l'avion de combat tricolore se sera vendu à 311 exemplaires. Bien plus que le Gripen suédois (102 exemplaires) et le Typhoon du consortium Eurofighter (151), voire le Super Hornet de Boeing (48). Et Dassault Aviation a encore en soute plusieurs prospects sérieux en Colombie, en Serbie, en Irak, au Qatar et en Égypte. Seul bémol, l'avionneur n'a pas les ressources humaines (commerciaux, juridiques...) pour mener en parallèle plusieurs campagnes export.
Et la France ?
Enfin, Dassault Aviation compte fermement sur le ministère des Armées pour contractualiser les 42 Rafale, dont 20 appareils devront être livrés entre 2027 et 2030. Soit 30 Rafale prévus de très longue date (tranche 5) plus les 12 appareils pour compenser les appareils d'occasion vendus à la Croatie. Ce qui portera à 137 le nombre de Rafale dans la flotte de l'armée de l'air française. Cette commande est prévue dans la loi de finances 2023. « Un carnet de commande qui devrait en toute logique augmenter avant la fin de l'année », avait assuré en juillet Eric Trappier. Entre 78 (36 en Indonésie et 42 en France) et 104 appareils...
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