Mark Rigolle, l'homme qui veut lever 3,5 milliards de dollars en trois ans pour LeoSat

Le PDG du projet LeoSat, une constellation de 78 satellites en orbite basse, espère lever 3,5 milliards de dollars d'ici à trois ans. Objectif, vendre des services de connectivité sécurisée à très haut débit et ultra-rapide aux grands groupes et aux États.
Michel Cabirol
La constellation LeoSat, constituée de 78 à 108 satellites en orbite basse pesant chacun 1.250 kg, offrira des services de connectivité sécurisée à très haut débit et de faible latence sur une couverture mondiale

Qui veut financer la constellation LeoSat ? En d'autres termes, qui prend le pari du futur succès de Mark Rigolle, le PDG de la start-up luxembourgeoise LeoSat Entreprises, qui veut lever 3,5 milliards de dollars en trois ans ? A priori, le pari semble fou au moment où plusieurs projets de constellations, dont OneWeb, cherchent aussi à lever des capitaux pour financer leur développement. Mais ce projet s'appuie toutefois sur Mark Rigolle lui-même.

100 millions déjà dépensés

Nommé en septembre 2015 à la tête du projet, ce vieux routier du spatial et des télécoms, qui a été directeur financier du très sérieux opérateur luxembourgeois SES, a notamment remis sur la bonne orbite la constellation O3b, mal née mais aujourd'hui sous le contrôle rigoureux de SES. Il a également financé la phase A de son projet. Soit environ 100 millions de dollars. Et il a déjà su attirer un premier client, dont le nom est tenu secret mais qui pourrait être une institution financière.

"Nous avons déjà signé un contrat avec un premier client ce qui représente un soutien très fort pour notre solution unique offrant une performance supérieure à tous les systèmes existants, incluant la fibre", a expliqué Mark Rigolle.

Mark Rigolle, qui cherche à sécuriser un noyau d'investisseurs capables d'investir à intervalles réguliers, discute avec sept grands opérateurs internationaux de satellites susceptibles de rejoindre le projet, explique-t-il sans jamais se départir de son sourire. Mark Rigolle qui vise un EBITDA (résultats avant intérêts, impôts, dotations aux amortissements et provisions sur immobilisations) compris entre 70 % et 80%, devrait pouvoir les séduire avec de tels arguments...

Thales y croit

LeoSat a également séduit Thales Alenia Space (TAS). Bien sûr, Thales, cornaqué par Dassault, ne mettra pas un euro dans le développement de LeoSat, contrairement à Airbus dans OneWeb. Mais TAS y croit. D'ailleurs, le constructeur a récemment acheté la division optoélectronique de la société suisse Ruag capable de fournir des liaisons optiques par satellite pour les constellations, technologie clé du système LeoSat.

"Le modèle économique B to B de LeoSat est très intéressant. Au contraire du projet OneWeb, qui vise l'utilisateur final , LeoSat vise quelques secteurs industriels, notamment l'industrie bancaire. Pourquoi cette industrie ? L'idée de LeoSat est de faire du « trunking », c'est-à-dire du transfert extrêmement rapide d'un nombre considérable de données très sécurisées de manière symétrique", avait expliqué en janvier dernier dans une interview accordée à La Tribune le PDG de TAS, Jean-Loïc Galle.

C'est d'ailleurs pour cela, que le constructeur de satellites a lancé avec LeoSat Entreprises la phase B pour le développement de la constellation (10 à 11 mois). "Cette phase B du contrat reflète à la fois la qualité technique de notre étude", a estimé Jean-Loïc Galle dans un communiqué annonçant mercredi la signature de la phase B. Mark Rigolle doit trouver 175 millions de dollars pour financer cette phase B, qui va  porter sur la définition détaillée de l'architecture (segments spatiaux et sols) et sur l'évaluation des performances du système global. Elle va également permettre de mettre en place le schéma industriel optimisé nécessaire pour le démarrage des phases de fabrication à Rome (TAS Italie) et de déploiement.

"L'objectif est d'atteindre des cycles de production fortement automatisés de 12 mois qui vont permettre de réduire les coûts. Nous étudions une automatisation de différents sous-ensembles des satellites de la constellation comme les panneaux solaires, l'électronique et l'intégration. Nous aurons une chaine automatisée, nous avons déjà défini son design, avait en janvier jean-Loïc Galle.

Des liaisons ultra-rapides et sécurisés

La constellation LeoSat, constituée de 78 à 108 satellites en orbite basse pesant chacun 1.250 kg, offrira des services de connectivité sécurisée à très haut débit et de faible latence sur une couverture mondiale. Pour s'imposer face à la concurrence de la fibre optique, LeoSat revendique des services de connexion plus rapide de plus de 50% que la fibre sans passer par des stations sol. "Pour une liaison entre Londres et Singapour, la fibre affiche un temps de latence de 192 millisecondes, nous sommes en moyenne à 118", assure le PDG de LeoSat. Rapidité mais aussi sécurité puisque grâce aux liaisons optiques par satellite, les communications ne transitent pas par les réseaux terrestres.

Michel Cabirol

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Commentaire 1
à écrit le 16/09/2016 à 8:26
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"Pour une liaison entre Londres et Singapour, la fibre affiche un temps de latence de 192 millisecondes, nous sommes en moyenne à 118" Pas besoin d'être grand clerc pour voir que l'on parle de trading HF. Pratique qui devrait être interdite au vu ...

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