Pour Airbus, le "monde d'après" sera le monde d'avant : le marché aura besoin de 39.000 avions neufs d'ici à 20 ans

Comme il le prévoyait avant la crise du Covid, Airbus estime toujours que les compagnies aériennes auront besoin de près de 40.000 avions neufs au cours des vingt prochaines années. Alors que la croissance du trafic aérien pourrait être moins forte que prévu, les commandes pour le renouvellement des flottes, liées notamment aux contraintes environnementales, devraient compenser celles pour le développement.
Airbus maintient ses prévisions à 39 000 avions neufs d'ici 2040.
Airbus maintient ses prévisions à 39 000 avions neufs d'ici 2040. (Crédits : PASCAL ROSSIGNOL)

Avant le retour des contrats, celui des prévisions. La tenue du salon de Dubaï, du 14 au 18 novembre, est l'occasion pour Airbus de publier ses nouvelles prévisions de marché pour les vingt prochaines années (Global Market Forecast 2021-2040). Et le moins que l'on puisse dire, c'est que rien n'a changé malgré une crise sans précédent depuis mars 2020, si ce n'est un décalage de deux ans dans les prévisions du constructeur européen. Ce dernier estime que les compagnies aériennes prendront livraison de 39.000 avions neufs de plus de 100 places, non pas en 2038 comme il le prévoyait en 2019, mais en 2040. Soi près de 2000 avions neufs par an en moyenne. Et ce, alors qu'Airbus a pourtant revu ses prévisions de croissance du trafic passagers à la baisse.

La répartition entre les différents segments de marché évolue marginalement. Airbus anticipe toujours un besoin pour 29.700 monocouloirs pour des vols court et moyen-courriers sur lesquels il positionne ses A220 et A320 NEO, 5.300 avions long-courriers de moyenne capacité avec les A321XLR et A330 NEO, et enfin 4.000 gros-porteurs avec l'A350. Seule la part de ce dernier segment tend à se réduire relativement significativement avec 120 appareils prévus en moins par rapport à 2019.

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La part du remplacement s'accroît

Le changement le plus significatif se situe sur la part de ces nouveaux avions qui sera consacrée au remplacement d'anciens appareils. En 2019, Airbus estimait que cela représenterait un peu plus de 14.000 avions sur vingt ans. Avec le besoin des compagnies aériennes d'accélérer le renouvellement de leurs flottes pour des considérations écologiques et bien sûr économiques, le constructeur estime que ce sont 15.250 appareils d'ancienne génération seront remplacés dans les vingt prochaines années. Si ces projections se confirment, c'est donc les deux tiers de la flotte actuelle qui devraient sortir du service d'ici à 2040.

« À mesure que les économies et le transport aérien arrivent à maturité, nous constatons que la demande est de plus en plus axée sur le remplacement plutôt que sur la croissance. Le remplacement étant aujourd'hui le moteur le plus important de la décarbonation », déclare Christian Scherer, directeur commercial d'Airbus.

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La croissance du trafic passagers ralentit, le cargo accélère

Pour arriver à ces conclusions, Airbus s'est basé sur une hypothèse de trafic revue à la baisse par rapport à ce qu'il espérait en 2019. Le constructeur mise désormais sur une croissance annuelle moyenne de 3,9 %, contre 4,3 % avant la crise. Cette croissance sera tirée par l'accroissement massif de la classe moyenne dans les pays en cours de développement.

A l'inverse, Airbus prévoit une accélération de la croissance moyenne du trafic cargo conformément aux propos de son président exécutif Guillaume Faury. Lors des résultats du troisième trimestre, celui-ci avait indiqué que le marché du cargo aérien continuait de se maintenir largement au-dessus des niveaux d'avant la crise. Les projections du constructeur passent ainsi d'une hausse moyenne 3,6 % par an avant la crise, à 4% aujourd'hui. Cette croissance doit être principalement tirée par le fret express (+4,7 % par an), même s'il ne représente qu'un quart du marché face au cargo général (+2,7 % par an).

Selon Airbus, cela ne se traduira pas par une accélération de la demande pour autant. Il évalue ainsi la demande à 2.440 appareils sur vingt ans, soit une soixantaine d'appareils de moins qu'il y a deux ans. Une large majorité d'entre eux seront des conversions d'avions passagers en cargo. Airbus estime tout de même qu'il y aura un peu plus d'avions neufs (880) que ce qu'il prévoyait auparavant (850).

Pour Bob Lange, vice-président d'Airbus en charge de l'analyse commerciale et des prévisions de marché estime qu'il s'agit d'un simple ajustement et préfère insister sur la hausse du nombre d'avions neufs. Il estime également que la demande pour les appareils cargos (neufs et convertis) dépendra en grande partie de l'évolution des capacités d'emport en soute de la flotte passagers. Celles-ci vont varier en fonction du mix entre appareils monocouloirs et bicouloirs sur le segment médian, mais aussi de la reprise de la demande sur le segment des gros porteurs.

Pour accompagner cette croissance toujours soutenue malgré deux ans d'une crise sans précédent, Airbus estime qu'il faudra 550.000 nouveaux pilotes et 710.000 techniciens qualifiés dans les vingt prochaines années.

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Commentaires 8
à écrit le 14/11/2021 à 8:46
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Comme pour la pandémie, on peut faire confiance dans les chiffres mais pas dans leur interprétation! Sinon comment maintenir la confiance des "investisseurs"?

à écrit le 14/11/2021 à 6:00
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Ce que l’on ne sais pas à ce stade, c’est le type de moteur qui équiperons les avions dans 10 ans. L’hydrogène et l’électrique semblent compliqués à mettre au point, mais sait-on jamais…

à écrit le 13/11/2021 à 20:19
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Moi je m'en fout j'aime bien, les frites.

à écrit le 13/11/2021 à 19:01
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Finalement, après toutes ces agitations écolos chimeriques, on remet les pieds sur Terre.

le 14/11/2021 à 16:01
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Comme le dit le monsieur, "le "monde d'après" sera le monde d'avant"

le 15/11/2021 à 14:27
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J'aime votre humour. On remet les pieds sur terre avec des avions...

à écrit le 13/11/2021 à 18:28
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" le marché aura besoin de 39.000 avions neufs d'ici à 20 ans " ??? ... je croyais qu'il fallait réduire le trafic aérien ? ... qui génère beaucoup de CO2 ? ... que les voitures doivent passer à l'électrique ? ... mais pas les avions ... donc ? ... ...

le 14/11/2021 à 12:08
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"je croyais qu'il fallait réduire le trafic aérien ? ... qui génère beaucoup de CO2 ?" Pas tant que cela, revoyez les chiffres factuels.

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