Quantique : la mère de toutes les batailles technologiques pour la France

Les technologies quantiques ? Un intérêt stratégique et vital pour les armées et la France. La ministre des Armées Florence Parly participait au lancement d'une nouvelle plateforme nationale de calcul quantique installée au Très Grand Centre de Calcul du Commissariat à l'Énergie Atomique - direction des applications militaires
Michel Cabirol
Maquette du processeur quantique de Pasqal, prêt pour les centres HPC.
Maquette du processeur quantique de Pasqal, prêt pour les centres HPC. (Crédits : Pasqal)

Pour le ministère des Armées, la technologie quantique est "la mère" de toutes les ruptures technologiques. Elles "présentent un intérêt absolument stratégique pour la protection des Français", a confirmé mardi la ministre des Armées Florence Parly lors du lancement d'une nouvelle plateforme nationale de calcul quantique, qui sera "un laboratoire au profit de notre pays tout entier". Il est à noter que cette plateforme est installée dans un site militaire au Très Grand Centre de Calcul du Commissariat à l'Énergie Atomique - direction des applications militaires. En dépit de son importance, le ministère des Armée ne prévoit de consacrer que 50 millions d'euros pour développer les technologies quantiques sur la période de la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025.

Pourquoi cette technologie est-elle vitale et décisive pour les armées ? Car elle permet une capacité de calcul phénoménale, qui est un véritable atout par exemple pour poursuivre les travaux extrêmement sensibles menés dans le domaine de la dissuasion par la direction des applications militaires du Commissariat à l'Énergie Atomique (CEA). C'est aussi le cas dans les combats de demain et en matière de renseignement pour traiter très vite des milliards de données. Clairement cette nouvelle plateforme participe à la construction d'une filière quantique souveraine afin de garder un temps d'avance dans les conflits.

"La supériorité opérationnelle de nos armées, c'est-à-dire notre capacité à garder l'avantage sur le terrain, cela dépend étroitement de notre souveraineté technologique. C'est un virage à prendre", a affirmé Florence Parly.

Capteurs, communications et calculs quantiques

Les technologies quantiques ne sont pas une découverte pour le ministère. Cela fait de nombreuses années qu'il s'y intéresse de près et investit dans ce domaine. Pour des raisons de supériorité opérationnelles, ce ministère soutient régulièrement des projets de Recherche et Développement portés par des PME présentant des applications militaires comme des retombées pour le secteur civil. C'est le cas de la start-up bretonne Syrlinks ou de Muquans, spécialisées dans les capteurs quantiques. C'est d'ailleurs l'une des priorités du ministère, qui a lancé en 2020 un appel à projets baptisé Astrid sur les capteurs quantiques au profit de la défense, en partenariat notamment avec l'Agence nationale de la recherche (ANR). Outre les capteurs, cet appel à projet a permis de sélectionner quatre projets : interférométrie atomique, détection de champs micro-ondes, communications quantiques cryptées et évaluation des calculateurs quantiques.

Les capteurs quantiques vont améliorer considérablement les performances de détection des systèmes d'armes ou encore de pouvoir disposer de systèmes de navigation de très haute précision. "Concrètement, pour l'utilisateur, cela reviendrait à un GPS qui ne dépendrait plus des signaux en provenance des satellites. Un GPS capable de déterminer où nos bâtiments de la Marine nationale se trouvent, même sous la mer, même pendant des missions de très longue durée, et qui se repérerait non pas à l'aide des signaux envoyés par les satellites, mais en mesurant par exemple les infimes variations de la gravité terrestre", a expliqué Florence Parly.

Pour le ministère, les communications et la cryptographie quantique et post-quantique sont également au cœur de son attention afin de protéger, pendant plusieurs dizaines d'années, des données stockées ou échangées. "Les algorithmes de chiffrement utilisés aujourd'hui apportent un premier niveau de sécurité contre la menace que représenterait l'apparition d'un ordinateur quantique", a expliqué la ministre. Théoriquement, cet ordinateur serait capable de casser les algorithmes de cryptographie asymétrique les plus utilisés. Toutefois, selon Florence Parly, "pour l'instant, nul ne sait dire quand il existera, ni même s'il existera, mais nous sommes en ordre de bataille pour y faire face un jour". Enfin, le troisième domaine, considéré comme important par le ministère, est le calcul quantique. "Nous plaçons beaucoup d'espoirs dans ces technologies de calcul quantique. En théorie, elles devraient permettre de réaliser des calculs aujourd'hui inaccessibles pour des processeurs classiques", a estimé la ministre.

Pasqal et Quandela soutenues par les armées

Pasqal et Quandela, ces deux pépites françaises sont cajolées et poussées par le ministère des Armées. "Nous avons mis l'accent sur des domaines essentiels, je pense à l'intelligence artificielle, au quantique ou au soldat augmenté", a rappelé fin novembre la ministre des Armées au Forum Innovation Défense. Doté de 200 millions d'euros, le Fonds innovation défense (FID), notamment dédié au développement des technologies duales et transversales, comme le quantique, a ainsi investi dans le capital de ces deux start-up. Dans ce cadre, Pasqal, qui a noué un partenariat avec le missilier MBDA en novembre puis en décembre avec Thales, Genci et la région Ile-de-France, a réussi à lever en juin dernier 25 millions d'euros tandis que Quandela, leader de la photonique quantique, qui projette de mettre en ligne son premier ordinateur quantique en 2022, a obtenu mi-novembre 15 millions d'euros.

Clairement, le besoin de financement des start-ups et PME françaises pouvant proposer des applications pour la défense ne doit pas être un problème, estime le ministère. Au-delà de ces deux pépites, il souhaite constituer une filière industrielle quantique française capable de se positionner au niveau mondial pour en exploiter tout le potentiel et la diversité. "Pour cela, a expliqué Florence Parly, nous avons besoin de fédérer une communauté du quantique : une communauté de start-ups, de grands groupes, de scientifiques et de chercheurs pour s'approprier ces nouvelles capacités, pour en tester les limites dans leurs domaines d'intérêt respectifs".

Michel Cabirol

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Commentaires 5
à écrit le 03/03/2022 à 14:14
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super ne laissons pas partir vers des pays pas agréables même soit disant "ami"ref alstom

à écrit le 07/01/2022 à 8:47
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Certe y a eu capitalisme mais faut prendre plus de recule pour y voir plus clair , les entreprises contrôle le commerces les gouvernant dictés les lois et les banques crée l'inflation pour plus de profil dans la recherche

à écrit le 04/01/2022 à 17:48
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Le capitaliste dans sa recherche de plus-value et de profit devient de plus en plus efficace et productif et la valeur de ce qu’il produit – valeur travail, bien sûr – s’érode sans cesse. La concurrence se charge d’imposer le progrès au capitaliste. ...

le 04/01/2022 à 19:54
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exactement, l'etat n'est qu'un sale capitaliste qui exploite les gens a son pur profit pour defendre les interets categoriels de nuisibles ( dans les entreprises publiques qui prennent les voyageurs en otage a noel, par exemple).......staline, qui et...

à écrit le 04/01/2022 à 17:21
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Surtout que l'on voit mal générer une IA sans le doute que seul les calculs quantiques peuvent intégrer dans leurs calculs, s'en servir pour de simples calcules c'est comme chasser le moustique au lance flammes. Au sein d'un monde détenu par des gens...

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