Renault Trucks Defense : une visite de Le Drian, deux contrats annoncés, 800 millions engrangés

Le ministère de la Défense a sélectionné Renault Trucks Defense pour un contrat de plus de 500 millions d'euros pour la fourniture de 3.700 véhicules légers tactiques polyvalents. Le Koweït s'offre 300 véhicules blindés Sherpa pour 270 millions.
Jean-Yves Le Drian a annoncé en dix minutes 800 millions de prises de commandes pour Renault Trucks Defense, qui a réalisé 500 millions d'euros de chiffre d'affaires, dont la moitié à l'export, en 2015.

Pour Renault Trucks Defense (RTD), ce jeudi c'était Noël... avant l'heure. En déplacement sur le site de Fourchambault dans la Nièvre, le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian a annoncé avoir choisi à l'issue d'une compétition RTD pour la fourniture de 3.700 véhicules légers tactiques polyvalents (VLTP-NP). Le montant de l'ensemble des tranches du contrat est évalué, selon une source proche du dossier, à "plus de 500 millions d'euros" en intégrant le soutien.

Dans la foulée, Jean-Yves Le Drian a dévoilé la volonté du Koweït d'acquérir 300 véhicules blindés Sherpa pour un montant de près de 270 millions d'euros. Soit 800 millions de prises de commandes annoncées par le ministre en dix minutes pour un groupe qui a réalisé 500 millions d'euros de chiffre d'affaires, dont la moitié à l'export, en 2015.

"Puisqu'une bonne nouvelle ne vient jamais seule, je voudrais vous dire qu'au cours de mon déplacement au Koweït au mois d'août dernier, j'ai pu évoquer avec mon homologue le contrat pour la livraison de 300 véhicules Sherpa, d'un montant de près de 270 millions d'euros, a expliqué le ministre. Vous étiez dans l'attente d'une confirmation, cela m'a été confirmé par le ministre lui-même avant hier par téléphone. Vous n'avez plus qu'à signer le contrat".

Pression sur Volvo

Pour Volvo, qui a annoncé son intention de céder RTD, c'est évidemment tout benef. Car cela valorise sa filiale auprès d'éventuels acquéreurs. Mais le groupe suédois peut y voir également la force de l'Etat français à peser sur le processus de vente. D'autant que RTD a fourni depuis sa création 25.000 véhicules à l'armée de Terre, dont les fameux VAB (près de 4.000). Et ce cera bien le cas même si au ministère, on souhaite y mettre les formes. Mais pour Paris, le choix est fait : RTD doit rejoindre l'orbite du nouveau groupe franco-allemand KNDS (KMW Nexter Defense Systems).

D'autant que KNDS est très complémentaire de RTD, estime-t-on de source proche du dossier, en termes de portefeuille produits. En outre, les deux groupes travaillent en partenariat sur le programme clé de l'armée de Terre, Scorpion. "S'ils se rapprochaient, ils pourraient aussi mutualiser leurs forces commerciales et leurs sous-traitants", explique-t-on.

Le ministre n'a évidemment pas cité de repreneurs mais il a à nouveau dit qu'il serait "extrêmement vigilant pour que le processus de décision qui va se dérouler prenne bien en considération l'avenir de RTD". Et de rajouter qu'il y avait "une volonté du gouvernement et de moi-même de faire en sorte que cet outil stratégique demeure sous maîtrise car c'est un élément majeur de notre souveraineté". Voilà tout est dit sans le dire. Et surtout dans les formes.

Tout au long du processus de vente, Volvo va donc sentir le souffle de l'Etat français dans son dos. Le gouvernement fera tout pour décourager un repreneur indésirable (des fonds financiers, Rheinmetall...). Il pourrait aller même jusqu'à casser un contrat clé comme Scorpion (environ 2 milliards d'euros) déjà attribué à RTD. De façon plus pragmatique, la France est prête à brandir tout l'arsenal réglementaire (dont notamment le fameux décret dit Montebourg pour les activités considérées comme stratégiques) pour empêcher une opération qui ne lui convient pas. "Vous pouvez être rassurés, RTD a un bel avenir devant lui !", a lancé le ministre en s'adressant aux salariés de RTD.

RTD remporte le marché VLTP-NP

En attendant Volvo peut se frotter les mains. En lice pour le remplacement du parc de véhicules légers des armées, le programme de véhicules légers de transport de personnes non protégés (VLTP NP), sa filiale RTD, qui a dévoilé jeudi son nouveau véhicule, est sortie vainqueur de la compétition. Ce marché "vise à renouveler rapidement un parc de véhicules légers hétérogène en fin de vie, dont notamment les P4 (entrés en service en 1983,ndr), indispensable à la capacité opérationnelle de nos forces et à l'opération Sentinelle", a expliqué Jean-Yves Le Drian. Dans l'urgence en 2015, la France avait déjà commandé 500 4X4 à Ford Ranger sur étagère.

Les 3.700 véhicules seront fabriqués sur le site de Saint-Nazaire par la marque Acmat sur une durée de plus de quatre ans, a précisé RTD dans un communiqué. Le constructeur de blindés légers va militariser une base de véhicule civil Ford de type SUV (durcissement du châssis et des suspensions en particulier) de type Station Wagon, sur laquelle il procédera à l'intégration des éléments opérationnels. La livraison des premiers véhicules est prévue en 2017. RTD en livrera 500 dès l'année prochaine, puis 1.000 en 2018. Le véhicule de 150 CV pèse 3,5 tonnes et a une capacité d'emport de 900 kg. La maîtrise technique et le soutien seront assurés par RTD.

Enfin, le Koweït reste un bon client de RTD. Après avoir signé un contrat pour 120 Sherpa Scout avec la garde nationale koweïtienne en 2015, l'émirat a renouvelé sa confiance auprès de RTD en acquérant à nouveau 300 Sherpa. RTD était également en position pour vendre son célèbre VAB Mark 3 au Koweït.

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Commentaire 1
à écrit le 10/12/2016 à 12:33
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La Défense a rapporté à notre pays, 55 milliards en exportations cette année, cela mérite bien un petite efforts d'équipements terrestre.... Car l'armée de terre a des matériels souvent en fin de vie , blindée léger qui on 35 ans, VLTT P4 deja 25 ans...

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