![Construite il y a une trentaine d’années, l’usine de Villebarou est devenue surdimensionnée par rapport aux volumes vendus de chocolat Poulain.](https://static.latribune.fr/full_width/2386549/poulain-a-blois.jpg)
Un mauvais coup pour Blois et son agglomération qui a vu naître la chocolaterie Poulain en 1848. Son propriétaire actuel, le groupe français agro-alimentaire Carambar & co, a convoqué pour le 13 juin le Comité Social et Economique (CSE) de l'usine Poulain de Villebarou située à proximité de la préfecture du Loir-et-Cher. A l'ordre du jour, l'annonce de l'arrêt du site en fin d'année et la mise en place d'un plan de sauvegarde de l'emploi pour les 110 salariés concernés.
Deux phénomènes ont poussé Carambar & co à prendre cette décision. D'une part, le surdimensionnement de l'outil industriel et les coûts associés. Avec une capacité annuelle de fabrication de 120 000 tonnes, la production n'a pas dépassé 25 000 tonnes en 2023. En cause la baisse de la consommation de chocolat en tablettes et en poudre, les deux spécialités de l'usine blésoise, et surtout l'environnement concurrentiel. Ainsi, face à des majors comme l'américain Mondelez (Côte d'or, Milka,etc), son ancien propriétaire, et le suisse Nestlé, Poulain n'a représenté que 4% de la consommation française de chocolat l'année dernière. La forte hausse du cours de la fève de cacao, qui a atteint 8 000 à 10 000 euros en mars dernier, en raison de récoltes catastrophiques en Afrique, est venue d'autre part amoindrir la profitabilité du site blésois.
Les doutes du maire de Blois, Marc Gricourt
Détenu depuis 2017 par le fonds d'investissement Eurazeo, Carambar & co possède parallèlement le chocolat Suchard ainsi que les marques de confiseries Carambar, Krema, La Pie qui chante et Lutti notamment. Son PDG, Marc Auclair, avait informé de sa décision en février dernier Marc Gricout, maire de Blois et vice-président d'Agglopolys, la communauté de communes du Blésois. Selon le dirigeant, une recherche active de repreneur pour l'usine auprès de 70 entreprises agro-alimentaires s'est soldée par un échec. Aujourd'hui, l'élu socialiste affirme son amertume face à cette annonce de fermeture. « Je ne suis pas convaincu que toutes les solutions possibles de reprise aient réellement été étudiées, y compris sous la forme d'une coopérative, regrette Marc Grécout. Par ailleurs, le calendrier de recherche devait se poursuivre jusqu'à fin juillet et nous ne sommes que début juin ».
Une fois l'arrêt de l'usine de Villebarou acté, le groupe rapatriera la production de Poulain sur l'un de ses quatre autres sites français, situés à Vichy, à Saint Genest dans l'Allier, à Strasbourg et à Bondues dans les Hauts-de-France. Un processus, qui s'il va à son terme, signerait la fin d'une liaison industrielle de près de 180 ans entre l'une des marques françaises les plus emblématiques et le Loir-et-Cher. Les élus concernés du Centre-Val de Loire, François Bonneau, président de la région, en tête, réclament au moins désormais de Carambar & co qu'il ne vende pas son site industriel moderne à la découpe, mais au contraire à un seul acteur solide.
Sujets les + commentés