Plastics Vallée : la PME jurassienne Hebert mise sur un emballage carton innovant et recyclable

REPORTAGE - C’est une petite révolution dans la « Plastics Vallée ». Situé à Orgelet, dans le Haut-Jura, le groupe Hebert, pionnier de l’injection plastique, investit dans une nouvelle technologie unique au monde, la pulpe sèche, pour fabriquer des emballages en carton.
Les représentants représentants de la quatrième génération aux commandes du groupe avec Marie-Guite Dufay, présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté devant la première machine fonctionnant avec la technologie pulpe sèche développée par la start-up suédois : Pulpac.
Les représentants représentants de la quatrième génération aux commandes du groupe avec Marie-Guite Dufay, présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté devant la première machine fonctionnant avec la technologie pulpe sèche développée par la start-up suédois : Pulpac. (Crédits : AMANDINE IBLED)

Au fin fond du Jura prospère la première zone industrielle d'Europe de la plasturgie : « la Plastics Vallée ». 660 PME y sont implantées pour un chiffre d'affaires de plus de 20 milliards d'euros. Le groupe Hebert se distingue parmi toutes ces entreprises car il dispose d'un seul site de production étendu sur 85.000 m2 et qui emploie plus de 200 personnes. « La plupart de nos concurrents sont répartis sur différentes petites unités qui dépassent rarement plus de 50 personnes », souligne Julien Hebert, directeur technique et commercial du groupe éponyme. L'entreprise familiale a fait le choix de rester à Orgelet, « une position stratégique pour desservir nos clients partout en Europe », poursuit le chef d'entreprise. Aujourd'hui, le plastique a de moins en moins la côte auprès des consommateurs et les réglementations se durcissent. « L'industrie de l'emballage entre dans une nouvelle ère et se dirige vers des produits recyclables. »

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Une innovation suédoise

Le groupe Hebert a choisi de faire un premier pas dans le carton en se lançant dans une technologie de rupture : la pulpe sèche. « C'est un risque industriel que nous prenons à investir dans cette nouvelle machine », reconnait Mathieu Hebert, directeur des opérations de l'entreprise éponyme. « Toutefois, le vrai risque serait de s'obstiner à faire du plastique alors que le marché s'oriente vers des solutions papier et carton », poursuit-il.

Ce procédé innovant a été inventé par Pulpac, qui a combiné trois technologies différentes. Basé à Göteborg, en Suède, la startup a été fondée en 2018. Ses ingénieurs ont inventé la technologie « Dry Molded Fiber » de moulage à sec de la cellulose, pour produire des emballages alternatifs aux produits en plastique à usage unique. Ainsi, contrairement à la pulpe humide - technique qui existe depuis de nombreuses années pour fabriquer notamment les boites d'œufs et qui consomme beaucoup d'eau - la pulpe sèche est un procédé sobre en énergie. « Ce sont des bobines de papier, que l'on va défibrer, et ensuite presser, en utilisant principalement de l'air », résume Mathieu Hebert.

Les bobines de papier à base de pin finlandais

Les bobines de papier à base de pin finlandais

Les bobines de papier sont défibrées

Les bobines de papier sont défibrées.

Une solution compétitive

« Le procédé Dry Molded Fiber de Pulpac nous permet de rester sur le moulage, qui est notre métier principal, et constitue une solution réellement compétitive », souligne Julien Hebert. « En consommation énergétique, les résultats sont mêmes meilleurs que sur des pièces plastiques », complète Mathieu Hebert. Par ailleurs, la matière première n'est autre que du pin finlandais. Le groupe Hebert est la seule entreprise au monde à avoir le droit d'exploiter la licence de cette innovation. « Une autre entreprise grecque qui fabrique des couvercles pour les boissons, type Starbucks, pour le marché de la restauration rapide était fortement intéressée par le potentiel de la pulpe sèche », indique Mathieu Hebert, l'un des représentants de la quatrième génération aux commandes du groupe. « Toutefois, ce n'est pas un concurrent direct car nous ne sommes pas sur les mêmes marchés », poursuit-il.

Sept millions d'euros pour accueillir la pulpe sèche

Depuis 1935, le groupe Hebert - qui a réalisé un chiffre d'affaires de 55 millions d'euros en 2023 avec 200 salariés - est présent sur le marché de l'agroalimentaire. Ses clients principaux sont entre autres : Lactalis, Bel, Savencia, Unilever, Danone, Bonduelle, etc. et dernièrement dans la cosmétique Johnson & Johnson. Pour porter la technologie de la pulpe sèche à l'échelle industrielle, l'entreprise jurassienne a investi sept millions d'euros dans la construction d'un nouveau bâtiment, inauguré fin 2023, qui sera entièrement dédié à cette nouvelle activité, complémentaire à l'activité historique de l'entreprise, la plasturgie.

Vue de côté de la machine à pulpe sèche

Vue de côté de la machine à pulpe sèche

Plusieurs étapes avant d'étendre le procédé

La technologie développée par la startup suédoise a été éprouvée. Toutefois, le process reste encore limité techniquement en termes de hauteur des pièces (maximum 15 millimètres). « Nous allons commencer par des pièces très faciles à faire, tels que des plateaux et des couverts », confie Julien Hebert. « Mais au fur et à mesure que nous allons dompter la technologie, nous pourrons fiabiliser le process et obtenir des pièces plus importantes tels que des couvercles de margarine ou de beurre », poursuit-il. Les prochaines étapes permettront, par exemple, de rajouter la technologie de l'In-Mold-Labelling ou étiquetage dans le moule, déjà présente sur les produits en plastique fabriqués par Hebert. Grâce à cette technologie, les produits ainsi que les étiquettes sont réalisés avec les mêmes matériaux ce qui leur permet d'être entièrement recyclés.

Cette diversification d'activité a permis à la PME jurassienne d'attirer également de nouveaux clients. « Avec cet outil, nous avons suscité l'intérêt d'entreprises internationales qui, à la base nous ont passé commande pour un produit en pulpe sèche et ensuite nous ont également demandé des études sur la plasturgie », se réjouit Mathieu Hebert.

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