Le business du papier-carton cartonne avec le boom du e-commerce et l'abandon des emballages plastiques

La consommation et la production de papiers et cartons ont progressé de 5% et 7% en 2021 en France. Une augmentation liée à l'abandon des emballages plastiques ainsi qu'à l'explosion des livraisons à domicile. La hausse devrait se poursuivre sur toute la décennie d'après l'industrie papetière, qui reste néanmoins prudente en raison des incertitudes qui planent sur ce secteur, notamment par rapport à la flambée des coûts de l'énergie.
Cette augmentation de la production de papiers et cartons en France en 2021 s’est inscrit dans un contexte de production industrielle en progression par rapport à 2020.
Cette augmentation de la production de papiers et cartons en France en 2021 s’est inscrit dans un contexte de production industrielle en progression par rapport à 2020. (Crédits : DR)

Un bond de 25% de chiffre d'affaires en 2021 par rapport à 2020. C'est ce qu'a dévoilé mercredi l'union française des industries des cartons, papiers et cellulose (Copacel). Soit un montant de 5,9 milliards d'euros pour ce secteur qui représente, en France, 82 usines employant plus de 10.500 salariés. En volume, la production a augmenté de 7% à 7,4 millions de tonnes, effaçant ainsi le creux de production lié à la crise sanitaire en 2020 (-6,1%) et dépassant même légèrement le niveau de 2019 (+ 0,4%).

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Ce rebond a concerné aussi bien l'emballage (+9,7%) que le papier graphique (+8,7%) utilisé pour l'impression de livres ou de journaux. Mais, après la quasi-stabilité (-0,4%) du premier et la chute considérable de la production du deuxième (-26,7%) en 2020, la hausse des volumes en 2021 n'a pas suffi à endiguer la tendance de fond de fermeture des usines destinées aux papiers journaux, a indiqué la Copacel.

Victime aussi bien de la digitalisation du monde que des fermetures d'usines, le papier destiné aux usages graphiques ne représentait en 2021 plus que 17,7% de l'ensemble de la production de papier en France, contre 45% en 2001. Alors que l'emballage sort grand gagnant de la crise du Covid avec 66% du total des papiers produits, contre 45% en 2001.

Les papiers d'hygiène ont aussi progressé à 11% contre 6,2% en 2001.

Cette augmentation de la production de papiers et cartons en France en 2021 s' inscrit dans un contexte de production industrielle en progression par rapport à 2020. Néanmoins, le niveau est resté inférieur à celui d'avant la crise sanitaire. Alors que l'indice de la production industrielle était de 104,7 en 2019, et de 92,5 en 2020 (la valeur de 100 correspondant à la moyenne 2015), il s'est établi à 98,1 en 2021.

5e producteur de papiers et cartons d'Europe

L'évolution de la production française de papiers et cartons se situe légèrement au-dessus de la moyenne européenne (+5,8 % en 2021 par rapport à 2020). Néanmoins, sur une période de 10 ans, le décrochage de l'industrie papetière française est plus important par rapport à d'autres pays européens. Ainsi, en comparaison de 2010 (indice 100), l'indice de production de 2021 est de 83 pour la France, alors qu'il est de 100 pour l'Allemagne et de 107 pour l'Espagne.

Au niveau européen, la France se positionne en 2021 à la 5e place pour ce qui est de sa production de papiers et cartons, avec 8% de la production totale. Devant elle se trouvent l'Allemagne (26%), la Suède (10%), l'Italie (11%) et la Finlande (9%). Pour comparaison, l'Hexagone était au quatrième rang en 2001, avec 11% de la production européenne.

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Un marché boosté par le e-commerce et l'abandon du plastique

L'année 2021 a connu une hausse de la consommation apparente en France des papiers et cartons : 8,4 millions de tonnes, soit 5% de plus qu'en 2020. Avec la reprise économique, la « poursuite du développement du commerce en ligne » et la « substitution du plastique dans les emballages » ont été les moteurs de cette reprise du papier-carton en 2021, a détaillé Paul-Antoine Lacour, délégué général de Copacel lors d'un point presse à Paris.

Et cela devrait se poursuivre. Dans sa feuille de route, l'industrie papetière dresse l'hypothèse d'une croissance de la production de papiers et cartons de 1,8% par an en France entre 2020 et 2030. Elle passerait ainsi de 6,9 millions de tonnes en 2020 à 8,2 en 2030 (hors pâte marchande). Si la production de papiers graphiques devrait diminuer de 19%, toutes les autres devraient progresser : +29% pour les papiers d'emballage et de conditionnement, +18% pour les papiers d'hygiène et +35% pour les papiers spéciaux.

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Des incertitudes pour l'avenir, notamment en raison du coût de l'énergie

Néanmoins, comme le précise la Copacel, « en dépit de ces éléments favorables, les perspectives pour 2022 doivent être dressées avec beaucoup de prudence, en raison des incertitudes nombreuses planant sur l'économie », faisant référence notamment au coût de l'énergie, qui a flambé bien avant la guerre en Ukraine et qui est depuis exacerbé par le conflit.

De façon générale, les poussées inflationnistes concernant les matières premières et l'énergie apparues en 2021 n'ont pas épargné l'industrie papetière. Les augmentations tarifaires pour les matières premières, les équipements et les consommables se sont généralement combinées avec des « allongements significatifs des délais de livraison » de certains types de produits papetiers.

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Comme pour la plupart des matières premières en 2021, les cours des papiers et cartons à recycler ont flambé (+160% sur l'année pour les cartons ondulés récupérés en 2021 par rapport à 2020), ainsi que ceux du bois.

La Copacel indique cependant que l'industrie papetière ne subit pas de conséquences directes du conflit russo-ukrainien. Les exportations de papiers et cartons sont très faibles (et quasiment nulles pour la pâte), et aucune matière première ne provient directement de Russie ou d'Ukraine.

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(Avec AFP)

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