Revenus des agriculteurs : ces éleveurs bio qui contrôlent la fixation des prix du lait

La colère des agriculteurs a permis de remettre sur le devant de la scène la détresse agricole dont la cause principale est le manque de revenus. La rémunération au juste prix, en remettant la valeur sur la ferme, c’est justement ce qui anime Invitation à la Ferme, un réseau national d’éleveurs laitiers bio et indépendants né en Loire-Atlantique il y a neuf ans. Ayant le contrôle sur la fixation des prix, les adhérents sont ainsi moins dépendants des laiteries.
Éleveur laitier en Loire-Atlantique, Jean-Michel Péard est à l'initiave du réseau Invitation à la ferme.
Éleveur laitier en Loire-Atlantique, Jean-Michel Péard est à l'initiave du réseau Invitation à la ferme. (Crédits : Invitation à la ferme)

Le Salon de l'Agriculture s'est ouvert ce samedi 24 février sur fond de revendications pour des revenus plus justes. Une rémunération équitable des agriculteurs, offrant autonomie dans la fixation des prix et valorisation des produits de qualité. C'est justement la raison d'être du réseau Invitation à la Ferme.

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Remettre la valeur ajoutée sur la ferme

L'idée de ce réseau national a germé en 2005 dans la tête de Jean-Michel Péard. Ce fils d'agriculteurs, qui a repris la ferme familiale en 2006 à Blain (Loire-Atlantique) avec son frère, raconte :

« Mes parents, éleveurs laitiers, vendaient la totalité de leur production à une coopérative, sans savoir combien ils seraient payés à la fin du mois. C'est une logique atypique », dixit celui qui a fait une école de commerce.

D'où l'envie de remettre la valeur ajoutée sur la ferme, en réalisant la transformation laitière et en ayant le contrôle sur la fixation des prix. « Si on voulait le faire et bien, il fallait mutualiser, avoir une marque, des recettes communes, faire des achats en commun. »

En 2015, le réseau voit alors le jour sous l'impulsion de cet éleveur accompagné par deux autres producteurs laitiers de l'Ouest : Yves Simon de la ferme du Ptit gallo (Ille-et-Vilaine) et René Bigot de la ferme de la futaie (Vendée). Aujourd'hui, ce réseau d'agriculteurs regroupe 44 fermes 100% en bio (soit 260 paysans et salariés) réparties dans toute la France (Pays Basque, Rhône-Alpes, Nord, Meuse...), principalement dans l'Ouest qui abrite de nombreux élevages. Tous les adhérents sont producteurs de lait (vache, chèvre, brebis), collaborent de la production à la commercialisation de leurs produits en passant par la transformation.

Pour faire partie de ce réseau d'indépendants, il y a quelques conditions requises. « Les adhérents respectent un cahier des charges : être en bio ou être prêt à s'engager. Les fermes en conversion nous rejoignent alors sous la marque Les Petits Fermiers sans label AB. » Il y a d'autres critères.

« Il n'y a pas de robots de traite dans les fermes. Pour l'alimentation des vaches, nous priorisons au maximum le pâturage et garantissons plus de 70% d'herbe dans la ration. Les vaches doivent être au minimum 7 mois par an dans les champs... »

Leur produits laitiers (yaourt, fromage, crème dessert, glace...) sont quant à eux vendus en circuits courts sous la marque ombrelle « Invitation à la Ferme » dans plus de 2.000 points de vente, « majoritairement à moins de 80 kilomètres des fermes ».

Pour une agriculture plus juste

« Chez Invitation à la ferme, ce sont les éleveurs qui fixent eux même le prix du litre de lait et celui de leurs produits, en fonction de leur prix de revient et pour une juste rémunération », poursuit-il. Ce prix est fixé lors de l'un des quatre « conseils de ferme », en septembre, auxquels participent les éleveurs membres du réseau.

Pour cette année, le prix d'auto-cession du lait a été fixé à 580 euros par 1.000 litres de lait (stable comparé à 2023). Soit 25% plus élevé comparé au prix estimé en collecte pour 2024. « Un tiers de ma production (sur 500.000 litres au total) est vendue à la coopérative Biolait entre 440 euros et 450 euros les 1.000 litres », compare Jean-Michel Pérard selon qui ce modèle permet des revenus « corrects ». Il ajoute : « pour valider ce modèle et faire en sorte que ce soit rentable, nous nous basons sur un revenu mensuel de 2.000 euros nets par paysan ».

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Ce réseau permet aussi aux éleveurs du réseau de mutualiser leurs achats d'emballage et d'ingrédients. « Ce qui permet de diminuer les coût de revient des produits, entre 20% et 30%, ce qui n'est pas neutre. » Les bénéfices du réseau ne sont pas que économiques pour les agriculteurs, mais aussi sociaux puisqu'il a permis de créer « plus de 160 postes » depuis 2015, selon l'éleveur ligérien qui emploie quant à lui 10 personnes.

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Commentaires 25
à écrit le 27/02/2024 à 16:07
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@dossier51 : le UHT n'est au fond rien de plus qu'une pasteurisation plus brutale et nous somme d'accord, elle dégrade le lait, mais permet en contrepartie de le conserver 3 mois sans nécessiter le maintien de la chaine du froid, n'en jetez plus!

à écrit le 26/02/2024 à 18:56
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La colère anime les paysans dans l' ensemble de l' UE. Ce soir, Bruxelles est en état de siège, les paysans belges occupent Bruxelles et les ministres européens de l’Agriculture qui s’étaient réuni pour un sommet sont actuellement barricadés au...

à écrit le 26/02/2024 à 18:49
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Le lait...Le lait...faudrait pas oublier le Pastis non plus🤣

à écrit le 26/02/2024 à 18:30
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que les agriculteurs au lieu d être isolés dans leur coin s' unissent et se mettent en coopérative unique en France pour concurrencer Mr Besnier dont le beurre est importé à 40%..on ne sait d ou puisque sa société refuse de le dire...défiscalise.. ...

à écrit le 26/02/2024 à 18:26
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que les agriculteurs au lieu d etre isolés dans leur coin s' unissent et se mettent en coopérative unique en France pour concurrencer mr Besnier dont le beurre est importé à 40%..on ne sait d ou puisque sa société refuse de le dire...defiscalise..a...

à écrit le 26/02/2024 à 18:14
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Bah, je trouve que le débat manque de hauteur. Plein de commerçants ne se paient même pas un smic. C'est plutot la chaine de valeur et la répartition qu'il faut revoir, mais bienvenue dans un monde libéral, n'est ce pas ? Et que dire des céréaliers (...

à écrit le 26/02/2024 à 13:58
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La coopérative cant avey lot qui réunit 30 producteurs de lait rémunère à 0.55 centimes d'euros du litre alors que la moyenne nationale est 0.45 centimes . Si les uns arrivent à le faire pourquoi tous ne le fond pas ?

le 26/02/2024 à 18:04
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@Idx : peut-être que cette coopérative précise jouit d'une cohésion de groupe digne d'un syndicat de conducteurs de train et ailleurs, ce sera la bagarre pour le plus grand profit des services achat de l'industrie agro-alimentaire... Et ça renvoie à ...

à écrit le 26/02/2024 à 13:55
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Rappelons tout de même que la plupart des agriculteurs sont organisés en coopératives, et la raison en est: mieux acheter leurs produits (intrants), et mieux vendre leurs productions.. Je crois qu’il y a peu de secteurs où l’on tolère de telles oligo...

le 26/02/2024 à 21:35
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@BH on le tolère car la collecte est un travail de fourmi dont les industriels n'ont pas envie de s'occuper

à écrit le 26/02/2024 à 13:27
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Les filière BIO en agriculture traversent une très mauvaise passe ! le secteur laitier ne fait pas exception. politique libérale sans priorité nationale a éclairée le salon

à écrit le 26/02/2024 à 12:31
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on ne garde le controle que quand on a un avantage particulier ( c'est la modele de baumol), ou qu'on integre la filiere verticalement, ce qui demande bcp de capital capitaliste qui exploite les misereux, comme on dit.....s'ils commencent a comprendr...

le 26/02/2024 à 12:47
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lachete et hypocrisie des dirigeants europeen et surtout des commissaire de l'europe toute l'europe agricole est en crise et ces gens voudrais mettre des rustines alord qu'il faut tout revoir. et surtout ejecter ceux qui ont creer le desordre ces...

à écrit le 26/02/2024 à 12:24
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Le lait de vache, même de la meilleure qualité, est déconseillé après cinquante ans. Arrêtez de vouloir "soutenir" cette filière, ça n'a aucun sens sur le plan sanitaire

le 26/02/2024 à 14:01
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Charlie ignore donc que le lait sert à faire du fromage , du beurre , des yaourts etc... et ignore que le lait de soja meilleur pour la santé des plus de 50 ans nourrit surtout Monsanto !!!

le 26/02/2024 à 20:35
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ldx : Le fromage, le beurre et le yaourt sont aussi a deconseiller apres cinquante ans, tous les produits laitiers, en fait

le 26/02/2024 à 20:59
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Faux il est recommandé de boire du lait sous une forme ou une autre qui contient du calcium et renforce les os , posez la question à votre médecin

à écrit le 26/02/2024 à 11:51
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Ok mais ont-ils le contrôle de la qualité de leur lait !? Car s'il est encore soumis aux délires chimicos-européistes ça sert pas à grand chose pour le client, dont je fais parti, ce lait infâme imposé dans toute l'UE est d'abord et avant tout à reje...

le 26/02/2024 à 12:07
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La qualité dépend de ce que les vaches mangent (donc varie selon la saison, herbe verte ou à l'étable, ça se voit sur le beurre, la couleur change) et les vaches elles-même, même si Lacta* a réussi à faire annuler une idée demandant à marquer sur les...

le 26/02/2024 à 13:05
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En France, il y a un le label AB dont le cahier des charges est strict.

le 26/02/2024 à 13:15
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En fait, en résumé, le bio, c'est des bobos des champs produisant pour les bobos des villes, l'agro-business de la FNSEA, c'est la droite classique et la coordination rurale, ce sont des petits exploitants n'ayant pour eux que le protectionnisme ou b...

le 26/02/2024 à 14:08
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Au prix de base la laiterie applique des plus et des moins en fonction de 3 critères qui déterminent la qualité le taux de matière azotée , le taux de matières grasses et le taux de bactéries .La rémunération de l'exploitant dépend donc du soin ap...

le 26/02/2024 à 14:54
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Je parle de la norme chimique UHT qui a retiré tout son goût au lait non mais vous le faites exprès ou quoi !?

le 26/02/2024 à 21:51
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@dossier51 : justement, un lait de piètre qualité devra être chauffé plus longtemps, ce qui coûte plus cher et dégradera encore plus les qualités du lait qui sera déduit à un quasi état de flotte de couleur blanche...

le 27/02/2024 à 8:33
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Et c'est bien ce que l'on boit, de la flotte blanche. Mais Lactalis a donné du fric ici pour que je me retrouve avec tout ces post it ou quoi ? Vous savez que l'eau chaude est chaude encore ou bien cela dépendent de ce que l'on vous dit ? Pénible ce ...

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