Le Salon de l'Agriculture s'est ouvert ce samedi 24 février sur fond de revendications pour des revenus plus justes. Une rémunération équitable des agriculteurs, offrant autonomie dans la fixation des prix et valorisation des produits de qualité. C'est justement la raison d'être du réseau Invitation à la Ferme.
Remettre la valeur ajoutée sur la ferme
L'idée de ce réseau national a germé en 2005 dans la tête de Jean-Michel Péard. Ce fils d'agriculteurs, qui a repris la ferme familiale en 2006 à Blain (Loire-Atlantique) avec son frère, raconte :
« Mes parents, éleveurs laitiers, vendaient la totalité de leur production à une coopérative, sans savoir combien ils seraient payés à la fin du mois. C'est une logique atypique », dixit celui qui a fait une école de commerce.
D'où l'envie de remettre la valeur ajoutée sur la ferme, en réalisant la transformation laitière et en ayant le contrôle sur la fixation des prix. « Si on voulait le faire et bien, il fallait mutualiser, avoir une marque, des recettes communes, faire des achats en commun. »
En 2015, le réseau voit alors le jour sous l'impulsion de cet éleveur accompagné par deux autres producteurs laitiers de l'Ouest : Yves Simon de la ferme du Ptit gallo (Ille-et-Vilaine) et René Bigot de la ferme de la futaie (Vendée). Aujourd'hui, ce réseau d'agriculteurs regroupe 44 fermes 100% en bio (soit 260 paysans et salariés) réparties dans toute la France (Pays Basque, Rhône-Alpes, Nord, Meuse...), principalement dans l'Ouest qui abrite de nombreux élevages. Tous les adhérents sont producteurs de lait (vache, chèvre, brebis), collaborent de la production à la commercialisation de leurs produits en passant par la transformation.
Pour faire partie de ce réseau d'indépendants, il y a quelques conditions requises. « Les adhérents respectent un cahier des charges : être en bio ou être prêt à s'engager. Les fermes en conversion nous rejoignent alors sous la marque Les Petits Fermiers sans label AB. » Il y a d'autres critères.
« Il n'y a pas de robots de traite dans les fermes. Pour l'alimentation des vaches, nous priorisons au maximum le pâturage et garantissons plus de 70% d'herbe dans la ration. Les vaches doivent être au minimum 7 mois par an dans les champs... »
Leur produits laitiers (yaourt, fromage, crème dessert, glace...) sont quant à eux vendus en circuits courts sous la marque ombrelle « Invitation à la Ferme » dans plus de 2.000 points de vente, « majoritairement à moins de 80 kilomètres des fermes ».
Pour une agriculture plus juste
« Chez Invitation à la ferme, ce sont les éleveurs qui fixent eux même le prix du litre de lait et celui de leurs produits, en fonction de leur prix de revient et pour une juste rémunération », poursuit-il. Ce prix est fixé lors de l'un des quatre « conseils de ferme », en septembre, auxquels participent les éleveurs membres du réseau.
Pour cette année, le prix d'auto-cession du lait a été fixé à 580 euros par 1.000 litres de lait (stable comparé à 2023). Soit 25% plus élevé comparé au prix estimé en collecte pour 2024. « Un tiers de ma production (sur 500.000 litres au total) est vendue à la coopérative Biolait entre 440 euros et 450 euros les 1.000 litres », compare Jean-Michel Pérard selon qui ce modèle permet des revenus « corrects ». Il ajoute : « pour valider ce modèle et faire en sorte que ce soit rentable, nous nous basons sur un revenu mensuel de 2.000 euros nets par paysan ».
Ce réseau permet aussi aux éleveurs du réseau de mutualiser leurs achats d'emballage et d'ingrédients. « Ce qui permet de diminuer les coût de revient des produits, entre 20% et 30%, ce qui n'est pas neutre. » Les bénéfices du réseau ne sont pas que économiques pour les agriculteurs, mais aussi sociaux puisqu'il a permis de créer « plus de 160 postes » depuis 2015, selon l'éleveur ligérien qui emploie quant à lui 10 personnes.
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