Sarthe : les poulets sans antibiotique de Biodevas à la conquête du marché algérien

C’est une première que l’on doit en partie aux laboratoires de R&D sarthois Biodevas (Savigné L’Evêque). Une nouvelle filière avicole (volailles) sans antibiotique s'est s’installée en Algérie. Et les premiers résultats augurent de belles perspectives.
Les produits 100 % naturels de Biodevas Laboratoires, installés à Savigné-l’Évêque (Sarthe), sont à la base du développement de la première filière avicole sans antibiotique en Algérie.
Les produits 100 % naturels de Biodevas Laboratoires, installés à Savigné-l’Évêque (Sarthe), sont à la base du développement de la première filière avicole sans antibiotique en Algérie. (Crédits : Biodevas)

« Depuis 2005, Biodevas Laboratoires formule et produit des biosolutions 100% naturelles, à base d'extraits de plantes issues de l'agriculture biologique, pour permettre la diminution des produits de synthèse (pesticides, antibiotiques...) dans le secteur agricole, dans le traitement des cultures et des animaux (porc, volaille, ruminant) », introduit François Blua en charge du développement et de la stratégie de Biodevas, aux côtés de son père Jean-Louis, docteur en pharmacie. L'entreprise regroupe au même endroit son siège social à Savigné L'Evêque, dans la Sarthe, son centre de R&D (huit personnes) et son usine de production/conditionnement. « Nous maîtrisons l'ensemble de la chaîne de fabrication de nos produits, de la matière première aux produits finis. » Parmi les différents projets sur lesquels ce laboratoire sarthois s'est penché : le « Poulet Vert ». Il s'agit de la première filière avicole sans antibiotique en Algérie.

Un argument marketing

« Ce projet initié en 2020 par notre partenaire exclusif Plantaxion en Algérie, chargé de la distribution de nos produits depuis 2014, a d'abord connu deux ans de test avec l'ITELV (institut technique des élevages en Algérie) pour vérifier la faisabilité technique et économique de la production de poulets antibiotiques, avant de convaincre le groupe Khider qui compte parmi les leaders algériens de l'élevage avicole et est propriétaire du plus grand abattoir d'Algérie », poursuit le directeur général. La marque « Poulet Vert » a ensuite été créée en novembre 2022. Cette offre dont le packaging revendique fièrement l'absence d'antibiotique est arrivée dans les linéaires l'été dernier dans les boucheries, supermarchés locaux, certains distributeurs, comme Carrefour, le restaurant de la SNTF (société ferroviaire publique algérienne), Newrest Catring, des écoles privées...

Deux mois après, il s'en écoule 8 tonnes par jour, soit 6 000 poulets par semaine, et les perspectives de croissance tablent sur 12 tonnes d'ici à la fin de l'année, malgré un prix de 10% à 15% supérieur au poulet conventionnel. Des chiffres qui témoignent d'après François Blua d'« une vraie attente » des consommateurs pour une filière animale garantie sans traitement antibiotique. « Aujourd'hui, toute la marchandise s'écoule. La demande n'est pas encore satisfaite mais il n'est pas question de surproduire. L'idée est d'avancer pas à pas. » Les volaillers algériens se convertissent eux aussi petit à petit aux poulets élevés sans aucun antibiotique. « Les éleveurs sont partants car cette filière est plus rentable », ajoute-t-il. Et si, lors d'un passage viral, un traitement antibiotique doit être fait, dans ce cas, le poulet est déclassé de la filière. « Mais c'est à la marge. Cela concerne moins de 5% des élevages. »

Soutenue par l'APOCE (équivalent de l'UFC Que Choisir en France), la démarche inclut un laboratoire privé domicilié en Algérie certifiant l'absence de résidus d'antibiotiques. A noter qu'une prochaine étape de labellisation [le dossier est en cours, ndlr] viendra ensuite.

Un modèle réplicable ailleurs

« Cette filière est un marché de niche. Nous avons souhaité nous impliquer dans ce projet car Plantaxion est un distributeur qui travaille pour l'ensemble de notre gamme. Pour Biodevas, c'est aussi l'occasion de prouver que la qualité de nos produits permet d'éviter des traitements antibiotiques dans des conditions d'élevage pas toujours optimales (normes hygiène...). C'est une vraie preuve de concept pour le dupliquer dans d'autres pays », poursuit François Blua.

Actuellement, l'entreprise réalise plusieurs essais de conviction au Moyen-Orient (Émirats Arabes Unis, Liban, Égypte, Arabie Saoudite, Jordanie) et en Amérique du Sud (Mexique, Chili, Bolivie, Brésil). « Nous sommes dans des démarches de prospection », précise-t-il. « Ces expérimentations durent une trentaine de jours et sont répétées plusieurs fois. Il faut compter donc trois mois minimums. Alors nous pourrons avoir les premiers résultats. »

L'export représente d'ailleurs un axe de croissance chez Biodevas qui réalise plus de 45% de son activité à l'international et s'appuie sur une équipe de quatre personnes au Pays Bas, Allemagne, Pologne et Vietnam. « Notre objectif est d'atteindre 60% à horizon 2025. » C'est en 2008 que le laboratoire a lancé ses premières exportations en Pologne (pour le traitement des cultures de choux) avant d'accélérer depuis 4 à 5 ans Aujourd'hui, il affiche une présence dans 25 pays (Asie, Maghreb, Canada, Europe, Afrique Subsaharienne...).

Une extension industrielle en France

En France, l'entreprise familiale aux 40 collaborateurs poursuit aussi ses investissements pour accompagner sa croissance. Actuellement à l'étroit, elle pousse, une nouvelle fois, les murs de son usine sarthoise avec un programme d'extension en cours de 850 mètres carrés, portant la surface totale de l'entreprise à 4 000 mètres carrés sur un hectare de foncier.

Après avoir injecté 250.000 euros dans la rénovation de son siège social durant l'été, Biodevas réalise cette fois-ci un investissement d'environ un million d'euros (dont 700.000 euros pour la construction du bâtiment) dans son outil complété avec une nouvelle ligne de conditionnement et des cuves de mélange de produit.

Le chantier a démarré le 11 septembre pour être finalisé en mars 2024. Objectif : « gagner en réactivité, productivité et efficacité sur des séries courtes de fabrication », conclut François Blua.

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Commentaire 1
à écrit le 14/10/2023 à 22:13
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Sans antibiotiques, c'est donc possible.

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