Les poulets de Nature de France carburent au 100% bio

Poussés par les attentes des consommateurs, les poulets de la marque Nature de France seront désormais nourris par une alimentation produite à 100% par des éleveurs du Grand Ouest. Initiée en 2017, la démarche, orchestrée par la société Bodin Bio et la coopérative Terrena, permettrait de réduire de 15% les émissions de C02.
Avec le concours de la coopérative Terrena, la société Vendéenne, basé à Saint-Hermine, Bodin Bio a déployé la première filière française de volailles 100% bio.
Avec le concours de la coopérative Terrena, la société Vendéenne, basé à Saint-Hermine, Bodin Bio a déployé la première filière française de volailles 100% bio. (Crédits : Nature de France)

Jusqu'ici nourris à 30% par des aliments bio importés d'Inde, d'Afrique ou d'Europe, les poulets produits par 130 éleveurs du Grand Ouest, et commercialisés par la société vendéenne Bodin bio sous la marque Nature de France, seront désormais exclusivement alimentés par des céréales, du soja ou du tournesol produits sur le sol français.

«C'était une attente forte formulée par les consommateurs lors de nos groupes de travail et plus encore depuis le début de la crise sanitaire où les circuits courts ont été plébiscités. Les français voulaient absolument acheter français », explique Cyrille Bourrut-Lacouture, responsable marketing de la société vendéenne Bodin bio, qui détient 35 à 40% du marché de la volaille bio en France.

Initiée dès 2017 dans la cadre de sa politique de RSE, cette démarche de relocalisation en vue d'une production bio « plus cohérente et plus vertueuse » aura pris plusieurs années, et finalement trouvera tout son sens avec la crise sanitaire et les changements d'habitude de consommation.

 Organiser la filière

 « Il a d'abord fallu augmenter le nombre des conversions de nos adhérents et, faute de structures suffisantes en interne, élargir nos approvisionnements aux coopératives voisines, notamment du Sud-Ouest de la France, et adapter nos outils», détaille Jérôme Caillé, éleveur de volailles pour Bodin bio et administrateur de la coopérative Terrena.(21.000 exploitations agricoles et 13.500 salariés).

Dans le cadre de la démarche menée avec Bodin bio et sa marque Nature de France destinée à la grande distribution, Terrena a investi sept millions d'euros pour structurer et organiser la naissance de cette première filière de volaille bio 100% française au sein de son pôle volaille (Groupe Galliance). Un pas de plus vers l'agriculture biologique pour la coopérative agricole où le "conventionnel" pèse encore pour 70% de l'activité. Le bio représente la moitié des 30% restants.

«Nous avons créé des unités de stockage adaptée aux volumes, investi dans les outils de récolte et de trituration en partenariat avec un acteur local et il a fallu organiser les récoltes. Aujourd'hui, nous avons franchi la dernière marche d'un projet avec l'approvisionnement des derniers 30%», précise Jérôme Caillé. Sur un marché porteur qui a doublé entre 2015 et 2019 en passant de 6,3 milliards à 10 milliards d'euros, cela a permis à quelques soixante-quinze familles d'exploiter 6.800 hectares en bio.

Un discours à faire passer

Signe de l'accélération de ce phénomène, la coopérative Terrena a, parmi ses adhérents, vu le nombre d'agriculteurs bio passer de 650 à 1500 entre 2016 et 2020.

« Pour eux, c'est la garantie de volumes achetés et de prix, car contrairement aux céréales conventionnelles, il n'y a pas de cotation et de prix de marché sur le bio. Alors on leur apporte de la visibilité », ajoute l'administrateur de Terrena.

Au-delà des éleveurs, ce sont aussi un silo, une usine d'aliments et une unité de trituration de soja et de tournesol qui ont été convertis au bio. « L'enjeu, maintenant, c'est véritablement d'impliquer le consommateur », reconnaît le responsable marketing de Nature de France, qui a livré début avril trois mille points de vente de la grande distribution tout en multipliant les investissements sur Facebook et Instagram. « On veut pouvoir lui expliquer notre démarche », dit-il. Autrement dit que les attentes de circuits courts et que les intentions de consommation de produits bio exprimés lors de groupe de travail se confirment, cette fois, dans l'assiette quand le prix d'une volaille bio est 1,8 à 2 fois plus chère qu'un poulet conventionnel en rayon. « De vraies questions de posent», admet Cyrille Bourrut-Lacouture, estimant que cette nouvelle approche pourrait générer une croissance de 10% sur un pôle volaille qui engendre 86 millions d'euros de chiffre d'affaires.

 Des questions se posent

Le discours sera d'autant plus important à faire passer que le cycle de vie des poulets bio (81 jours) élevés en plein air est deux fois plus long qu'un poulet conventionnel. Avec pour conséquence, une notation dégradée lors des analyses d'impact environnemental des aliments menés par les Eco-score, type Yuka.

Face aux poulets issus de l'élevage intensif dont les marges sont plus rémunératrices, les poulets bio de Bodin, soignés sans antibiotique, choyés aux huiles essentielles et par les plantes, dont la suppression de l'emballage plastique pour du carton a permis de réduire les déchets de 16 tonnes depuis deux ans, ont aussi, en changeant leur alimentation, permis d'économiser 10.000 tonnes de Co2. Une politique « vertueuse et cohérente » que Nature de France entend conforter en favorisant la plantation de haies bocagères pour améliorer le confort des gallinacés élevés en plein air. Ce qui permettrait, aussi, aux agriculteurs de vendre des crédits carbones à des entreprises locales à l'instar du dispositif programme Carbocage, déployé il y a quatre ans par l'Ademe et les Chambres d'agriculture de Bretagne et des Pays de la Loire... Un cercle vertueux.

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Commentaires 2
à écrit le 16/04/2021 à 9:44
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Puis c'est tellement facile !!! Les poules étant des naimaux résistants naturellement, pas embêtant, au printemps et en automne ça peut vous pondre deux oeufs par jour et en plus c'est pas difficile à nourrir même si elles ont leurs préférences. ...

à écrit le 16/04/2021 à 8:07
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la tirade du responsable marketing me laisse un peu perplexe soit le journaliste a resume ou sorti la phrase du contexte, soit c'est incomplet soit y a une erreur

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