Essai auto : Lancia Delta, une belle nonchalante

En bonne italienne, elle séduit. Chic, charmeuse, elle se fait (un peu) pardonner son manque de rigueur.
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Cette berline compacte porte un blason jadis prestigieux, à l'égal d'un Audi ou d'un BMW aujourd'hui. Quant au nom, Delta, il eut son heure de gloire dans les années 80, notamment en rallyes. La dernière Delta, lancé en 2008, était chargée d'une lourde mission : enrayer l'inexorable déclin de cette très ancienne firme transalpine, rachetée par Fiat en 1969 ! Car, depuis la Kappa du milieu des années 90, Lancia n'a guère sorti de modèles marquants, si ce n'est l'originale limousine Thesis tellement chère que les clients furent rares.

Malheureusement, cette Delta de la dernière chance... n'a pas rempli son contrat. Pour être rentable, elle se devait de trouver 70.000 acheteurs par an. Bof, il s'en est fabriqué moins de la moitié l'an dernier ! Du coup, son destin est scellé. Cette Lancia, italienne jusqu'au bout des ongles, sera remplacée par un modèle partageant ses dessous et même ses dessus avec le nouveaux partenaire américain Chrysler ! En attendant un successeur prévu dans deux ans, la Delta reçoit quand même un petit restylage et quelques aménagements. Alors, cette Delta, une belle auto méconnue, passée trop inaperçue à son lancement et qu'on gagnerait à redécouvrir ?

Silhouette originale

La nouvelle calandre, commune avec Chrysler à l'écusson près, est moins chic que l'ancienne, plus traditionnelle ! Cela commence mal... Une faute de goût. Mais, bon, heureusement, à part cette volonté étrange de faire ressembler une Lancia à une Chrysler, le reste de la voiture a peu changé. Et c'est tant mieux. On retrouve donc avec plaisir la silhouette très allongée, pleine de personnalité, un peu bizarre quant aux proportions mais finalement élégante, qui demeure. On reconnaît toujours une Delta. Bravo pour l'originalité, sans le côté cliquant d'une Ford ! Même si on déplorera que la calandre et les phares, nullement protégés, soient très exposés aux petits chocs de la vie urbaine. L'intérieur n'a pas été non plus bouleversé. Très loin de là. Dommage, ici, on aurait aimé un peu de progrès. Car, faute de moyens, Lancia avait repris la planche de bord d'une simple Fiat Bravo.

Le charme opère

Si la finition se révèle correcte, plastiques et assemblages n'ont toutefois rien d'extraordinaire. Ils s'apparentent à ceux d'un constructeur généraliste d'il y a quelques années. Une simple Citroën C4 fait beaucoup mieux. Seulement, voilà : le charme opère quand même. Sur notre version Gold, les sièges en cuir et alcantara beige ainsi que le cuir noir sur la planche de bord (en option) séduisent. Cela compose une ambiance assez raffinée. Autrement plus prenante que celle, quelconque, d'une C4.

Erreurs d'ergonomie

Mais on est agacés par des erreurs d'ergonomie : le levier de vitesses est placé trop en avant, l'accoudoir central avant trop en arrière. Le dossier de siège manque d'un réglage lombaire. Le compteur de vitesses rejeté à l'extrême gauche, avec des chiffres tout petits, est difficilement lisible. Exaspérant, surtout quand il y a du soleil. Là, on n'y voit pas grand-chose ! Autre détail irritant : un simple jet de lave-glaces n'enclenche pas les essuie-glaces. Du coup, on n'y voit plus rien. Dangereux ! Enfin, en position allumage des feux automatiques, on ne peut passer aux pleins phares... Si l'habitabilité est géante, surtout à l'arrière, malgré une largeur assez faible, le coffre se révèle réduit et peu pratique avec un seuil élevé. Mais la banquette arrière est coulissante, avec l'avantage de pouvoir selon les besoins agrandir ledit coffre.

Ce n'est pas une sportive

Les prestations d'ensemble sont satisfaisantes. La plate-forme de Fiat Bravo a été retravaillée. Et nous avons trouvé plus d'agrément avec la Delta qu'à bord de la Fiat. Mais, le châssis manque tout de même de rigueur. Il a l'air de dater d'il y a une dizaine d'années. Ce qui est en fait le cas. La Bravo elle-même a en effet repris les dessous de l'ancienne Stilo. Les suspensions, assez lâches, se dandinent en virage et sur chaussée dégradée. Le manque d'agilité et de précision est flagrant. Il ne s'agit en aucune façon d'une sportive. Question confort, les suspensions digèrent correctement les grande inégalités de la chaussée, mais trop fermement les petites anfractuosités.

Une cavalerie un peu dispersée

Le nouveau diesel 1,9 litre double turbo de 190 chevaux est vivant et souple. Mais, curieusement, il ne s'anime que vers 2.500 tours. Ce qui n'est pas idéal pour un diesel. En deçà, on se demande vraiment où est passée une telle cavalerie. On n'a pas l'air d'avoir plus de 130-140 chevaux. La consommation n'est pas très économique non plus.

Pleine de personnalité

La Lancia Delta est au final une jolie voiture, un peu nonchalante, avec beaucoup de personnalité, très imparfaite en bonne italienne, mais mignonne et séduisante. Objectivement et rationnellement, elle ne supporte pas la comparaison avec ses concurrentes. Mais, subjectivement, on peut se laisser charmer. Disons que la Delta ne mérite intrinsèquement qu'une note inférieure à 12 sur 20. Mais, si l'on prend en compte des critères plus irrationnels, nous serions personnellement prêts à lui mettre bien davantage ! Car c'est un modèle à part. La preuve : en dépit des imperfections, nous avons rendu "notre" Delta avec regret, un peu de tristesse même.

Tarifs négociables

A 30.500 euros, notre modèle d'essai Gold n'est pas très équipé de série. La peinture métallisée ou la navigation sont ainsi en option. Cette Delta se négocie toutefois autour de 27.000 euros auprès du concessionnaire... Le service VIP est inclus (assistance pour n'importe quoi : crevaison, batterie à plat, perte des clés et, en cas de révision, on vient chercher la voiture à domicile...).

Modèle d'essai : Lancia Delta 1,9 Twin Turbo Mjet 190 Gold: 30.500 euros
Puissance du moteur : 190 chevaux (diesel)
Dimensions : 4,52 mètres (long) x 1,80 (large) x 1,50 (haut)
Qualités : silhouette originale et élégante, raffinement intérieur, habitabilité et accessibilité, moteur souple
Défauts : qualité moyenne, fautes d'ergonomie, trains roulants peu rigoureux, manque de chevaux
Concurrents : Citroën DS4 HDi 160 So Chic : 28.100 euros ; Volkswagen Golf GTD TDi 170 : 31.710 euros; BMW 120d Connect Drive : 34.200 euros

Note : 12 sur 20

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Commentaires 2
à écrit le 29/06/2011 à 7:17
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La nouvelle calandre fait également référence à l'histoire de la marque: certaines Astura Bocca par exemple avaient une calandre horizontale, pas très éloignée de ce qui pouvait se faire de l'autre côté de l'Atlantique. Le tableau de bord est certe...

le 10/10/2016 à 13:15
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La mienne ( 2.0 Mjtd 165 Cv - 2009 ) affiche à ce jour ~225000km, sans aucun soucis, à part les consommables ( pneus, rotules, amortisseurs, courroies, huile, filtres )+ une boite de Bardhal nettoyage FAP par an. Et je suis tous les jours ravi d'en ...

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