Les 24 Heures du Mans, laboratoire d'innovations grandeur nature

Les 24 Heures du Mans ont fait le plein cette année avec plus de 260.000 spectateurs passionnés qui ont pu vivre une incertaine 82e édition au bord de la piste. Au final… c’est Audi qui gagne, et signe sa treizième victoire. Cette année, un nouveau règlement a imposé 30% d'économies de carburant. Une façon pour les organisateurs de stimuler la recherche !
L'Audi hybride a remporté dimanche après-midi les 24 Heures du Mans et offre un 13e sacre au constructeur allemand. / Reuters

« Sans contrainte, pas d'innovation », dit l'adage populaire.

Les organisateurs des 24 Heures du Mans auto l'ont en tout cas pris au pied de la lettre. Cette 82e édition de l'épreuve est celle d'une nouvelle réglementation : les voitures de la catégorie reine, nommée LM P1, devront courir en consommant 30% de carburant en moins. Un enjeu déjà de taille et d'autant plus s'il est mis en perspective.

« En vingt ans, on a réduit de 20 % la consommation des voitures. Là, sur une année, on la réduit de 30 % », souligne Vincent Beaumesnil, le directeur sportif de l'Automobile club de l'Ouest (ACO), organisateur de la course.

Pour autant, pas question de sacrifier le spectacle.

« Sous le prétexte de l'innovation engendrée, on n'est pas prêt à tout ou à n'importe quoi. »

L'ACO a donc mené cette évolution avec toute l'expérience qui est la sienne. D'abord en préparant le terrain. Car, si le règlement est mis en place cette année, les premières manoeuvres ont commencé à la fin de 2009.

« On est alors parti du constat que les règlements devaient évoluer, qu'on arrivait à la fin d'un cycle, raconte Vincent Beaumesnil. Il était aussi de notre responsabilité de garder le leadership en matière d'innovation. »

Il est vrai que, de ce point de vue, les 24 Heures du Mans peuvent se féliciter d'être un laboratoire d'innovations : les freins à disque de Jaguar en 1953, le turbo compresseur de Porsche en 1974, ou encore la voiture hybride d'Audi en 2012. L'idée de travailler sur une forte baisse de la consommation est lancée. Très vite, les constructeurs sont associés à la réflexion. Ce qui permet de définir conjointement un planning de travail de quatre ans, durée nécessaire pour se préparer.

Trois constructeurs en pôle position

Très concrètement, la nouvelle réglementation prévoit principalement de limiter la consommation d'énergie des voitures, que ce soit au niveau du débit de carburant ou encore de l'énergie maximale récupérée et réinjectée par le système hybride.

« Avant, la clé de la performance était d'être le plus rapide possible. Aujourd'hui, c'est de tirer le meilleur parti d'une quantité d'énergie limitée », résume Vincent Beaumesnil.

En outre, le poids, l'aérodynamisme et la sécurité sont également concernés par le nouveau règlement. Une fois les caractéristiques techniques connues, chaque constructeur s'est donc mis à la tâche.

« À l'inverse de la Formule 1, nous leur laissons une grande liberté pour créer. À chacun de chercher à en tirer le meilleur parti. »

Trois constructeurs sont engagés dans la catégorie des LM P1. Porsche, qui fait son retour dans l'épreuve des 24 Heures, Toyota et Audi. Et chacun a choisi une voie différente pour un même objectif : grâce à l'hybridation, conserver un niveau de performance équivalent. Cette technologie repose sur deux procédés : récupérer de l'énergie soit par un disque entraîné au moment du freinage, soit via les gaz dégagés par le turbo. C'est cette énergie qui est redistribuée au moment de l'accélération et soutient la performance des voitures.

Porsche, qui roule avec un moteur essence, va combiner les deux systèmes. Toyota équipera ses voitures de deux systèmes de Kers (Kinetic energy recovery system) installés sur les freins. Quant à Audi, qui roule avec un moteur diesel turbo, il a également fait le choix du Kers. Mais chacun des constructeurs diffère quant à la façon de stocker l'énergie récupérée. Quelles que soient les technologies employées, force est de constater que le pari est gagné, si l'on en croit les premiers essais effectués lors de la journée test au début du mois de juin. En effet, en dépit de la réduction de la consommation d'énergie, les voitures ne sont qu'à quelques centièmes de seconde des performances qu'elles réalisaient l'an dernier.

Pour les constructeurs, Le Mans constitue donc un laboratoire grandeur nature, une occasion unique de tester non seulement les innovations, mais aussi leur résistance. Et tendre un peu plus vers l'un des 34 projets de la Nouvelle France industrielle. Nissan ne s'y est pas trompé. La marque japonaise revient l'an prochain en compétition dans la catégorie reine. Mais dès cette année, les organisateurs lui ont ouvert les portes du 56e stand, celui réservé aux projets innovants. Avec un défi de taille : que son prototype Zeod RC (pour Zero emission on demand) soit la première voiture à boucler un tour de circuit sans une seule goutte d'essence.

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Commentaires 2
à écrit le 17/06/2014 à 8:12
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Vous oubliez que voici plus de 50 ans il existait au Mans un classement à l'indice de performance ou les françaises Alpîne et DB puis CD Panhard furent reines. il est vrai que face aux monstres de l'époque des 4CV améliorées avec des carosseries en...

à écrit le 16/06/2014 à 13:16
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Bravo aux équipes de compétition en automobile endurance, seule véritable laboratoire automobile avec le Rallye et le DTM. La Formule 1 est un gigantesque gaspillage d'argent, parfaitement inutile à l'automobile.

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