Automobile : les jeunes sont-ils de retour sur le marché du neuf ?

Selon une étude dont "La Tribune" s'est procuré des extraits, les Français de moins de 30 ans seraient plus dynamiques que leurs aînés sur le marché automobile neuf, remettant en cause une vieille idée reçue. En réalité, la portée de cette étude est à relativiser, même si elle comporte de bonnes nouvelles pour les constructeurs automobiles...
Nabil Bourassi
Les ventes de voitures à des moins de 30 ans ont augmenté deux fois plus vite que la moyenne des ventes aux particuliers depuis le début de l'année en France.

Avec les nouveaux usages de mobilité, le monde automobile est en pleine transformation. Dès lors, les constructeurs s'attendent à toutes les disruptions... Ils ne s'attendaient cependant pas à cela... D'après les chiffres compilés par AAA Data, et que La Tribune s'est procuré, les jeunes sont de retour sur le marché du neuf. Plus encore, ils surperforment le marché avec une hausse de 4% des immatriculations achetées par des 18-30 ans depuis le début de l'année en France.

A titre de comparaison, le marché particulier a augmenté deux fois moins vite (+2%) sur cette même période. C'est une surprise puisque, sur le marché du neuf, la moyenne d'âge est réputée assez élevée, autour de 50 ans. Il faut toutefois noter cette réserve autour du fait qu'en général, de nombreux parents achètent une voiture à leurs enfants (en gardant la carte grise à leur nom), ce qui altère la réalité statistique de l'usager final de la voiture.

Il n'empêche que cette statistique surprend à l'heure où les nouvelles mobilités semblaient sonnaient le glas de l'ère du rêve automobile pour les jeunes générations qui préfèrent louer, partager ou utiliser d'autres moyens de mobilité, plutôt qu'être propriétaire d'une voiture.

Les efforts des constructeurs couronnés

Pour Guillaume Crunelle, associé au cabinet Deloitte et spécialiste de l'industrie automobile, cette étude contredit effectivement les idées jusqu'ici admises en termes de comportements d'achats.

« Cette étude prouve que les efforts, réels, des constructeurs pour établir une nouvelle relation avec les jeunes générations commencent à payer. Celle-ci est fondée sur la digitalisation des relations commerciales qui permet d'interagir avec des clients qu'ils ne touchaient pas jusque-là. Ils ont également conçu des produits qui répondent davantage aux besoins de l'époque; enfin, les offres de financement compétitives contribuent également à ce succès », explique-t-il à "La Tribune".

Ainsi, les voitures sont plus connectées, les plans produits ont des cycles de renouvellement plus courts, et de nombreux artifices marketing comme la personnalisation permettent de repositionner la voiture dans les projets de vie des jeunes.

De sites internet améliorés, avec de configurateurs bien aboutis

Les sites internet des marques sont également plus intuitifs, avec des configurateurs bien aboutis, de sorte que l'acheteur arrive en concession avec la décision d'achat déjà prise. Enfin, les nouveaux modes de financements permettent à ces jeunes d'accéder à une acquisition plus facilement qu'auparavant. Ainsi, selon l'étude, les 18-30 ans autofinancent leur achat automobile à hauteur de 56% seulement, là où ce ratio culmine à presque 70% chez leurs aînés.

En réalité, ils profitent surtout d'une conjoncture extrêmement favorable sur le marché du crédit, comme le fait remarquer Guillaume Crunelle :

« Le risque, c'est qu'en cas de remontée des taux d'intérêt, les jeunes qui sont entrés dans l'univers du neuf par la LOA soient simplement exclus du marché. »

La baisse de la propriété automobile, une lame de fond

Pour le consultant de Deloitte, la portée de cette étude est à relativiser. D'abord, cela concerne une infime partie du marché du neuf. Avec 51.130 immatriculations, elles pèsent peu face aux 690.000 immatriculations des plus de 31 ans, soit 7% du marché total.

« Je pense que nous n'avons pas assez de recul encore sur ces chiffres. Il faudra vérifier si la tendance se confirme sur plusieurs années », explique Guillaume Crunelle, qui ajoute :

« Nous avons une certitude, et toutes nos études convergent vers ce postulat, c'est qu'il y a une lame de fond sur l'évolution sociale, économique et générationnelle qui va conduire à une baisse de la propriété automobile en milieux urbains. »

Il rappelle ainsi qu'aux Etats-Unis, « les passages au permis de conduire ne cessent de baisser depuis plusieurs années », conséquence de la baisse de l'appétence des jeunes pour l'automobile. Le temps dira alors si la France sera une exception ou si cette dynamique restera cantonnée au statut d'anecdote.

Nabil Bourassi

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Commentaires 5
à écrit le 11/10/2017 à 11:36
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Pas la peine de tout mettre sur le dos des transformations sociétales. Si les jeunes n'achètent plus de voiture neuve c'est qu'il n'en ont plus les moyens (et sans doute aussi moins besoin). Les logements en centre ville sont tellement chers, qu'ent...

à écrit le 11/10/2017 à 9:13
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"associé au cabinet Deloitte" Proches de Macron donc non ? Depuis son élection nous n'arrêtons pas de lire des informations venant d'eux ou bien d'entendre leurs salariés sur tous les plateaux télé, même dans l'automobile maintenant. Sous Hol...

le 11/10/2017 à 13:33
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Vous vouliez sans doute écrire, restaurer la démocratie ..?

le 11/10/2017 à 16:39
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En effet gédéon, on en est plus à vouloir restaurer la démocratie puisque celle-ci semble avoir totalement disparu. patrick: bien entendu j'ai signalé votre énième trollage

à écrit le 11/10/2017 à 8:27
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Acheter une voiture d' occasion très récente permet d'éviter la TVA et de nourrir ce gouvernement des riches...

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