Conférence de Ghosn : cinq choses à savoir sur le cabinet français qui pilote sa communication de crise

Le point commun entre l'OPA de Mittal sur Arcelor, François Fillon ou encore la mort de "la mamie du cassoulet"? La présence de l'hyperactive agence de communication d'Anne Méaux, Image 7, qui organise mercredi la prise de parole de Carlos Ghosn.
(Crédits : Issei Kato)

Le point commun entre l'OPA de Mittal sur Arcelor, François Fillon ou encore la mort de "la mamie du cassoulet"? La présence de l'hyperactive agence de communication d'Anne Méaux, Image 7, qui organise mercredi la prise de parole de Carlos Ghosn. Pour rappel, Carlos Ghosn donne ce mercredi à Beyrouth une conférence de presse très attendue, une première apparition publique du magnat déchu de l'automobile qui pourrait éclaircir les circonstances rocambolesques de sa fuite du Japon, où il est accusé de malversations financières.

1. "Reine des abeilles"

Mars 2019, dans un grand hôtel parisien. Un parterre bondé assiste à la conférence de presse de deux avocats qui annoncent l'intention de la famille Ghosn de s'en remettre à l'ONU parce que les "droits fondamentaux" de l'ancien magnat de l'automobile, alors incarcéré au Japon, ne sont pas respectés.

Sur place, l'équipe d'Image 7, qui assiste le camp Ghosn depuis janvier, se démultiplie pour assurer le service après-vente auprès des journalistes, sous le regard de la grande patronne Anne Méaux. L'entreprise de plus de 70 salariés "ne repose que sur elle", note une proche ayant requis l'anonymat et louant chez celle-ci "une expérience énorme et une force de caractère peu commune".

Parmi les surnoms plus ou moins flatteurs qu'on lui a accolés au cours de sa carrière, celui de "reine des abeilles" lui va ce jour-là parfaitement, ses collaborateurs s'activant autour d'elle, sans qu'elle n'en perde une miette.

2. Féminisme

Ce surnom vient aussi de ce qu'elle a "recruté pas mal de jeunes femmes" pour travailler à ses côtés dès les années 80, dans ce qui était alors encore beaucoup "un milieu d'hommes", note Aurore Gorius, journaliste du site Les Jours et coauteure de deux ouvrages sur les "Gourous de la com'".

Invitée fin décembre de l'émission de France Inter "Femmes puissantes", la cheffe d'entreprise de 65 ans avait expliqué "aimer travailler avec les femmes", qui représentent deux tiers des effectifs d'Image 7. Parmi leurs qualités ? "Une intelligence collective qui font qu'elles peuvent énormément partager, et moins d'ego", estimait-elle en revendiquant un féminisme "pas contre les hommes".

Elle revendique en outre sur son site personnel la création d'une association pour l'emploi des femmes de plus de 45 ans, ainsi que celle du "Women's Forum" qui a lieu chaque année à Deauville.

3. De Pinault à Ghosn

Dans son bureau près du parc Monceau à Paris, il y a notamment une photo des Pinault père et fils. Le premier "a été mon quatrième client", a expliqué Anne Méaux sur France Inter, et elle travaille avec les deux "depuis 30 ans". Si elle a aussi conseillé Bernard Arnault jusqu'en 1999, elle a ensuite choisi le camp Pinault quand les deux hommes d'affaires se sont affrontés pour racheter Gucci.

"Extrêmement fidèle", elle peut s'appuyer sur "une relation de confiance avec une bonne partie des patrons du CAC 40", selon un observateur souhaitant conserver l'anonymat.

Anne Méaux a commencé sa carrière de communicante dans les cercles politiques, oeuvrant pour la campagne présidentielle de Valéry Giscard d'Estaing, pour l'UDF et l'Elysée sous Giscard, puis pendant la cohabitation de 1986-88 auprès du ministre de l'Industrie Alain Madelin.

Dans la foulée, elle a fondé Image 7, optant dès ses débuts pour "le conseil personnalisé aux grands patrons", d'où peut ensuite découler "des contrats pour des campagnes de communication plus classiques", analyse de son côté Aurore Gorius.

Image 7 revendique aujourd'hui plus de 100 clients de secteurs variés, citant notamment sur son site Accor Hotels, Bouygues, EDF, TF1, Kering ou Pernod Ricard. Et a réalisé en 2018 un chiffre d'affaires de près de 21 millions d'euros, pour 2,74 millions d'euros de bénéfice.

4. "Affaires difficiles"

Projetée dans la lumière lors de la campagne présidentielle désastreuse de François Fillon en 2017, elle aime "les opérations de rachats d'entreprise, les OPA" comme celle conduite en 2006 par Lakshmi Mittal sur le fleuron français Arcelor, commente Aurore Gorius, mais aussi "les affaires difficiles, avec un fort enjeu stratégique".

Image 7 avait par exemple accompagné le PDG de la Société générale lors de la très médiatique affaire Kerviel. Elle avait été aussi sollicitée en 2016 pour faire face aux révélations sur les comptes truqués par Monique Piffaut, surnommée "mamie cassoulet" dans certains médias, de l'ancienne maison-mère de William Saurin, ou a encore oeuvré aux côtés d'EADS dans l'affaire de délits d'initiés présumés en 2005 et 2006.

A cette occasion, "ils avaient géré toute la communication de crise autour de l'AMF, via un travail assez classique de pédagogie, d'accompagnement d'avocats", rembobine un bon connaisseur du dossier.

5. Alliance internationale

Le carnet d'adresses bien rempli d'Anne Méaux en France ne l'empêche pas de regarder ailleurs. En février 2018, Image 7 a rejoint un partenariat global d'agences de communication, rassemblant l'américain Glover Park, le britannique Finsbury et l'allemand Hering Shuppener.

Ce partenariat n'a toutefois aucune conséquence pour le capital de l'entreprise française, assure Anne Méaux au quotidien Les Echos. "Je n'ai aucune intention de vendre Image 7".

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Commentaire 1
à écrit le 09/01/2020 à 6:14
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Comprends pas. Ce type est ne au Bresil et se pretend francais ?

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