Lundi, Nissan Motor a annoncé qu'il donnait un énorme coup de fouet à sa transition industrielle vers l'électrique en débloquant quelque 17,59 milliards de dollars d'investissement sur cinq ans. Ce faisant, le japonais prend acte que la demande pour ces véhicules grandit dans des marchés clés comme la Chine et les États-Unis, un mouvement largement soutenu par le resserrement des restrictions sur les émissions de carbone tout autour du monde.
Un pionnier de l'électrique... qui s'est fait distancer par Tesla
Le constructeur certes ne débarque pas dans le secteur, puisqu'il en est l'un des pionniers mondiaux avec sa voiture Leaf, le premier véhicule 100% électrique grand public au monde, lancée en 2010.
Mais, malgré cette solide expérience, Nissan s'est fait quelque peu distancer par l'américain Tesla qui domine actuellement le segment sans partage. Et malgré le montant de cet investissement en valeur absolue, sa taille interroge quand on la compare à celle d'un géant automobile comme Volkswagen qui vient d'annoncer un montant réellement pharaonique : quelque 73 milliards d'euros au cours des mêmes cinq prochaines années pour conquérir ce nouveau domaine en pleine expansion.
50% de la gamme électrifiée, contre 10% en 2020
Dans son communiqué, Nissan annonce viser une part de 50% pour ses véhicules électrifiés (électriques et hybrides) dans ses ventes mondiales à l'horizon 2030. Pour cela, il compte mettre sur le marché 23 modèles électrifiés, dont 15 véhicules entièrement électriques. Or, malgré son ancienneté sur ce segment, la part électrifiée dans la gamme de l'allié du français Renault n'est que d'environ 10% en 2020.
En revanche, Nissan, pas plus que ses rivaux japonais, n'entérine aujourd'hui la date d'arrêt de la construction des véhicules à moteur thermiques.
Cela alors que la plupart des grands constructeurs automobiles ont déjà promis de se désengager progressivement des véhicules thermiques ou de cesser totalement d'en vendre, parfois dès 2030 comme le suédois Volvo Cars.
Renault vise lui une part de 65% des véhicules électrifiés dans ses ventes en Europe en 2025, et de 90% en 2030. Et VW parle d'une date butoir autour de 2033-2035.
À Tochigi, une usine 4.0 intelligente pour une production décarbonée
A titre d'exemple des investissements déjà en cours chez Nissan, citons la Nissan Intelligent Factorty inaugurée en octobre à Tochigi. À cette occasion, Hideyuki Sakamoto, vice-président exécutif de Nissan pour la fabrication et la gestion de la chaîne d'approvisionnement, rappelait dans un communiqué que la feuille de route du groupe était d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 dans ses usines de production à travers le monde:
« L'industrie automobile traverse une période de grands changements et il est urgent de résoudre le défi mondial du changement climatique. Nous voyons cela comme une opportunité de renforcer la force du monozukuri (fabrication), qui fait partie de notre ADN, de développer et d'appliquer des technologies innovantes pour surmonter les défis auxquels nous sommes confrontés. »
La Nissan Intelligent Factory, qui a vocation à être développé à l'échelle mondiale, a pour objectif de réaliser un système de production à zéro émission (via des technologies de production innovantes permettant des économies d'énergies), dans le but de parvenir à une société décarbonée, dixit l'entreprise, qui précise que l'usine de Tochigi devrait démarrer la production du tout nouveau véhicule électrique multisegment Nissan Ariya au cours de cet exercice.
Mais cette usine 4.0 est, de l'aveu de son concepteur, aussi un moyen de pallier le vieillissement de la population japonaise, les robots venant suppléer "une grave pénurie de main-d'œuvre".
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ANNEXE
Le véhicule électrique, une longue histoire chez Nissan
Sur son site, Nissan rappelle qu'il est un précurseur dans la création de voitures électriques, et cela depuis 1947 jusqu'à la nouvelle Nissan Ariya. Dans le Japon d'après-guerre, quand le pétrole était une denrée rare mais où l'énergie hydroélectrique était relativement abondante, encouragés par le gouvernement, les ingénieurs de Nissan ont relevé le défi avec Tama, la toute première voiture électrique de Nissan sortie en 1947. Utilisé principalement par les compagnies de taxi, il était doté de batteries au plomb remplaçables qui lui permettaient d'atteindre une vitesse de pointe de 35,2 km/h et une autonomie de 96,3 kilomètres. En 1950, l'approvisionnement en pétrole s'était stabilisé et la Tama a été abandonnée, rapporte le constructeur japonais, mais les recherches sur les véhicules électriques s'étaient poursuivies.
En plus de l'histoire de cette voiture 100% électrique, la première à avoir été produite en série, Nissan a publié sur son site, "en l'honneur du 10e anniversaire de la Leaf", celles de 11 autres "modèles révolutionnaires" appartenant à l'histoire de Nissan".
(avec AFP et Reuters)
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