FCA et l'État français ont résolu leurs désaccords avant le conseil de Renault

Dividende exceptionnel pour les actionnaires de Renault, garanties supplémentaires sur l'emploi en France... d'intenses discussions cette nuit ont permis à John Elkann, président de FCA, et l’État français premier actionnaire du constructeur tricolore, d'aplanir les obstacles à cette fusion qui pourrait donner naissance au troisième constructeur mondial. Depuis 15h30 cet après-midi a débuté un conseil d'administration chez Renault pour étudier ce projet de fusion désormais approuvé par le gouvernement.
(Crédits : Reuters)

Fiat Chrysler Automobiles (FCA) et l'État français ont résolu au cours de la nuit leurs points de désaccord relatifs au projet de fusion soumis la semaine dernière par le constructeur automobile italo-américain à Renault, ont déclaré à Reuters trois sources en amont d'un conseil d'administration du groupe français consacré à cette proposition.

Le compromis trouvé sur l'influence de Paris sur le futur FCA-Renault pourrait ouvrir la voie à l'approbation par le conseil du constructeur au losange d'un accord-cadre, point de départ du long processus qui doit conduire à la fusion entre les deux groupes courant 2020, sauf si de nouveaux désaccords apparaissent lors du conseil.

Les exigences de l'État français... et les compromis trouvés

FCA a présenté il y a huit jours à Renault un projet de fusion à 30 milliards d'euros, qui donnerait naissance au troisième constructeur automobile mondial, afin de mieux faire face aux défis technologiques auxquels l'industrie automobile est aujourd'hui confrontée.

L'État français, premier actionnaire de Renault avec une part de 15%, avait jusqu'ici insisté pour avoir son propre siège au sein du conseil d'administration de l'éventuelle nouvelle entité ainsi qu'un droit de veto sur le choix des dirigeants.

Mais, selon des sources, à l'issue de discussions avec John Elkann, président de FCA, le gouvernement a accepté un compromis selon lequel il occuperait un des quatre sièges alloués à Renault, FCA en disposant pour sa part de quatre.

Choix du successeur de Jean-Dominique Senard

Renault cédera également à l'État un des deux sièges dont il disposera au sein d'un comité de nominations composé de quatre membres. Jean-Dominique Senard, président de Renault, étant pressenti pour devenir le premier patron opérationnel du nouvel ensemble, tandis que John Elkann serait président, cette répartition des sièges signifie que l'État français aura son mot à dire sur le choix du successeur de Jean-Dominique Senard, aujourd'hui âgé de 66 ans.

L'Etat français, Renault et FCA ont refusé de commenter l'information.

La Bourse favorable

Vers 15h30, le titre FCA gagnait plus de 3% et l'action Renault plus de 4% alors que l'indice regroupant les valeurs automobiles européennes prenait 2,5%.

"Le marché craignait que trop ait été cédé, et le risque d'exécution a un prix", souligne une source proche des négociations. "Plus on a les mains liées, plus il est difficile de parvenir à des synergies significatives."

Le projet prévoit toujours la création d'une société holding, enregistrée aux Pays-Bas et détenue à 50-50 par les actionnaires actuels de FCA et Renault, après versement d'un dividende exceptionnel de 2,5 milliards d'euros aux actionnaires de FCA.

La sous-évaluation de Renault critiquée

Mais face aux critiques d'analystes financiers et de dirigeants français d'entreprises, qui déploraient que l'accord initial sous-évalue Renault et sa participation de 43,4% dans Nissan, la France a bataillé pour en améliorer les termes en sa faveur.

Parmi les concessions discutées avec FCA au cours du week-end, on trouve un dividende exceptionnel pour les actionnaires de Renault, des garanties supplémentaires sur l'emploi en France et un siège opérationnel régional basé à Paris pour le groupe né de la fusion.

L'éventualité du dividende faisait toujours l'objet de discussions mardi alors que le conseil d'administration s'apprêtait à débuter sa réunion prévue à 15h00, ont indiqué les sources.

Selon elles, les garanties sur les emplois et les sites en France, ainsi que sur le futur siège Europe, Moyen-Orient et Afrique, seront probablement abordées en détail plus tard dans les discussions.

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Commentaires 24
à écrit le 06/06/2019 à 7:49
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L’arnaque du siècle après Alstom ! Non, il ne faut pas céder aux sirènes des actionnaires. Des primes seront accordées aux top management de Renault comme à Mr kron en son temps. On va se retrouver avec un mammouth qui fermera les sites français le...

à écrit le 05/06/2019 à 11:04
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"Dividendes exceptionnels aux actionnaires de Renault". En clair la fin de la marque. Le court terme est a la mode....

à écrit le 05/06/2019 à 10:56
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FCA c'est un conglomérat un peu fourre tout avec peu de rentabilité,en retard technologiquement et dont l'actionnaire familial principal souhaite in fine se débarrasser qui veut s'allier avec un groupe restructuré,sain et performant technologiquement...

à écrit le 05/06/2019 à 10:42
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Je ne comprends pas cette volonté d'installer une structure aux Pays Bas , ce qui est source d'évasion fiscale potentielle. L'affaire GHOSN n'a pas servi de leçon, une fois de plus. De surcroit les italiens sont orfèvres dans ce domaine.

le 05/06/2019 à 12:44
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Si les informations sont correctes et ma compréhension est bonne, Ghosn n'a pas volé ou utilisé l'argent en question simplement du fait d'une structure Hollandaise, mais il a profité (i) de son rôle très démesure (les PDG se contrôlent eux mêmes), (i...

à écrit le 05/06/2019 à 9:06
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Cette alliance ne se fera pas rapidement et peut être jamais.Dans l'immédiat Renault a plutôt intérêt à rester sur ses positions, voir comment évoluent Nissan et FCA. Renault a plus de temps, surtout dans un marché en berne et en pleine mutation. FCA...

à écrit le 05/06/2019 à 1:29
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Comme quoi l'état est un très mauvais gestionnaire et les énarques des incultes. FCA fait une proposition au moment ou Renault est le moins bien valorisé mais cela ne les dérange pas ! Renault vaut objectivement et factuellement le double de FCA et l...

le 05/06/2019 à 9:54
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Vous avez( malheureusement) raison .

le 05/06/2019 à 12:38
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"Objectivement et factuellement" dans quel sens? Objectivement, ça fait des années que Nissan paye aux porteurs d'actions du groupe français une très large portion des dividendes dont notre Etat si attentionné bénéficie à 15%. Et l'Etat si attenti...

à écrit le 04/06/2019 à 22:31
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On peut être très très très sceptique sur l'intérêt de cette fusion quand on voit que le directeur FCA s'est empressé de spéculer en vendant une partie de ses actions. Bonne entrée en matière! Que veut-on faire, un fourre-tout genre GMC? Que veut fa...

à écrit le 04/06/2019 à 22:09
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Dans une fusion « entre pseudo égaux » la direction réelle du groupe est exercée par l’actionnaire de référence : Avec 15% ce sera EXOR (famille Agnelli), loin devant l’Etat français (7,5%) et Nissan (7,5%) Pour une vrai égalité de contrôle, il faud...

le 04/06/2019 à 23:07
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Dans une fusion entre égaux, l'état Italien devrait lui-même détenir 7,5% du Groupe nouvellement créé, par simple parallélisme de forme par rapport à l'état Français. Est-ce vraiment ce qu"on veut? vous imaginez les CdA? et les AG? avec les états qui...

à écrit le 04/06/2019 à 20:33
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Nous recueillons aujourd’hui les conséquences de la lâcheté l’Etat qui a laissé les Japonais kidnapper Carlos Goshn sans lever le doigt. Aujourd’hui ce sont les Italiens qui se permettent d’imposer un deal à prendre ou à laisser. Où va-t-on ? Les S...

le 04/06/2019 à 22:29
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Les Japonais ont peut-être moins de complaisance avec les tricheurs et avec les détourneurs de fonds? Ils n'ont pas hésité à poursuivre là où on se serait empressé d'enterrer les soupçons, et ont obligé l'Ètat à reconnaître le bien-fondé des accusati...

le 04/06/2019 à 22:39
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Je suis d'accord avec vous sur le fait que l'état aurait pu jouer un rôle plus décisif sur l'affaire Ghosn et intervenir pour le rapatrier, défendre la vision industrielle de l'homme et pas les comportements illicites (qui sont prouvés ce jour). Mais...

le 04/06/2019 à 22:42
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Je suis d'accord avec vous sur le fait que l'état aurait pu jouer un rôle plus décisif sur l'affaire Ghosn et intervenir pour le rapatrier, défendre la vision industrielle de l'homme et pas les comportements illicites (qui sont prouvés ce jour). Mais...

à écrit le 04/06/2019 à 20:27
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Les gnomes de Bercy vont encore frapper.

à écrit le 04/06/2019 à 20:25
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Pour ceux qui croiraient encore au complot, un audit révèle 11 millions d’euros de dépenses injustifiées pour M. Ghosn chez RNBV. Le CA de Renault va saisir la justice néerlandaise !

à écrit le 04/06/2019 à 19:55
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Je pense que les temps sont propices à ce que les grandes industries françaises - ou pas vraiment comme Renault et PSA le montrent - puissent s'ouvrir sans hypocrisie au commerce international: Renault a été nationalisée pour des raisons historiques ...

à écrit le 04/06/2019 à 18:55
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"des garanties sur l'emploi en France..." on sait ce que vaut ce genre de garantie. De plus FCA s'est lui aussi engagé à ne pas fermer d'usine en Italie ce qui sera intenable pour l'un comme pour l'autre. En bourse, FCA capitalise l'équivalent de 18 ...

à écrit le 04/06/2019 à 18:41
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Comprenez que JD Senard n'a jamais construit une voiture... d'autre part, FCA est considere comme un "loser", les dieux sont-ils tombe sur la tete ?

à écrit le 04/06/2019 à 18:03
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...L'état se bat pour avoir des miettes, et donne l' impression de vouloir se débarasser de Renault qu'à réellement défendre ses vrais intérêts, ainsi que les vrais enjeux dans cette fusion... Une dividende exceptionnelle et un siège pour les opérati...

à écrit le 04/06/2019 à 17:29
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L'état s'accroche à cette entreprise comme la moule sur son rocher. Cette nationalisation punitive de 1946 porte vraiment bien son nom sachant que le titre a dévissé de 35% en un an, en particulier à cause de la présence de l'état au capital qui a re...

le 04/06/2019 à 18:53
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Et premier grpe mondial 2019, ça la fait quad même d'intégrer des marques sur tous les continents. Tiens pourquoi d' ailleurs les concurrents n' ont pas su faire alors qu' ils paient encore les prunes du dieselgate en 2019 ?

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