Un chinois cherche à couper le cordon entre Draka et Prysmian

Entre les géants du câble, les couteaux sont tirés. Alors que le néerlandais Draka a annoncé ce lundi qu'il voulait s'unir à l'Italien Prysmian plutôt qu'au français Nexans, le chinois Tianjin Xinmao a relancé la bataille boursière en faisant une offre très séduisante pour les actionnaires.
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Le groupe chinois Tianjin Xinmao a relancé lundi la bataille autour du fabricant de câbles Draka en annonçant une surenchère surprise quelques heures après l'annonce officielle de l'offre de l'italien Prysmian acceptée par le groupe néerlandais.

Les deux groupes ont mis en avant le fait que leur union donnerait naissance au numéro un mondial du câble devant le français Nexans, dont une précédente offre a été officiellement rejetée lundi. Ce dernier a choisi, pour le moment, de ne pas réagir à ce nouveau coup de théâtre. "On reste dans le calendrier réglementaire inital, avec une date butoir pour communiquer le 24 novembre. On communiquera à cette date" s'est contenté de déclarer une porte-parole de Nexans.

Mais l'offre de Xinamao relance la bataille. Le groupe chinois propose 20,50 euros par action Draka soit un milliard au total, alors que l'offre de Prysmian, en espèces et en titres, représente 17,20 euros par action Draka , soit environ 840 millions d'euros lors de son annonce. Prysmian, numéro deux mondial du secteur propose l'équivalent de 17,20 euros par action Draka : 8,60 euros en espèces et 0,6595 action Prysmian par action Draka .

Ce prix représentait avant l'uverture des marchés lundi une prime de 11,4% par rapport au cours de clôture de Draka vendredi et 14,6% de plus que l'offre en numéraire de 731 millions de Nexans (15 euros par action) il y a un mois. L'italien avait fait une première offre sans succès sur Draka à l'été 2009, suivie il y a un mois par une offre de Nexans.

Avant les informations du groupe Xinmao, le marché semblait estimer que les chances de voir Nexans contrattaquer avec une offre supérieure étaient minces, compte tenu de la hausse du cours de Nexans ce lundi en Bourse et de l'ajustement du cours de Draka juste au-dessous du prix proposé par Prysmian.
Une porte-parole du fabricant français s'est refusée à tout commentaire.

"Nous estimons que Nexans ne pourra pas surenchérir sur Prysmian. L'offre de 17,20 euros par action de Prysmian représente le juste prix pour Draka ou pratiquement", estime SNS Securities dans une note.

L'offre de Prysmian, qui devait être lancée au premier trimestre 2011 et conclue au deuxième trimestre, représente un peu plus de 9 fois le résultat brut d'exploitation (RBE) de 143 million d'euros projeté en 2010 pour Draka. L'offre de Nexans était à 8,3 fois. Le nouveau groupe que veulent construire les deux sociétés européennes combinerait la présence de Prysmian dans le sud de l'Europe et celle de Draka dans le nord et serait présent dans les câbles pour les télécoms et l'énergie. Son chiffre d'affaires combiné avoisinerait 5,8 milliards d'euros sur la base des chiffres de 2009 des deux groupes.

Draka précise que l'offre du groupe italien a le soutien unanime de ses instances dirigeantes et l'engagement irrévocable de son principal actionnaire, Flint Beheer, qui détient une participation de 48,5%.

Flint Beheer est le véhicule d'investissement de la famille Fentener van Vlissingen qui avait acquis sa participation initiale dans Draka quand la société fut scindée de Philips en 1986.

L'opération devrait accroître le bénéfice par action de Prysmian à partir de 2011 et permettre de réaliser des synergies d'une centaine de millions d'euros avant impôt d'ici trois ans.

Les coûts d'intégration sont estimés à 170 millions d'euros sur trois ans, Prysmian n'entendant pas démanteler Draka. Le PDG de Nexans Frédéric Vincent avait indiqué dans un entretien à la presse néerlandaise vouloir céder les activités de Draka dans les télécommunications.

Pour que son offre soit déclaré inconditionnelle, Prysmian veut que lui soient apportés au moins 85% des actions de sa cible et que certaines conditions soient remplies comme le feu vert des autorités de la concurrence. Draka pourra revenir sur son accord conditionnel si un autre candidat soumet une offre supérieure de 15% au moins à celle de Prysmian. Si cela devait être le cas, Prysmian aurait la possibilité de modifier son offre.

Le néerlandais versera au groupe italien 12,5 millions d'euros s'il met fin à l'accord sous certaines conditions. A l'issue de l'opération, les actionnaires de Draka détiendront environ 15% de Prysmian.
 

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