Seulement 10% des constructions, tous types confondus, ont été réalisées en bois en Centre-Val de Loire en 2023. La consommation énergétique issue du bois est restée quant à elle limitée à 7% de l'ensemble. Alors qu'il constitue la première énergie renouvelable et que les forêts sont une source significative de séquestration du carbone, le matériau peine encore à s'imposer dans les habitudes. En cause, notamment, des investissements coûteux pour le chauffage et une culture du béton ancrée dans le secteur du BTP.
En signant le 20 décembre dernier avec l'exécutif régional un nouveau contrat d'appui au projet (CAP) de la filière forêt-bois pour quatre ans, Fibois compte faire sensiblement bouger les lignes. L'organisme des professionnels du bois en Centre-Val de Loire, qui représente 2700 entreprises et 20000 emplois ayant généré un chiffre d'affaires total de 2 milliards d'euros l'année dernière, vise ainsi une progression globale de 25% sur ses deux principaux débouchés d'ici 2027.
Dans ce cadre, le nouveau CAP intègre la signature de pactes avec les principaux maîtres d'ouvrages régionaux, promoteurs et collectivités territoriales, dans lesquels ils s'engagent à amplifier de façon significative l'utilisation du bois. Une douzaine d'entre eux, dont Linkcity, Nexity, Bouygues immobilier, Kaufmann & Broad, Cogedim, ainsi que la région Centre-Val de Loire, Tours Métropole et Valloire habitat, y ont déjà adhéré. La seconde vague d'accords prévue en 2024 intégrera probablement Orléans et sa métropole.
Plantations d'espèces mieux adaptées au changement climatique
Au plan financier, l'ambition d'accélération de Fibois est soutenue par une aide globale de 6,6 millions d'euros émanant à la fois de la région et du Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER). La filière injectera de son côté une dizaine de millions d'euros.
Cette enveloppe totale de près de 17 millions d'euros aura deux destinations prioritaires d'investissement. Elle permettra d'une part d'améliorer l'entretien des massifs forestiers. D'une superficie d'un million d'hectares, ils constituent des puits de carbone essentiels pour limiter l'émission de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. « Il s'agit de couper plus systématiquement les arbres morts n'assurant plus ce rôle de séquestre du CO2, explique Eric de la Rochère, délégué général de Fibois. Nous replantons également des espèces mieux adaptées au réchauffement climatique comme les résineux, notamment les pins maritimes. En sachant que les forêts du Centre-Val de Loire resteront très majoritairement peuplées de chênes, l'idée est aussi de les renouveler avec des essences à la pousse plus rapide».
D'autre part, les aides contribueront à accompagner les entreprises forestières dans leur modernisation afin d'augmenter la récolte. L'objectif en Centre-Val de Loire est ainsi de porter la production totale de 3 millions à 3,3 millions de m2 en 2027.
Lever les freins pour l'utilisation du bois
Plusieurs paramètres, que la filière compte lever, entravent jusqu'à présent un développement significatif du bois de chauffage pour l'usage collectif. En cause, le prix d'investissement dans les chaudières et les difficultés logistiques d'approvisionnement en centre-ville. Les particules fines émises dans l'atmosphère en cas de mauvaise gestion de ces centrales constituent également un frein. Pour autant, l'objectif fixé est de passer de 270 chaudières collectives actuellement installées en Centre-Val de Loire, à 340 unités en 2027 et environ 900 à plus long terme. A la clé, un travail de sensibilisation auprès des collectivités, au plan environnemental mais aussi financier. Le prix du bois, sous toutes ses formes, est ainsi en moyenne trois fois moins élevé que celui des énergies fossiles, gaz naturel ou pétrole. Cet effort d'information sera également renforcé vis-à-vis du secteur du BTP. « Les mutations seront lentes, car la plupart des grands groupes de construction sont engagés et organisés depuis plusieurs décennies autour de la culture du béton, reconnaît Eric de la Rochère. Matériau adaptable et très résistant, le bois a pourtant une carte à jouer pour peu qu'on fasse plus de pédagogie ».
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