
« C'est une première industrielle en Bretagne », affirme d'emblée la coopérative Even, numéro 1 du lait en Bretagne, dans un communiqué. Pour réduire sa dépendance aux énergies fossiles et l'impact environnemental global de ses activités laitières, donc bovines, elle se tourne vers l'énergie verte. Pour cela, elle a conclu un partenariat avec Guyot énergies.
Ce producteur breton d'énergies bas carbone, filiale du groupe brestois éponyme, et spécialiste de la valorisation des déchets, va construire en 2024, sur le site Laïta de Créhen (22), un des sept du pôle laitier d'Even, une chaufferie biomasse, ont annoncé les deux entreprises. D'une capacité de 9 mégawatts, celle-ci sera alimentée avec du bois en fin de vie. Elle devrait permettre au groupe Even de réduire de moitié les émissions de CO2 de sa laiterie à horizon 2025.
« Cette chaufferie biomasse, implantée à proximité du site Laïta, permettra d'alimenter en vapeur les différents ateliers de transformation laitière, dont la tour de séchage, qui fabrique des poudres de lait premium », précise Christian Griner, directeur général d'Even.
16 millions d'euros
Lancé en 2017 et lauréat de l'appel à projets Biomasse Chaleur Industrie Agriculture et Tertiaire (BCIAT) depuis 2018, ce projet, dont le coût est évalué à 16 millions d'euros, substituera ainsi une partie du gaz naturel utilisé par l'usine par de l'énergie issue de déchets d'ordinaire voués à l'enfouissement.
Il sera financé par Guyot énergies, avec une subvention accordée par l'Ademe, dans le cadre du plan France Relance. Selon les termes de l'accord conclu entre les deux entreprises, la coopérative Even, dont le pôle laitier collecte, transforme et valorise (yaourts, beurre...) le lait produit par 2.460 exploitations en Bretagne et dans les Pays de la Loire, a signé auprès du groupe Guyot un contrat de fourniture de vapeur.
Elle devient ainsi le « premier industriel breton à bénéficier de l'expertise du groupe Guyot en production d'énergies décarbonées », s'est félicité Christian Griner, se disant soulagé que « ni la crise Covid, ni la flambée des coûts des matériaux due à la crise ukrainienne » ne soient venus contrecarrer l'initiative.
70% des besoins en vapeur couverts
Avec 800.000 tonnes de déchets valorisés par an dans ses six centres, le groupe Guyot (280 millions d'euros de chiffre d'affaires), développe via sa filiale Guyot énergies plusieurs projets énergétiques de ce type, afin de « réduire les quantités de déchets voués à l'enfouissement. »
« Celui de Laïta sera le premier mis en service, alimenté par du bois en fin de vie récupéré en circuit court auprès de nos partenaires bretons », explique Erwan Guyot, président du groupe familial, qui évoque aussi la construction d'une chaudière biomasse de 20 mégawatts sur le port de Brest.
« La capacité de la chaufferie représentera l'équivalent de l'énergie utilisée pour chauffer 5.600 foyers et couvrira 70% des besoins en vapeur du site. 17.000 tonnes de déchets de bois par an seront collectés et valorisés en combustible par Guyot environnement, autre filiale du groupe », ajoute Lionel Béquet, directeur de Guyot énergies.
Les travaux de construction débuteront au premier semestre 2024 et s'échelonneront sur 18 mois pour une mise en service courant 2025. Ce projet doit créer trois emplois directs à temps plein et des emplois indirects.
Laïta sur la voie sur développement durable
Forte de 3.010 salariés et connue pour ses marques Paysan Breton ou Madame Loïk, la filiale laitière Laïta (1,6 milliard d'euros de chiffre d'affaires dont 64% en France) est un des quatre pôles d'activité du groupe coopératif Even (2,5 milliards de chiffre d'affaires, 6.040 salariés, 100 filiales en France et à l'étranger).
L'installation d'une chaufferie biomasse à Créhen fait partie des actions mises en œuvre dans le cadre de la démarche de développement durable dans laquelle Laïta s'investit sous la bannière Passion du Lait.
« Laïta a engagé un travail pour réduire son impact environnemental et sa dépendance aux énergies fossiles. L'objectif est de réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 par rapport à 2019 », complète Fabien Russias, directeur général de la filiale.
La démarche RSE Passion du Lait concerne aussi l'éco-conception. Le pôle laitier vise aussi un objectif de 100% d'emballages recyclables à l'horizon 2025.
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