Lors d'un point d'étape sur la révision de la feuille de route énergétique (PPE) de la France et de sa stratégie bas carbone (SNBC) en 2018, il ressortait que sa trajectoire la plaçait à un niveau de 6 % supérieur au volume maximum d'émissions de gaz à effet de serre prévu pour 2023. Et que la principale cause de ce retard était imputable à la situation dans les secteurs des transports et surtout du bâtiment, qui a enregistré la hausse la plus significative de ses émissions (+ 11 %) sur la période étudiée.
Pourtant les plans se succèdent depuis le Grenelle de l'environnement, qui fixait dès 2007 l'objectif de 500.000 logements rénovés chaque année. La Loi de transition énergétique de 2015 prévoyait la rénovation à l'horizon 2025 de 7 millions de « passoires énergétiques ». Le plan présenté par Nicolas Hulot en mars 2018 visait lui l'éradication « d'ici dix ans » (soit 2028) de 1,5 million de ces logements de classe énergétique F et G occupés par des propriétaires aux faibles revenus. Mais un an après, force est de constater que les actions prévues pour atteindre ces objectifs, pourtant déjà révisés à la baisse, n'ont pas été mises en oeuvre.
Baisse de 25 % des aides
De nombreuses mesures n'ont toujours pas été appliquées, ou dans des proportions largement insuffisantes : la transformation du crédit d'impôt en « prime travaux », un diagnostic de performance énergétique opposable, un critère de performance énergétique minimum pour les locataires, la réécriture du cadre pour les bâtiments tertiaires, et la mise en place d'un service public de la performance énergétique de l'habitat, destiné à informer, conseiller et accompagner les ménages tout au long de leur parcours de rénovation, pourtant annoncée à plusieurs reprises.
La priorité donnée à la rénovation par étapes et au comportement économe des usagers est fustigée par de nombreux experts au motif qu'elle se fait au détriment d'investissements réels dans une rénovation vraiment performante. Pour couronner le tout, une baisse de 25 % des aides a été observée en 2019... On estime qu'environ 40 000 rénovations permettant d'amener un logement au niveau « basse consommation » (étiquette B) ont été menées en 2018, d'autres opérations ayant permis d'améliorer l'efficacité énergétique de quelque 250.000 logements, à un niveau cependant insuffisant pour atteindre la performance nécessaire.
Pourtant, 83 % des Français interrogés lors d'un sondage BVA en mars dernier estiment qu'il faut « dégager des financements pour engager la rénovation thermique des bâtiments les plus mal isolés ». Les 150 citoyens tirés au sort pour composer la Convention citoyenne, qui doivent « redessiner toutes les mesures concrètes d'aides aux citoyens [...] de la rénovation des logements (qu'il s'agisse de l'isolation ou du chauffage) pour les rendre plus efficaces, de définir si besoin était d'autres mesures incitatives ou contraignantes et aussi des ressources supplémentaires et de proposer des financements pour ce faire », sauront-ils inventer les outils ad hoc et entraîner l'adhésion du gouvernement ?
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