La jeune pousse SideROS met au point une nouvelle arme. Sa molécule vise à tuer les cellules souches cancéreuses responsables des rechutes et des métastases. La bonne idée : les attaquer à partir de leur spécificité pour les détruire sans abimer les autres. Le projet de SideROS est parti d'une découverte. En étudiant les cellules souches cancéreuses qui font croître les tumeurs et provoquent des récidives, Raphaël Rodriguez a remarqué qu'elles contenaient beaucoup plus de fer que toutes les autres. C'est notamment ce qui leur permet de se multiplier très vite pour entretenir les tumeurs. C'est donc ce fer que va viser le chercheur pour détruire ces cellules spécifiques responsable des rechutes de cancer. Des cellules souvent résistantes aux thérapies classiques.
Pour les attaquer, le chercheur va créer une petite molécule de synthèse dérivée de la salinomycine et brevetée sous le nom de ironomycine. Son action : Perturber l'équilibre du fer dans les cellules du corps. Si cette perturbation ne semble pas dangereuse pour la majorité de nos cellules peu chargées en fer, elle se révèle redoutable pour les cellules souches cancéreuses. Dans la mesure où elles en contiennent beaucoup, cette perturbation induit une réaction qui génère une substance toxique pour la cellule. Une substance proche des radicaux libres qui la détruit.
Crée par le chercheur Raphaël Rodriguez et l'économiste Robin Rivaton, SideROS a vu le jour en 2019. Rapidement, la jeune pousse est distinguée par le prix de la start-up innovante du concours i-LAB, organisé par le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, en partenariat avec Bpi France, ainsi que le label « Deeptech » décernée par Bpifrance. Avec une molécule qui s'adresse à tous les types de cancer, le potentiel de l'ironomycine semble prometteur, comme l'illustre sa CEO Lucie Mondoulet : « La toxicité de cette molécule est très limitée par rapport à celles des thérapies classiques. Elle pourrait être utilisée en cas de récidive mais aussi en première intention dans une association avec les chimothérapies. Son action permettra d'ailleurs peut-être de diminuer les doses de chimiothérapie administrées au patient sans perdre en efficacité. Ce qui limitera les effets secondaires et améliorera la qualité de vie. »
Actuellement, l'ironomycine est en phase d'étude pré clinique pour mesurer son efficacité et son absence de toxicité sur des modèles animaux. En parallèle, la jeune pousse a confié la fabrication de sa molécule à un façonnier européen CDMO. Selon les dirigeants de SideROS, les études cliniques devraient démarrer au premier semestre 2022 et nécessiteront 4 à 6 ans avant une possibilité d'accès au marché. Dans le rôle du CEO, Lucie Mondoulet est une ancienne de DBV Technologies. Fort de son expérience avec la biotech française délocalisée aux États-Unis et cotée au Nasdaq, elle connaît bien les différentes étapes du développement et apprécie cette période stimulante et créative. Comme elle l'explique : « Les patients atteints de cancer décédent généralement non pas de la tumeur initiale, mais des rechutes et des métastases développées par les cellules souches cancéreuses. Les besoins médicaux sur les rechutes et les métastases sont très grands. »
Contrairement aux immunothérapies très complexes à produire et très coûteuses, travailler sur une petite molécule est bien plus simple et devrait permettre d'en maitriser le prix. Un an après sa création, SideROS s'est lancé dans une levée de fond de 5 millions d'euros d'ici la fin d'année.
Sujets les + commentés