Contre le cancer du sein, une marée rose

Une femme sur huit est touchée par la maladie. En soutien, les événements organisés en octobre déclenchent un engouement national.
Installation d’une centaine de parapluies pour l’opération Octobre rose à Montpellier.
Installation d’une centaine de parapluies pour l’opération Octobre rose à Montpellier. (Crédits : latribune.fr)

C'est souvent le cas avec les grands événements populaires. Portés par l'émotion, l'énergie collective, la ferveur, nous devenons amnésiques quant à la manière dont les choses ont commencé. C'est ce qui se produit avec l'opération Octobre rose, qui a conquis l'ensemble du territoire français afin de soutenir la recherche contre le cancer du sein et récolter des dons. On a présents à l'esprit la tour Eiffel, l'Arc de Triomphe et l'Assemblée nationale, qui le 1er octobre se sont illuminés en rose, la vingtaine de gares qui se fardent tout le mois pour la cause, les concerts, courses, spectacles qui emportent des dizaines de villes un peu partout en France, de Strasbourg à Dijon en passant par Châteauneuf-du-Pape.

Le diagnostic d'une femme sur huit touchée par la maladie est hélas la première raison expliquant l'ampleur de la mobilisation au niveau national. Chaque Français ou presque a une mère, une sœur ou une amie concernée, de quoi en faire une « cause de proximité », comme la qualifie Sandrine Planchon, directrice de l'association Ruban rose.

« Cet engouement, je le vois croître depuis six ans. D'abord, c'est un sujet qui nous concerne tous et, depuis le Covid, les questions de santé ont été remises au cœur de nos vies. Par ailleurs, depuis 2018, pour les entreprises, la RSE [responsabilité sociale et environnementale] est devenue un prérequis, et soutenir ces sujets participe de cette responsabilité. »

L'élan citoyen essaime sur tout le territoire

Aux États-Unis, en 1985, l'American Cancer Society lance en octobre avec l'entreprise Imperial Chemical Industries une campagne de sensibilisation au dépistage du cancer du sein. En 1992, Evelyn H. Lauder, alors vice-présidente d'Estée Lauder et belle-fille de la fondatrice, lance avec le magazine Self le ruban rose, emblème fédérateur de la lutte contre le cancer du sein. L'année suivante, elle crée la Breast Cancer Research Foundation afin de récolter des fonds pour la recherche. En France, le groupe Estée Lauder, associé au magazine Marie Claire, lance en 1994 la première campagne de sensibilisation « Le cancer du sein, parlons-en », qui donnera naissance à l'association du même nom, laquelle devient Ruban rose en 2020.

Même si la France ne possède pas la même culture philanthropique que les États-Unis, l'élan citoyen, qui s'apparente à une forme de décentralisation spontanée, essaime sur tout le territoire. En 2022, notamment à travers ces milliers d'initiatives locales qui rappellent celles accompagnant le Téléthon, Ruban rose a récolté près de 3,2 millions d'euros et reversé cette année 1 850 000 euros à la recherche. Si ces événements voient le jour sans coordination des pouvoirs centraux, le ministère de la Santé s'engage comme acteur majeur de la prévention et du financement du dépistage. La SNCF mobilise son réseau et ses gares, et les associations de recherche contre le cancer sont extrêmement actives.

La Ligue contre le cancer fait par exemple campagne pour le dépistage, au niveau national et au travers de ses 103 comités départementaux.

« Encore 1 million de femmes ne se font jamais dépister, précise Viviane Aubry, chargée des relations avec les médias. 35 % pensent que sans symptômes cela n'est pas nécessaire, ce qui est faux. Cette année, nous lançons une campagne en forme d'invitation : "Énormes, minuscules, galbés : vos seins sont parfaits tant qu'ils sont en bonne santé." »

Les préfectures encadrent les autorisations mais les villes sont à l'initiative. « Tout le monde s'en empare, les collaborateurs et collaboratrices de nos mécènes, les citoyens dans leurs villes et villages, rapporte la directrice de l'association Ruban rose, Sandrine Planchon. Nous mettons nos kits d'information à leur disposition, mais nous ne sommes pas coordinateurs de tout cela. » Les personnes qui ont connu la maladie trouvent les mots justes pour mieux cerner cette marée rose. À l'image de Maryvonne, 59 ans, en rémission, toujours sous hormonothérapie :

« C'est comme une métaphore marine avec l'énergie qui va avec. On a l'impression d'appartenir à une communauté. D'être plus forte. »

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Commentaire 1
à écrit le 08/10/2023 à 9:34
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Mais qu'est-ce que cette couleur est moche c'est pas croyable, incompréhensible que ce soit un symbole féminin, c'est profondément réducteur, la plupart des femmes n'ont pas aussi mauvais goût je vous ferais dire surtout en France, certainement un mo...

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