Novartis mise sur le français AAA pour se renforcer en oncologie

Le géant pharmaceutique suisse est sur le point de racheter la société française de radiopharmacie pour 3,3 milliards d'euros. Novartis tente de développer des thérapies ciblées et innovantes en oncologie pour pallier la chute des ventes du Gleevec, son anticancéreux phare, concurrencé par les génériques.
Jean-Yves Paillé
En 2016, l'activité oncologie de Novartis a vu son chiffre d'affaires chuter de 4% à 12,8 milliards de dollars..

C'est une fin d'année riche en bonnes nouvelles pour Novartis en oncologie. Lundi 30 octobre, le géant pharmaceutique suisse a annoncé être sur le point de conclure le rachat de la société Advanced Accelerator Applications (AAA). L'offre du laboratoire helvète valorise l'entreprise française cotée au Nasdaq à 3,9 milliards de dollars (3,3 milliards d'euros).

En mettant la main sur cette société de radiopharmacie créée en 2002 par l'italien Stefano Buono, un ancien physicien de l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN), Novartis pourra ajouter le Lutathera, un potentiel blockbuster, à son portefeuille de médicaments. Il s'agit d'une solution pour perfusion contre les tumeurs neuroendocrines gastro-entéro-pancréatiques inopérables ou métastatiques. Le Lutathera a reçu un feu vert de l'Union européenne le mois dernier, et pourrait en obtenir un de la FDA, fin janvier 2018.

Lors des essais cliniques, ce traitement a montré des bénéfices supérieurs à ceux de l'octreotide... une molécule de Novartis (Sandostatin) qui dépasse les 1,6 milliard de dollars de ventes annuelles. Cette acquisition tombe à pic, puisque le brevet du Sandostatin est tombé dans le domaine public en début d'année. En clair, le laboratoire suisse, qui cherche à pallier la chute annoncée des revenus de cette molécule, devrait faire du Lutathera, le remplaçant du Sandostatin .

Novartis se lance dans la théranostique

Avec le rachat annoncé de la société française, le géant suisse met également la main sur deux outils de diagnostics commercialisés, le Nespot et le Somakit, permettant de déceler les tumeurs neuroendocrines. Ces deux produits ont permis à AAA de générer  plus de 109 millions d'euros de ventes en 2016.

Outre l'acquisition de de traitements et diagnostics, Novartis mise sur AAA pour  développer une approche "innovante pour traiter le cancer". Novartis fait référence à la plateforme de AAA dédiée à la théranostique (thérapie et diagnostic) pour le ciblage moléculaire des tumeurs. Celle-ci vise le développement de traitements permettant de suivre l'évolution d'une tumeur par imagerie médicale grâce à des nanoparticules, et de libérer en même temps un principe actif pour s'attaquer à la maladie. L'objectif de cette plateforme est d'adapter "l'intervention thérapeutique des patients qui en bénéficieront le plus tout en réduisant ou en éliminant les traitements inutiles" et accélérer ainsi dans la médecine personnalisée.

Pallier la forte chute des ventes du Gleevec

Cette nouvelle acquisition en cancérologie, après celle d'Admune Therapeutics en 2015, et le rachat de certains actifs de GSK en 2015, s'inscrit dans la continuité de la stratégie impulsée par Joseph Jimenez, directeur général du laboratoire suisse. Ce dernier a poussé le laboratoire à miser sur les nouvelles médecines, et des thérapies innovantes et ciblée en oncologie, en particulier. Novartis dispose désormais d'une vingtaine d'anticancéreux sur le marché, dont le Kymriah, un traitement basé sur l'édition du génome contre la leucémie aiguë lymphoblastique lancé en septembre. Une douzaine d'autres molécules sont en développement clinique avancé, et une quarantaine sont en phases cliniques précoces.

Le groupe suisse tente de pallier la baisse des ventes du Gleevec, un médicament contre la leucémie myéloïde chronique concurrencé par les génériques. Ses ventes ont chuté de près de 30% à 3, 3 milliards de dollars. L'activité oncologie du groupe, qui représente 26% de ses ventes, en pâtit. Son chiffre d'affaires a chuté de 4% à 12,8 milliards de dollars.

Comme le montrait une infographie de EY publié en janvier 2017, Novartis est aujourd'hui  le deuxième laboratoire générant le plus de revenus issus des médicaments en oncologie. Il capte 12% du marché. Mais selon les prévisions du cabinet de Conseil, le laboratoire suisse pourrait perdre quatre points de parts de marché d'ici à 2020 s'il ne parvient pas à remédier aux pertes du Gleevec et trouver des relais de croissance solides.

Jean-Yves Paillé

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