Vaccins : les Français sont les plus méfiants

Quatre Français sur dix doutent de l'innocuité des vaccins, selon une étude. Une défiance alimentée par les suspicions sur les effets secondaires des vaccins contre l'hépatite B et la grippe A (H1N1), notamment.
Jean-Yves Paillé
Depuis 2010, les ventes de vaccins reculent en France, selon le Haut Conseil de la santé publique qui mentionne en outre une "faible couverture vaccinale".

La population française est la plus sceptique en ce qui concerne la sûreté des vaccins, selon une étude du journal scientifique EBioMedicine, menée à travers 67 pays où plus de 66.000 personnes ont été interrogées fin 2015. Quatre Français sur 10 estiment que les vaccins ne sont pas sûrs, c'est trois fois plus que la moyenne des 67 pays. A l'autre extrême, seuls 0,2% des Bangladais adoptent cette position.

La défiance alimentée par les scandales et les doutes sur les effets des vaccins

La controverse sur les effets secondaires des vaccins contribue à alimenter la défiance des Français, soulignent les chercheurs. Ils évoquent le lien suspecté mais encore non prouvé entre le vaccin contre l'hépatite B et le risque de développement de scléroses en plaque. Pour rappel, plus de 20 millions de Français ont été vaccinés contre cette maladie infectieuse en France selon l'OMS. Et face aux craintes d'effets secondaires, prises en compte par le ministère de la Santé, ce dernier avait suspendu temporairement le 1er octobre 1998 le programme de vaccination des adolescents contre l'hépatite B dans les collèges.

Autre exemple évoqué: la campagne contre la grippe A (H1N1) menée en 2009-2010. La rapidité avec laquelle les vaccins ont été distribués pour éviter une éventuelle pandémie a suscité la défiance des Français, note l'étude. En outre, plusieurs personnes ont été atteintes de narcolepsie  après avoir été vacciné contre la grippe A (H1N1). L'Office national d'indemnisation des accidents médicaux (Oniam) a notamment indemnisé trois adolescents en 2015. L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a reconnu 61 cas de narcolepsie de personnes vaccinées contre cette grippe.

Interrogés par La Tribune, Christelle Cottenceau, responsable missions chez Alcimed Lyon et Anne-Charlotte Pupin, Directrice de Mission au sein d'Alcimed Belgique, ajoutent:

"Certains médecins en exercice, bien que rares, sont également défavorables à la vaccination. Globalement, toutes ces controverses au long cours laissent des traces et la crise de confiance envers les experts, la multiplication des sources, le foisonnement d'internet ne permet pas au grand public de trancher."

Pour remédier à la défiance des Français, Marisol Touraine a annoncé en janvier la mise en place d'une consultation nationale sur la politique de vaccination, visant à écouter les patients inquiets. Selon la ministre, "on ne peut plus balayer de la main" les inquiétudes de ces derniers sur d'éventuels effets secondaires graves.

"Faible couverture vaccinale"

En 2010, la France faisait partie des principaux marchés du vaccin en Europe. Le cabinet de conseil Kalorama Information expliquait alors que l'Hexagone était l'un des cinq pays européens générant le plus de ventes dans le secteur en Europe, où le marché annuel atteignait les 7,9 milliards de dollars (7 milliards d'euros).

Mais depuis 2010, les ventes de vaccins reculent en France, selon le Haut Conseil de la santé publique qui mentionne en outre une "faible couverture vaccinale".

Une tendance française contraire à celle du marché mondial

Selon les derniers chiffres dévoilés par l'Institut de veille sanitaire (IVNS), les ventes de vaccins ont chuté de 15% au premier semestre 2015 sur un an dans l'Hexagone. Une tendance contraire aux prévisions de l'évolution du marché mondial du secteur. Celui-ci devrait doubler en 10 ans à plus de 80 milliards de dollars, porté par les pays émergents selon le cabinet de conseil Alcimed.

Le dernier bilan économique du Leem (fédération des entreprises du médicament) confirme cette tendance en France. Il estime que la baisse des importations de médicaments est imputable à celle des vaccins importés de Belgique.

Jean-Yves Paillé

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Commentaires 2
à écrit le 10/09/2016 à 14:06
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Après la Mediator, indemnisation, mais pas de responsables au tribunal, la depakine, indemnisations, mais pas de responsables au tribunal, les français ont bien noté que de toutes les façons le ministère de la santé défendrait quoiqu'il arrive les l...

à écrit le 10/09/2016 à 1:03
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Tant que les labos ajouteront des adjuvants nocifs à notre santé comme par exemple de l'aluminium dans nos vaccins il est logique que l'on regarde la seringue d'un air suspicieux et refuse l'injection. Le corps fabrique naturellement des anticorps al...

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