La note pourrait être plus salée que prévu pour BP. Le groupe pétrolier, qui doit déjà faire face à une facture de 1,43 milliard de dollars (1,2 milliard d'euros) après la gigantesque marée noire et voit son titre continuer à plonger en Bourse, pourrait également être contraint de payer certains salaires de travailleurs riverains du golfe du Mexique dont le travail a été interrompu à cause de la nappe de pétrole. ?Le gagne-pain des gens (de la région) est totalement menacée. Et par conséquent, tous ces gens voient leur avenir s?évanouir. Il est très important que BP s?implique et fasse ce qui est possible?, a déclaré Mitch Landrieu, maire de la Nouvelle-Orélan, sur la chaîne ABC.

Plusieurs élus au Congrès provenant d'Etats dépendants de l'activité pétrolière ont des inquiétudes à propos du moratoire sur l'octroi de permis pour le forage en mer, qui a été prolongé de six mois, fin mai, par le président Barack Obama. "Le moratoire est une conséquence de l'accident provoqué par BP. C'est une perte économique pour ces travailleurs. Et c'est cela que BP devrait payer", a souligné Robert Gibbs, le porte-parole de la Maison Blanche.

Pour ne rien arranger, l'ampleur de la maré noire a été revue à la hausse jeud soir. Des scientifiques américains ont estimé que la fuite sous-marine à l'origine de la marée noire dans le golfe du Mexique a pu s'effectuer à un rythme atteignant 40.000 barils par jour avant que la compagnie BP parvienne à cisailler la colonne montante du puits le 3 juin. Cette évaluation, présentée par Marcia McNutt, directrice du Centre américain de veille géologique (USGS), est nettement supérieure à l'évaluation précédente qui faisait état d'une fourchette comprise entre 12.000 et 19.000 barils par jour. Selon l'USGS, la fuite était au minimum de 20.000 barils par jour et au maximum de 40.000 avec une moyenne comprise entre 25 et 30.000.

BP a par ailleurs annoncer qu'il commencera prochainement, peut-être dès lundi, à brûler sur place le pétrole recueilli à la source de la marée noire du Golfe du Mexique. L'entreprise britannique collecte le brut qui continue à s'échapper du puits endommagé via un dôme de confinement, et prévoit de tester un nouveau système qui lui permettrait d'accroître la proportion de la fuite qu'elle peut aspirer, a annoncé Kent Wells, vice-président du groupe chargé de l'exploration et de la production.

Le groupe britannique a indiqué jeudi que le dôme lui avait permis de capter 15.800 barils (2,5 millions de litres) mercredi, soit un peu plus que la veille (15.010 barils). Le pétrole, prélevé à près de 1.600 mètres de profondeur, est pompé en surface sur un navire de forage de Transocean, d'où il est possible de le transférer à bord d'un pétrolier qui l'achemine vers un port. Selon BP, le navire de forage peut absorber jusqu'à 18.000 barils quotidiens, et le système qui doit être bientôt testé est censé porter cette capacité à 28.000 barils.