Charleville-Mézières : plus de 3.000 logements chauffés grâce à neuf fours de PSA

Dalkia récupère l'énergie fatale d'une usine, ce qui permet de verdir un des réseaux de chaleur de la ville de Charleville-Mézières (Ardennes).
Un défi technique. Il a fallu transformer neuf sources d'énergie en une seule, intégrer les équipements au site sans gêner la production 24 heures sur 24, raccorder l'usine à un réseau relativement éloigné.
Un défi technique. Il a fallu "transformer neuf sources d'énergie en une seule", intégrer les équipements au site sans gêner la production 24 heures sur 24, raccorder l'usine à un réseau relativement éloigné. (Crédits : DR)

C'est l'histoire d'un « projet exemplaire au coeur du territoire », selon Sylvie Jéhanno, PDG de Dalkia. La filiale d'EDF spécialisée dans les énergies renouvelables et de récupération a mis en service début janvier un projet mûri depuis 2015. Pour alimenter le réseau de chaleur du quartier de La Citadelle dans la ville de Charleville-Mézières (Ardennes), elle est parvenue à utiliser l'énergie, jusqu'à présent gaspillée, émise par neuf fours de l'usine locale de PSA. Une déperdition qui représentait un tiers de la puissance du gaz utilisé.

Grâce à un échangeur qui réduit la température des fumées de 300 °C à 100 °C, 28 GWh d'énergie vont être récupérés chaque année, calcule Dalkia. Ils permettront d'éviter l'émission de 7.000 tonnes de CO2, tout en assurant, avec l'appui d'une petite chaufferie biomasse, 100% des besoins du réseau l'été et 60% l'hiver - le reste étant assuré par une centrale de cogénération et des chaudières au gaz d'appoint. L'investissement, de plus de 9 millions d'euros, a bénéficié d'un apport du fonds chaleur de l'Ademe de 4 millions d'euros.

Un verdissement du réseau

L'idée de valoriser l'énergie fatale de l'usine de PSA avait déjà surgi dans le cadre d'un audit de performance énergétique de la fonderie PSA, explique Dalkia. En 2018, lors de la mise en concurrence pour le renouvellement pendant 25 ans de la délégation de service public pour l'exploitation du réseau de chaleur de La Citadelle - dans les mains de Dalkia depuis sa construction en 1968 -, l'occasion s'est présentée de la mettre en oeuvre.

L'innovation répondait aux deux principales exigences de la ville : le verdissement du réseau, jusqu'alors alimenté à 100% au gaz, ainsi que le triplement de sa taille, pour atteindre deux nouveaux quartiers et l'hôpital Manchester, plus gros demandeur de chaleur de la ville.

La mise en place de cette solution « techniquement innovante, économiquement équilibrée, environnementalement vertueuse », selon Sylvie Jéhanno, a pourtant représenté un défi technique. Tout d'abord, celui de « transformer neuf sources d'énergie [les neuf fours, ndlr] en une seule », puis de raccorder l'usine à un réseau relativement éloigné, souligne Dalkia. Mais surtout, celui d'intégrer les équipements à un site datant des années 1970 sans gêner une production ayant lieu sans interruption 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Les nouvelles tuyauteries ont par exemple dû être installées en toiture.

PSA devient producteur d'énergie

Finalement, les acteurs concernés soulignent le caractère « gagnant gagnant » du projet. La ville de Vhar leville-Mézières dépasse son objectif de 50% d'énergies renouvelables. Dalkia profite d'une énergie à un prix inférieur à celui du gaz (bien que non dévoilé) et surtout fixe, ce qui lui assure une meilleure visibilité en termes de rentabilité. Les usagers (3290 équivalents logements) profitent de cette baisse des prix, à laquelle s'ajoute une réduction de la TVA à 5,5% : leur facture devrait diminuer de 10-15% en moyenne, permettant à l'hôpital Manchester d'économiser 300.000 euros par an.

Quant à PSA, il verdit son image et avec ce contrat de 10 ans avec Dalkia, il rassure sur la pérennité du site. Il devient également producteur d'énergie, même si les revenus obtenus sont « très modestes », selon son directeur industriel, Yann Vincent. Sans compter que certains de ses 1.793 salariés - qui en font le plus grand employeur de la région - profiteront directement chez eux de la chaleur produite par l'usine.

C'est pourquoi l'Ademe espère multiplier les projets de valorisation de l'énergie fatale industrielle, en soutenant notamment une vingtaine de diagnostics. Neuf seulement sont aujourd'hui recensés dans la région du Grand Est, malgré un gisement global de 18 TWh, dont 13% facilement utilisables grâce à la proximité d'un réseau de chaleur.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 17/03/2019 à 9:06
Signaler
L'économie de demain si les actionnaires milliardaires arrêtaient d’investir sur le gaspillage et la pollution.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.