Fessenheim : une transition très symbolique se prépare

Le secrétaire d’Etat Sébastien Lecornu est revenu dans le Haut-Rhin dans le cadre des préparatifs à la fermeture de la doyenne des centrales françaises, prévu à la fin de l’année. Il a notamment annoncé un appel d’offres solaire circonscrit au département.
Dominique Pialot
La plus vieille centrale nucléaire française doit fermer à la fin de l'année. Fermer Fessenheim sans en faire un démonstrateur de la transition énergétique n'aurait pas de sens, a souligné Sébastien Lecornu.
La plus vieille centrale nucléaire française doit fermer à la fin de l'année. "Fermer Fessenheim sans en faire un démonstrateur de la transition énergétique n'aurait pas de sens", a souligné Sébastien Lecornu. (Crédits : Vincent Kessler)

Comme il l'avait promis lors de sa première visite il y a deux mois, Sébastien Lecornu est retourné à Fessenheim en fin de semaine dernière. Il avait quelques nouvelles à annoncer, notamment la nomination de David Coste au poste de délégué interministériel, ou encore, l'accompagnement des 330 salariés de sous-traitants travaillant à temps plein sur le site, qui ont été reçus individuellement et pour lesquels une cartographie des compétences est en cours d'élaboration.

300 MW de solaire

Surtout, il a annoncé le lancement d'ici à novembre prochain d'un appel d'offres solaire circonscrit au département du Haut-Rhin, une première en France. Réparti en 100 MW de solaire sur toitures (fermes, bâtiments publics, base militaire) et 200 MW de panneaux au sol, cet appel d'offres lancé en partenariat avec la Caisse des dépôts, et probablement assorti de tarifs généreux, incite les riverains au financement participatif. Il représente une puissance qui ne dépasse pas le tiers de chaque réacteur, de 900 MW. Mais le patron du gestionnaire de réseau, François Brotte, a d'ores et déjà rassuré élus locaux et membres du comité de pilotage sur la capacité d'assurer la sécurité d'approvisionnement de l'Alsace après la fermeture de la centrale nucléaire.

Et cette initiative a surtout un poids symbolique.

"Fermer Fessenheim sans en faire un démonstrateur de la transition énergétique n'aurait pas de sens", a d'ailleurs souligné Sébastien Lecornu.

Dimension franco-allemande

La transition du territoire, notamment l'aménagement du foncier économique, sera gérée par une société d'économie mixte regroupant les collectivités locales, les chambres consulaires et la Caisse des dépôts. Le stockage énergétique et la géothermie profonde font également partie des axes de travail étudiés dans le cadre du projet de territoire.

Le projet se construit dans une dimension franco-allemande, avec le lancement d'une étude multimodale sur la reconstruction d'une liaison ferroviaire entre Colmar et Fribourg et le renforcement de la coopération économique transfrontalière. Sébastien Lecornu est d'ailleurs allé passer une journée outre-Rhin lors de son déplacement.

Une expertise en démantèlement nucléaire

De son côté, la région Grand Est souhaite implanter "un centre mondial de référence dans le domaine des énergies", dont un volet dédié au démantèlement nucléaire. Ce pôle de compétitivité rassemblerait de 100 à 150 chercheurs de haut niveau spécialisés dans le développement d'industries décarbonées et les technologies de démantèlement des centrales nucléaires : déconstruction, stockage et recyclage.

Cette piste pourrait également se déployer dans un contexte franco-allemand, puisque nos voisins auront quelques centrales à démanteler dans les prochaines années.

La fermeture de Fessenheim est en principe liée à la mise en service de l'EPR de Flamanville, du moins aux yeux d'EDF, qui entend maintenir le niveau de sa production nucléaire.

Mais les déboires se succèdent sur le chantier normand. Bien que la date de début 2019 soit officiellement maintenue par l'opérateur, depuis la découverte de défauts affectant certaines soudures et la nécessité de vérifier toutes celles qui ont été fabriquées par les mêmes sous-traitants, rien ne garantit qu'elle soit toujours envisageable. Aussi le secrétaire d'Etat a-t-il pris soin de préciser que la fermeture de Fessenheim était désormais actée, quel que soit le sort de Flamanville. Le prochain comité de pilotage est prévu en septembre prochain.

Dominique Pialot

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Commentaires 25
à écrit le 17/04/2018 à 19:50
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Le ridicule ne tue plus!! On arrête une centrale de deux réacteurs produisant chacun 900 MW et en échange le secrétaire d'état investit 300MW solaire qui vont produire environ 30 MW effectifs annuel, soit deux fois trente fois moins. A-til demandé au...

le 18/04/2018 à 16:22
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Un premier pas significatif serait de soumettre tous ces Politiques au « blame and shame » qu’ils veulent pratiquer si généreusement contre des entreprises privées !!!

à écrit le 17/04/2018 à 14:23
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La France avait acquis une compétitivité énergétique grâce à ses actifs nucléaires, et maintenant qu'ils sont amortis, on se dépêche de les mettre à la poubelle. La majorité du prix de l'énergie étant l'amortissement des coûts de l'actif de produ...

à écrit le 17/04/2018 à 11:31
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J'ignorais qu'il y avait autant de soleil dans le NE du pays que dans mon SE.

à écrit le 17/04/2018 à 11:25
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Si on se donnait la peine de demander son avis au principal intéressé, EDF, on saurait qu'il existe déjà un centre d'expertise du démantèlement nucléaire, à Lyon. Inutile donc de le dédoubler ou de le déplacer à Fessenheim, où il n'aurait aucune plus...

le 17/04/2018 à 11:55
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Avec Bachoubouzouc, obtenez votre diplôme d'ingénieur physicien en 8 lignes.

le 17/04/2018 à 12:53
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@ Max92420 Si vous avez un contre-argument étayé, on vous écoute...

le 17/04/2018 à 13:13
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Les principaux intéressés, a savoir les citoyens alsaciens, sont tres contents de la fermeture de Fessenheim et ne veulent surtout pas d'un risque EPR non géré une fois de plus.

le 17/04/2018 à 13:29
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@ Steph Allez dire ça aux citoyens et aux élus vraiment locaux. Quant au "risque EPR non géré", vous êtes une nouvelle fois dans le délire le plus complet : Le nucléaire est déjà parmi les (si ce n'est la) énergie(s) l(a)es moins dangereuse(...

à écrit le 17/04/2018 à 10:19
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faire du solaire en alsace, c'est aussi intelligent que faire un tgv paris gueret! et en hiver y a un plafond de nuages entre vosges et foret noire....... ca aurait ete plus intelligent de faire du solaire un peu plus au sud, non? est il prevu un pro...

le 17/04/2018 à 11:57
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Si vous vous étiez renseignés un tant soi peu sur le sujet, vous sauriez que les principaux projets de production solaire sont prévus dans le SE et le SO (environ 85% des capacités futures). Par ailleurs, dans le Haut Rhin, l'ensoleillement annuel es...

le 17/04/2018 à 12:58
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@ Max92420 L’Alsace n’est certes pas la face non-éclairée de la Lune, mais ça n’est pas pour autant une bonne idée de faire venir des panneaux de Chine pour produire une électricité intermittente à 120gCO2/kWh au moment où on en a le moins besoin...

à écrit le 17/04/2018 à 10:03
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Toute notre économie est basée sur l'énergie. Il faut appliquer la note n°6 du conseil d'analyse économique pour retrouver un équilibre économique au sein de l'Europe. Qui pourrait nous éclairer sur ce sujet? Notre prix Nobel d'économie est déjà favo...

le 17/04/2018 à 10:18
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"Nous sommes les seuls au monde à ne pas le comprendre. Pourquoi ?" les 190 autres pays du Monde pratiquent ce que vous préconisez (vs Prix Nobel] ? Ils taxent l'énergie ? Et ça fonctionne bien, c'est le "paradis" fiscal ? On taxe déjà notre énergie...

à écrit le 17/04/2018 à 9:53
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Fessenheim va devenir un musée , histoire du nucléaire en France depuis 1977 soit 41 ans de durée de vie pour les réacteurs de Fessenheim. On peut dire que la centrale de Fessenheim à bien fait son temps et qu'elle a été une belle reusssite technique...

le 17/04/2018 à 11:35
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A 11 libre. Pourquoi a votre avis il n'y a pas de projet d'EPR au Japon ? Merci de vos lumieres eclairees.

le 17/04/2018 à 14:08
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@matins calmes - Décision politique. Rien à voir avec la technique ! J’espère vous avoir éclairé.

à écrit le 17/04/2018 à 9:53
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Détruire plusieurs milliards d'euros de patrimoine public pour des petits arrangements politiques ...( et pour promouvoir le charbon )

à écrit le 17/04/2018 à 8:46
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"De son côté, la région Grand Est souhaite implanter "un centre mondial de référence dans le domaine des énergies", dont un volet dédié au démantèlement nucléaire" Oui voilà, exactement le même type d'information que l'on entendait il y a trente ...

le 17/04/2018 à 9:10
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Le centre mondial et le démonstrateur de démantèlement des réacteurs PWR existent déjà, ils se trouvent aux USA où la centrale de Maine Yankee, du même type que la plupart de nos réacteurs (dont Fessenheim), a été démantelé sans tambour ni trompette ...

le 17/04/2018 à 10:06
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On se demande bien pourquoi ils n'en parlent pas hein... Pourriez nous préciser l'action de cette boite américaine svp ? JE suppose qu'ils vont sur place non ? Que font il du combustible nucléaire ? Des équipements irradiés ? "Quant au pire accide...

le 17/04/2018 à 19:05
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Attention blasé Ce ne sont pas.mes russes qui stoppé la catastrophe mais bel et bien les Européens de l époque. Regardez les faits sur ce sujet. Pour preuve ce sont les français qui ont majoritairement construit le dome actuel. Et entre nous les ...

le 18/04/2018 à 9:19
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@citoyen : moi je regarde le nombre de victimes pour déterminer la pire catastrophe nucléaire. A Fukushima on n'a pas envoyé des "liquidateurs" à peine protégés se faire griller à pelleter des débris irradiés. Et le total des émissions de contaminan...

le 18/04/2018 à 9:33
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@citoyen : par ailleurs je ne faisais que rapporter un fait vérifiable : une centrale PWR, en tout point semblable à nos réacteurs genre Fessenheim, a été démantelée sans difficultés particulières aux USA, et donc le démantèlement de Fessenheim, pour...

le 18/04/2018 à 9:47
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"Attention blasé " Vous n'avez pas l'air de l'être vu que vous continuer à prêcher hein. "Ce ne sont pas.mes russes qui stoppé la catastrophe mais bel et bien les Européens de l époque. " Et ? Elle a bien été stoppée cette catastrophe non...

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