
Bonne nouvelle pour le système électrique français, le mois de janvier sera moins tendu que prévu. RTE, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité, a abaissé le niveau de risque de recourir à des coupures d'électricité programmées, que l'on appelle délestage. « Pour le début du mois de janvier, nous sommes passés d'un niveau de risque élevé de ⅘ à un niveau de risque moyen de ⅗ », a fait valoir Thomas Veyrenc, le directeur exécutive de RTE.
« Le risque est donc en diminution. Cela ne signifie pas un risque nul, cela signifie que les actions d'économies d'énergie sont impérativement à maintenir dans la durée pour que nous puissions garder cette cotation du risque », a-t-il toutefois prévenu.
Résultat, RTE estime que le signal Ecowatt rouge pourrait être activé entre 0 et 3 fois seulement au cours de la deuxième partie de l'hiver, contre jusqu'à 5 fois dans ses précédentes prévisions. Pour rappel, l'alerte Ecowatt est activée lorsque le système électrique est particulièrement tendu et que RTE anticipe de recourir à des coupures d'électricités organisées dans les trois jours à venir car l'offre d'électricité ne pourra pas répondre à la demande, sauf si des écogestes sont mis en place pour diminuer ces besoins en électricité. Pendant les fêtes de fin d'année, le recours à un signal Ecowatt rouge est, quant à lui, quasi nul.
Les trois raisons de la diminution du risque de coupures de courant
Cette détente s'explique par trois facteurs. Premièrement, par la une baisse significative de la consommation d'électricité, de l'ordre de 9% au cours des quatre dernières semaines, comparée à la moyenne observée sur la période 2014-2019. Deuxièmement, par le fonctionnement « très fluide des interconnexions ». Et, troisièmement, par le potentiel de production qui a « été renforcé à la fois sur l'hydraulique et le nucléaire avec un parc de réacteurs aujourd'hui disponible aux deux tiers », pointe le gestionnaire.
« La remontée de la disponibilité du parc nucléaire a eu lieu de manière conforme à nos prévisions du mois de septembre. La disponibilité du parc a dépassé 40 GW depuis le 12 décembre », a souligné le directeur exécutif.
Mais il rappelait toutefois :
« Cela reste une disponibilité qui est faible pour la saison et qui est en-dessous des minimas historiques. »
Les retards d'EDF n'aggravent pas la situation
Dans ce contexte toujours très sensible pour le parc nucléaire français, la baisse de la consommation électrique a été décisive.
Cette chute est particulièrement marquée du côté du secteur industriel (les entreprises ayant choisi d'annuler ou de reporter leur production en raison de l'envolée des prix) avec une baisse de 12% au cours des quatre dernières semaines.
Elle s'établit à -7% pour le tertiaire et le résidentiel. « Cela signifie que la baisse de la consommation d'électricité n'est pas une chimère. Elle est réelle, répartie et elle est significative », a insisté Thomas Veyrenc.
En revanche, contrairement à ce que nous aurions pu penser, les nouveaux retards et revers partagés ces derniers jours par EDF n'aggravent pas la situation attendue pour cet hiver par RTE. « Les déclarations d'EDF sur Remit ne modifient pas nos prévisions, c'est l'intérêt d'avoir une courbe probabiliste et c'est un point important », a souligné Thomas Veyrenc.
Ce week-end, l'électricien a, en effet, annoncé que deux réacteurs nucléaires (Penly 2 et Golfech 1) ne pourraient finalement pas redémarrer avant la fin de cet hiver.
« Nous appliquons une appréciation plus mesurée du risque. Nous n'avions jamais considéré que la centrale de Golfech travaillerait cet hiver. Nous appliquons des prudences sur les réacteurs qui font l'objet de contrôles ou de réparations pour cause de corrosion sous contrainte », a encore précisé le dirigeant.
Vers un hiver 2023/2024 moins tendu, malgré le changement de doctrine
Justement, en matière de corrosion sous contrainte (phénomène qui se traduit par des microfissures sur des tuyauteries et qui a conduit EDF à mettre à l'arrêt une quinzaine de réacteurs), l'électricien a décidé de changer de doctrine.
Le groupe, dont 100% du capital sera bientôt détenu par l'État, prévoyait initialement de réaliser en 2023 des contrôles sur six réacteurs de 1.300 mégawatts de type « P' 4 », avant de réaliser des travaux si cela s'avérait nécessaire.
Il passe désormais dans une logique préventive et prévoit, à présent, de remplacer systématiquement les tuyauteries menacées de microfissures.
Ce qui implique, au cours de l'année 2023, des arrêts de 5 mois et demi environ pour les six réacteurs concernés (Belleville 1 et 2, de Nogent 1 et 2, de Golfech 2 et de Cattenom 2).
Cette évolution de la doctrine d'EDF « ne change pas notre vision pour l'hiver 2023/2024 », a avancé le directeur exécutif de RTE.
Le gestionnaire du réseau s'attend, par ailleurs, à un hiver 2023/2024 moins tendu que l'hiver 2022/2023 pour le système électrique.
Ce qui n'est pas le cas en ce qui concerne le gaz, alors que les rapports alertant sur un risque de pénurie l'hiver prochain se multiplient.
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