GOCO2 veut décarboner l’industrie du Grand Ouest

Avec l’objectif de capter 2,6 millions de tonnes de CO2 par an en 2030 et un investissement de 1,7 milliard d’euros, ce devrait être le plus important projet de captage, de stockage et d’exportation de CO2 dans le Grand Ouest. Porté par six industriels dont deux cimentiers implantés dans les Pays de la Loire, le projet GOCO2 a d’ores et déjà reçu le soutien de la région et du Grand Port Maritime de Nantes-Saint-Nazaire.
Les initiateurs de GOCO2 (Elengy, GRTgaz, Lafarge, d’Heidelberg Materials; Lhoist, et TotalEnergies) ont lancé leur projet de décarbonation de l'industrie du Grand Ouest à la région des Pays de la Loire, le 10 juillet dernier.
Les initiateurs de GOCO2 (Elengy, GRTgaz, Lafarge, d’Heidelberg Materials; Lhoist, et TotalEnergies) ont lancé leur projet de décarbonation de l'industrie du Grand Ouest à la région des Pays de la Loire, le 10 juillet dernier. (Crédits : Frédéric Thual)

Ce n'est pas la panacée mais c'est un moyen identifié par le gouvernement pour atteindre les objectifs climatiques et contribuer à une certaine forme de décarbonation de l'industrie, principale émettrice de CO2. Lancée en juin par la première ministre Elisabeth Borne, la stratégie de Captage, d'Utilisation et de Séquestration du Carbone (CCUS) doit permettre de capter les émissions résiduelles incompressibles des industriels. «Cette stratégie apporte un levier là où les solutions de décarbonation n'existent pas et permet d'accélérer en captant les émissions de carbone le temps que l'industriel puisse mettre en œuvre des solutions plus pérennes », rappelait Agnès Pannier Runacher, ministre de la transition énergétique. Ça a le mérite d'être clair.

Premier contributeur à la baisse des émissions de gaz à effet de serre en réduisant de moitié ses émissions entre 1990 et 2000, le secteur industriel n'est, cependant, pas au bout de ses peines. « L'industrie doit poursuivre ses efforts et passer de 72 millions de tonnes de CO2 d'émissions en 2022 à 45 CO2 en 2030 », dit-elle. La mise en œuvre des CCUS pourrait alors permettre de capter 4 à 8 millions de tonnes de CO2 par an à horizon 2030, et entre 15 et 20 millions de tonnes de CO2 à horizon 2050 pour satisfaire aux exigences climatiques.

Les cimenteries en première ligne

C'est dans ce contexte qu'est né le projet GOCO2, présenté le 10 juillet dernier, par Elengy, exploitant de trois terminaux méthaniers à Montoir de Bretagne et à Fos Cavaou et Fos Tonkin sur la Méditerranée, par GRTgaz qui contribuera au projet en fournissant ses réseaux de canalisation, Heidelberg Matérials, l'un des leaders mondiaux des matériaux, le cimentier Lafarge, Lhoist, l'un des leaders mondiaux de la production de chaux et Total Energies. Tous les quatre étant les principaux émetteurs de gaz à effet de serre dans les Pays de la Loire. « En France, une cinquantaine d'industriels a été identifiée comme étant les plus émetteurs dont une vingtaine de cimenteries ou de producteur de chaux», a rappelé Bruno Pillon, Président Bruno Pillon, Président des activités France d'Heidelberg Materials, pour qui GOCO2 est un projet clé pour décarboner l'industrie du ciment et de la chaux dans les Pays de Loire. « Si un tiers des émissions peut être éliminé en intervenant sur les combustibles utilisés, les deux tiers des émissions sont liées au process. Mais plus de 90% des émissions séquestrées grâce au projet GOCO2 seront des émissions non « abattables » par d'autres alternatives technologiques que le captage de CO2. C'est donc un véritable projet de territoire qui va nous permettre de décarboner notre cimenterie d'Airvault dans les Deux-Sèvres dans laquelle nous venons d'investir 285 millions d'euros », dit-il.

Transporter et exporter jusqu'à 4 millions de tonnes.

D'ores et déjà, soutenu par la Région des Pays de la Loire et le Grand Port Maritime de Nantes Saint-Nazaire (GPMNSN) qui pourrait mettre à disposition des installations, le projet GOCO2, devraient mener des études techniques et d'ingénieries, rechercher des ressources financières entre 2023 et 2026 pour une décision d'investissement prise en 2027. Suivra trois années de construction pour une mise en service en 2030. Pour les fondateurs du projet, l'objectif de développer un programme d'investissement permettant le captage du CO2 sur les sites industriels, son acheminement par canalisation jusqu'au terminal d'export maritime de Saint-Nazaire à destination des zones de stockage géologique permanent. Là, on n'en sait pas plus l'instant, si ce n'est que la capacité de stockage est estimée à 2,6 millions de tonnes par an à l'horizon 2030. La mise en œuvre de ce processus industriel, présenté comme le projet de décarbonation le plus important de l'Ouest de la France en volume de CO2 capté et transporté, pourrait à terme transporter et exporter jusqu'à 4 millions de tonnes par an de CO2 en 2050, soit plus de 75% des émissions industrielles du Grand-Ouest de la France. Surtout, la capillarité du réseau offert par GRT gaz pourrait permettre à des industries plus modestes de se greffer sur ce réseau d'un nouveau genre. « Nous exporterons du CO2, mais avant que les modèles émergent, nous aurons besoins de soutien politique et financier », a souligné, sans ambiguïté, Nelly Nicole, directrice générale d'Elengy, à l'attention de la présidente de région, Christelle Morançais, qui s'est dit encline et mobilisée pour défendre ce projet, chiffré à hauteur de 1,7 milliard d'euros. En s'intégrant dans le tissu local, les instigateurs de GOCO2 revendiquent d'en faire un atout pour attirer de nouveaux sites industriels sur le territoire en offrant une infrastructure de décarbonation. A défaut d'accueillir des industries totalement vertes, sans doute.

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Commentaires 3
à écrit le 17/07/2023 à 7:12
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2023 et toujours pas de diversité sur les photographies déjà rien qu'une seule femme.

le 17/07/2023 à 14:54
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C'est un processus lent, y a pas si longtemps, y en aurait eu aucune (comme photographe donc invisible sur la photo, pas certain non plus). A une époque les harpistes étaient quasi tous des hommes (quand Lili Lasjkine était étudiante) et de nos jours...

le 18/07/2023 à 8:25
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"C'est un processus lent" C'est marrant comme tout ce qui est vertueux est lent et tout ce qui est désastreux est immédiat ? Et c'est encore plus marrant que jamais tu n'abordes cette thématique pourtant adaptée à ta sémantique non ?

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