La Métropole de Rouen rachète la Chapelle Darblay avec l'objectif de la revendre à Veolia

Après avoir préempté le site de la papèterie Chapelle Darblay pour empêcher son démantèlement, la Métropole de Rouen acte le rachat de ses machines. Objectif : revendre l’ensemble au consortium formé par Veolia et Fibre Excellence.
Grâce à cette énorme machine de 120 mètres de long, l'usine dispose d'une capacité de recyclage annuelle de 480.000 tonnes de papier et carton, correspondant au tri de 24 millions de français.
Grâce à cette énorme machine de 120 mètres de long, l'usine dispose d'une capacité de recyclage annuelle de 480.000 tonnes de papier et carton, correspondant au tri de 24 millions de français. (Crédits : DR)

Sauf à ce que la justice administrative vienne contrarier son plan, la Métropole de Rouen Normandie (MRN) deviendra, d'ici à quelques semaines, propriétaire d'un mastodonte industriel. Rien moins que le plus grand site français voué au recyclage du papier de nos « poubelles jaunes ». L'opération s'est déroulée en deux temps. Le 11 février, son président Nicolas Mayer Rossignol avait annoncé avoir préempté les biens immobiliers de la papèterie Chapelle Darblay. Mardi soir, les élus rouennais ont allumé le second étage de la fusée destinée à empêcher sa vente au consortium Samfi Paprec et, au passage, le démantèlement de cette usine que tout le monde s'accorde à considérer comme un modèle d'économie circulaire.

Après les murs, les machines

A la faveur d'un accord intervenu avec son propriétaire le finlandais UPM, ils ont entériné par un vote unanime l'acquisition des équipements nécessaires à son exploitation : machines de production, pièces détachées, stocks... Le tout pour un montant total de 3,6 millions d'euros qui s'ajoute aux 6 déjà réservés pour la préemption. Un recours en justice des acheteurs écartés (ou d'autres) semblant peu vraisemblable à ce stade, la transaction devrait devenir effective le 11 juin au plus tard, au terme du délai légal. La collectivité n'entend pas, pour autant, conserver cet actif encombrant dans son patrimoine.

« Il n'est pas question que la Métropole devienne papetier, rappelle son président. Si nous achetons, c'est pour revendre et si possible dans la même journée ».

Deux acheteurs sur les rangs

Si l'intéressé adopte des propos rassurants, c'est que les négociations en vue d'un rachat éventuel progressent bien avec le consortium formé par le spécialiste français du recyclage Veolia et le papetier canadien Fibre Excellence. Ces derniers ont fait officiellement connaître leur intérêt pour le site dans un courrier parvenu au siège de la Métropole fin février. « Ils ont un projet solide et crédible avec un montant d'investissement de plus de cent millions d'euros », insiste Abdelkrim Marchani, vice-président de la MRN en charge de l'économie. Le montage est appuyé en coulisses par le ministère de l'économie. Après avoir longtemps tergiversé, Bercy s'est rallié à la cause. L'exécutif rouennais évoque d'ailleurs un soutien possible de la BPI. Reste à convaincre d'autres banques publiques ou privées de monter dans le train.

Si l'issue est favorable, la Métropole de Rouen pourra se vanter d'avoir mené à bien une opération qui a peu de précédent dans l'histoire de l'industrie française. Pourrait-elle faire école ? Difficile de l'affirmer. « Si nous n'avions pas eu d'alternative industrielle, le pari aurait été beaucoup trop hasardeux », reconnaît Nicolas Mayer Rossignol. Pour le député communiste de Seine-Maritime Hubert Wulfranc en revanche, la décision volontariste de la collectivité rouennaise aura valeur d'exemple. « Elle pose la question de l'arsenal législatif dont doit se doter la nation, au-delà de la loi Florange », soutient-il. Dont acte.

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