En rachetant Monoprix, Casino devra-t-il céder des magasins dans Paris ?

L'Autorité de la Concurrence examinera avec vigilance l'impact du rachat de Monoprix par Casino. Notamment à Paris. Le groupe de Jean-Charles Naouri se retrouve à la tête d'un réseau de plus de 460 magasins dans la capitale. Ses concurrents sont à l'affût.
Reuters

Qu?en dira l?Autorité de la Concurrence ? Casino s?apprête à reprendre 100% de l?enseigne Monoprix. Le groupe de Jean-Charles Naouri et les actionnaires familiaux de Galeries Lafayette viennent de signer un protocole d?accord. Il prévoit la cession de la part des Galeries Lafayette à Casino d?ici au 30 octobre 2013. Casino devra débourser 1,233 milliard d?euros au total pour racheter les 50% que détenait la famille de Ginette Moulin, héritière d?un fondateur des Galeries Lafayette. Le montant de l?opération comprend le prix de 1,175 milliard d?euros, auquel s?ajoute environ 58 millions d?euros supplémentaires au titre de dividende de l?exercice 2012, selon un porte-parole des Galeries Lafayette.

Un réseau de 440 magasins en France

Ce rachat permet à Casino de consolider à 100% une enseigne très rentable. A la tête de 3,9 milliards d?euros de chiffre d?affaires, Monoprix a dégagé 286,8 millions de résultat opérationnel en 2011, soit une marge de 7,2%. Une performance à rapprocher des 3,7% qu?atteignent les magasins Casino, Franprix et Leader Price en France. Le réseau des 440 magasins Monoprix est aussi d?une exceptionnelle qualité. L?enseigne est présente dans les plus belles artères des grandes agglomérations, de Nice à Strasbourg, et sur les plus belles adresses de Paris. A tel point que, en plein bras de fer entre Casino et Galeries Lafayette pour évaluer les 50% détenus, le patrimoine immobilier de Monoprix était déjà estimé à 1,3 milliard d?euros.

Position dominante

Mais Casino devra-t-il renoncer à une part de ce pactole ? L?opération est soumise à l?aval de l?Autorité de la Concurrence. Les sages de la rue de l?Echelle examineront avec vigilance l?impact de ce rachat sur la part de marché en valeur de Casino. Leur attention se portera plus particulièrement sur Paris. "Il risque d'y avoir rapidement des problèmes de concurrence", note Karl Ghazi, secréaire général de la CGT Commerce à Paris.

Saisie pour avis par la municipalité parisienne, l?Autorité de la Concurrence avait déjà tiré la sonnette d?alarme sur la place qu?occupe Casino dans le marché parisien de la distribution alimentaire. C?était il y a six mois seulement. A la lecture de son avis du 11 janvier 2012, son opinion semble faite sur la position dominante du groupe de Jean-Charles Naouri. « Le groupe Casino [?] occupe ainsi à Paris un poids prépondérant de 61,7% en part de surfaces de vente et de 57% à 66% en part de chiffre d?affaires », avait calculé l?Autorité de la Concurrence, en tenant compte précisément de la participation de Casino dans Monoprix. Pire : dans 11 quartiers de Paris, Casino détiendrait 80% des points de vente alimentaires de plus de 400 m².

2,3 milliards d?euros de chiffre d?affaires dans Paris

Casino avait immédiatement contesté ces chiffres. « La valeur de marché de 3,7 milliards d?euros retenue n?est pas représentative de la consommation alimentaire des parisiens », avait affirmé le groupe, en estimant ce marché à 6 milliards d?euros. Le groupe indiquait alors réaliser 2,3 milliards d?euros de ventes à Paris, en y incluant 100 % des magasins Monoprix.
A l?époque, l?Autorité de la Concurrence avait fait aveu d?impuissance. Elle ne constatait pas d'abus de position dominante. Et elle regrettait que la loi de modernisation de l?économie ne lui accorde pas de pouvoir d?injonctions. Cette fois, la situation est tout autre. L'autorité a le contrôle des concentrations. En cas d'atteinte à la concurrence, la loi lui accorde alors le pouvoir d'imposer des cessions d'actifs.

90 jours de délai

Les sages de la rue de l?Echelle pourraient exiger la cession par Casino de magasins à ses concurrents. Carrefour, Dia, Simply Market et autres Auchan sont à l?affût. Dans Paris, les rendements au mètre carré de Carrefour atteignent des records. La Ville de Paris verrait un changement d'enseigne d?un bon ?il. « Il nous faut un meilleur équilibre entre les enseignes et les groupes de distribution pour que les Parisiens aient le choix entre les marques et les prix », avait alors déclaré à La Tribune Lyne Cohen-Solal, adjointe au Maire de Paris, chargée du commerce. Mais le jeu de chaises musicales à Paris n?est pas pour demain. Une fois la cession notifiée à l?Autorité de la Concurrence, les juges ont un délai de 90 jours pour se prononcer.

 

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Commentaire 1
à écrit le 29/06/2012 à 22:36
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ils sont tombes d'accord apres une guerre de tranchée ou leur vision de la valeur de monp allait du simple au double, qui a gagné? casino reprochait a monopris d'etre trop cher ce qui pourrait lasser les consommateurs, vont il baisser les prix :) per...

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