Le PDG de Casino dément toute cession du groupe à Carrefour et Amazon

Le patron du groupe Casino Jean-Charles Naouri a démenti toute cession, même partielle, du distributeur à Carrefour et Amazon, dans un entretien accordé au Financial Times (FT) ce mercredi 3 octobre. Dans le même temps, il a dénoncé le comportement "étrange" des hedge funds [les fonds d'investissement non cotés à vocation spéculative] qui spéculent contre le groupe. Malade de sa dette et engagé dans un ambitieux plan de cessions d'actifs, Casino a vu son titre chuté de 29% depuis le début de l'année.
Pour Jean-Charles Naouri, le Pdg de Casino, le groupe est sur la voie du désendettement.
Pour Jean-Charles Naouri, le Pdg de Casino, le groupe est sur la voie du désendettement. (Crédits : Reuters)

Pour faire taire les spéculations à la baisse sur le titre du groupe, mais aussi les critiques sur son plan de cessions d'actifs, le patron de Casino sort de sa réserve. Dans une interview accordée au Financial Times (FT) ce mercredi, Jean-Charles Narouri a d'abord récusé tout rapprochement avec Carrefour. Dans un communiqué, le distributeur stéphanois Casino-Guichard avait en effet mis le feu au poudre fin septembre en indiquant avoir rejeté les sollicitations de "rapprochement" en provenance de Carrefour. Ce dernier avait aussitôt démenti, dénonçant des "insinuations inacceptables".

Or, les deux distributeurs côtés à la Bourse de Paris avaient bien échangé autour d'un rapprochement le 12 septembre dernier, mais les discussions ont vite capoté. Les deux parties se sont ensuite renvoyées mutuellement l'initiative de cette réunion, communiquant des informations contradictoires aux investisseurs.

Concernant Amazon, aucune cession, de tout ou partie, de Casino n'est envisagée

Dans le même temps, Jean-Charles Naouri a tué dans l'œuf l'hypothèse d'une cession, même partielle, de son entreprise au géant Amazon, avec qui il a annoncé un partenariat dans l'alimentaire fin mars pour son enseigne Monoprix. Il juge que les premières ventes de Monoprix ont été "bien supérieures à ce que [le groupe] attendait" et ont permis au distributeur de toucher les 97% de clients français d'Amazon qui n'étaient pas encore clients de Monoprix.

"C'est profitable pour nous et il n'y a pas de cannibalisation (...) La marge commerciale de Monoprix est telle qu'il est possible d'en prendre une partie afin de financer la livraison et de rester rentable".

Par ailleurs, Casino n'a pas davantage l'intention de céder Monoprix. "Nous ne voulons pas vendre les bijoux de famille", déclare-t-il.

Le groupe est sur la voie du désendettement

Pour réduire sa dette et regagner la confiance des investisseurs, le groupe a lancé en juin un deuxième plan de cessions d'actifs en deux ans, pour 1,5 milliards d'euros, avant de voir sa note de crédit à nouveau dégradée par l'agence Standard & Poors. Et à en croire Jean-Charles Naouri, "la moitié de cet objectif est atteint."

L'immobilier est clairement un des leviers privilégiés. Il y a quelques jours, le groupe a dit avoir signé le 28 septembre une promesse de vente en vue de céder les murs de 55 magasins Monoprix à un investisseur institutionnel de premier plan, pour un produit net de 565 millions d'euros. Et avec la cession déjà réalisée de 15% de la foncière Mercialys, les opérations réalisées au titre du plan de désendettement du groupe s'élèvent à 778 millions d'euros.

D'autres actifs non stratégiques pourraient être cédés d'ici à la fin de l'année. Mais le cœur de l'activité de Casino en France ne serait pas inclus dans ce programme. Le groupe entend réduire sa dette nette d'un milliard d'euros en France à 2,7 milliards d'euros d'ici fin 2018.

Lire aussi : Casino va céder les murs de 55 magasins Monoprix, l'action bondit

Un schéma "anormal" de positions à la vente sur le titre

Attaqué par le fonds Muddy Waters fin 2015 pour manque de transparence et accumulation de dettes, Casino avait également été contraint de céder ses très rentables actifs asiatiques en 2016. Mais rien n'y fait : l'action accuse une chute de près de 29% depuis le début de l'année pour une capitalisation boursière de 3,96 milliards d'euros.

Toujours dans les colonnes du Financial Times, le patron de Casino dit avoir identifié un "phénomène étrange", suivant lequel le nombre d'actions Casino prêtées augmente de manière spectaculaire un certain jour avant la publication quelques jours plus tard d'une note négative d'un analyste entraînant une chute de l'action. Puis des hedge funds [des fonds d'investissement non cotés à vocation spéculative, ndlr] ayant juste auparavant "shorté" le titre vendent et en tirent profit.

"Nous avons 18 hedge funds qui nous 'shortent', ce qui fait que notre action est probablement la plus 'shortée' d'Europe", dit-il, en référence aux positions vendeuses des investisseurs, qui parient sur la baisse du cours d'une action. "Certains fonds n'ont que six mois ; d'autres n'ont qu'une position 'short', c'est-à-dire nous ; l'un d'entre eux n'a que cinq employés. Et c'est donc assez inhabituel. Ils le font à leurs risques et périls", poursuit-t-il.

Selon lui, ce schéma s'est produit au moins quatre fois au cours des trois derniers mois. "C'est quelque chose qui est assez anormal (...) Cela soulève des questions".

Une succession qui se fera en interne

À 69 ans, Jean-Charles Naouri déclare aussi au sujet de sa succession qu'elle se fera en interne. Il juge que le groupe dispose de candidats solides à la tête de certaines de ses activités, notamment Monoprix et Franprix.

"Pour le moment, je pense qu'il est important que je sois à la barre", dit-il. "La bataille a été plutôt rude au cours des derniers mois. Je pense que c'est un plus pour le groupe que je puisse le gérer face à tous les défis auxquels nous sommes confrontés".

(avec Reuters)

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