Les pharmaciens alertent sur leur situation économique "catastrophique"

Dans un texte au gouvernement, les acteurs du secteur réclament un "cadre économique clair" en vue de la négociation de la convention nationale pharmaceutique. La rémunération des pharmacies officines continue à plonger en ce début d'année, déplorent les signataires.
La situation économique entraîne des "fermetures brutales et remet en cause le maillage territorial" des 22.350 officines et menace leurs emplois, souligne le manifeste.

Les organisations du secteur des pharmacies d'officines ont décidé de ne faire qu'un pour l'occasion. L'ordre national des pharmaciens, des syndicats d'officines, des associations étudiantes et de défense de la profession lancent mardi un manifeste pour que soient prises en compte les "difficultés" économiques du secteur et pour demander une "réforme" de leur métier.

Les neuf organisations signataires dont les deux principaux syndicats des pharmaciens (FSPF, USPO), la Chambre syndicale des groupements et enseignes de pharmacies (Federgy), l'Association de pharmacie rurale (APR) et l'Ordre interpellent le gouvernement sur la situation "économique catastrophique" de leur secteur.

"La rémunération des pharmacies d'officine est en forte diminution pour la deuxième année consécutive. La perte s'accélère encore en 2016 avec une chute de plus de 2% sur les quatre premiers mois de l'année", écrivent les signataires.

"Fermetures brutales" et "remise en cause du maillage territorial"

Une situation qui entraîne des "fermetures brutales et remet en cause le maillage territorial" des 22.221 officines et menace leurs emplois, souligne le manifeste, rappelant que ces commerces salarient 120.000 personnes et 6.500 apprentis.

"La pharmacie est bien souvent le seul poste avancé du système de santé et créateur d'emplois qualifiés dans les zones rurales et les quartiers difficiles", souligne la profession qui fait part de sa volonté de "réforme".

Le manifeste appelle "le gouvernement à s'engager avant le Projet de loi de finance de la Sécurité sociale (présenté à l'automne NDLR) pour fixer un cadre économique clair, indispensable avant l'ouverture de la négociation de la convention nationale pharmaceutique"

L'enjeu de la rémunération des pharmaciens

Comme les médecins, les pharmacies ont rendez-vous avec l'Assurance maladie pour signer avant mai 2017 une nouvelle convention fixant leur rémunération et régissant leur installation pour cinq ans.

Les signataires demandent que leur rémunération soit "adaptée" aux nouvelles missions qui pourraient leur être confiées comme les actions de prévention et de dépistage ou la coordination entre les différents professionnels de santé.

Ils souhaitent également que leur place dans l'observance et le bon usage du médicament soit "confortée" et leur rôle auprès des personnes âgées "renforcé".

L'Ordre national des pharmaciens (CNOP) s'était inquiété en mai de la situation des officines dans laquelle exercent près de trois pharmaciens sur quatre (les autres travaillant dans des laboratoires de biologie ou des établissements de santé).

Dans son étude, le CNOP avait relevé une accélération des fermetures d'officines (une tous les deux jours en 2015 contre un jour sur trois en 2014) et une concentration du secteur. Il avait également fait part de sa crainte face au vieillissement attendu de la profession, alors que la proportion d'étudiants en pharmacie qui choisissent la filière en officine diminue.

Ne plus être de simples vendeurs de médicaments

Si chaque jour, 5 millions de Français se rendent dans une pharmacie, ces dernières pâtissent de pression sur les marges et sur les prescriptions des médecins. Elles font également face à la concurrence des parapharmacie, créneau sur lequel Leclerc a accéléré, en lançant un site internet dédié mardi 10 mai.

Lors d'un colloque intitulé "Qualité et Pharmacie d'Officine", en mai, plusieurs acteurs avaient lancé des pistes pour redynamiser le secteur et ne plus se focaliser sur le rôle de "vendeurs de médicaments".

(J-Y.P avec AFP)

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Commentaires 8
à écrit le 06/07/2016 à 11:07
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Salaire de rien,comme ça : Dans un article publié en ligne, le journal Le Monde détaille le palmarès des plus grosses rémunérations pour les professions réglementées, tiré d’un rapport de l’Inspection générale des finances. Le revenu net mensuel ...

à écrit le 06/07/2016 à 10:24
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La santé subventionnée par la sécurité sociale en étant au stade des politiques d'austérité draconiennes cela semble logique. Il y a de moins en moins de médicaments remboursés et surtout de moins en moins de gens possédant une mutuelle voir même la ...

à écrit le 06/07/2016 à 6:37
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Le remboursement des ventes était jadis garanti par la sécurité sociale et les mutuelles, donc par les contribuables. Lorsque la rémunération des pharmaciens, basée sur une marge commerciale de vente des médicaments, était satisfaisante voire confo...

à écrit le 05/07/2016 à 23:57
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Devant une telle situation catastrophique, tiens, j'ai vraiment envie de pleurer.... Il va falloir passer de la MERCEDES à l'AUDI...La décadence.... Heureusement qu'on peut encore acheter des vêtements de marque fabriqués par des enfants au Vietn...

à écrit le 05/07/2016 à 23:38
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Peut-être y a-t-il "pas assez de prescriptions", "pas assez coûteuses", moins de malades ? Mais je crois que c'est tout ce qui est annexe qui faisait les bénéfices (prix libres) de l'officine. Mais il parait qu'ils ont une personne dédiée à la gestio...

à écrit le 05/07/2016 à 17:50
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Comme le dit l'adage, "les conseilleurs ne sont pas les payeurs". On aimerait que le rôle de conseil ne soit pas de préconiser le produit où il y a le plus de marge...

à écrit le 05/07/2016 à 17:14
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Les pharmacies à plaindre SINCEREMENT sont celles endettées, par un vendeur en médicaments ayant acheté son fonds ces 15 dernières années pour une fortune dépréciée à présent de 60%. Leurs prédécesseurs ont fait de l'Or durant tout le siècle passé ju...

à écrit le 05/07/2016 à 16:21
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l'article ne dit pas tout , il me semble... les pharmacies faisaient une grosse partie de leur chiffre d'affaire en parapharmacie. Quand les gens n'ont plus d'argent, ce poste saute. La pharmacie va redevenir ce qu'elle aurait toujours du être :...

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