Après le cataclysme du Covid-19, le secteur du tourisme aborde avec flegme le Brexit

Très éprouvés par la pandémie de Covid-19, les acteurs français du tourisme voient pour l'instant le Brexit comme un problème secondaire, même si certains éléments, comme la dépréciation de la livre sterling, suscitent de l'inquiétude.
Photo d'illustration. Les Britanniques, première clientèle internationale de la France, étaient 13 millions à avoir visité le pays en 2019, avant que la crise sanitaire ne stoppe brutalement les déplacements.
Photo d'illustration. Les Britanniques, première clientèle internationale de la France, étaient 13 millions à avoir visité le pays en 2019, avant que la crise sanitaire ne stoppe brutalement les déplacements. (Crédits : DENIS BALIBOUSE)

La fin de la période de transition, ce 31 décembre, va ouvrir un nouveau chapitre dans les échanges touristiques entre le Royaume-Uni et la France, mais les professionnels du secteur restent globalement confiants.

"Il ne va pas y avoir d'arrêt net", juge Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage, le syndicat représentant les voyagistes français.

Les Britanniques, première clientèle internationale de la France, étaient 13 millions à avoir visité le pays en 2019, avant que la crise sanitaire ne stoppe brutalement les déplacements.

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Pour certaines régions, les touristes venus du Royaume-Uni sont même essentiels. La Dordogne, la Côte d'Azur, Paris ou les côtes normandes et bretonnes sont "les plus dépendantes", d'après Didier Arino, directeur du cabinet spécialisé Protourisme.

"Ma clientèle est à 90% britannique", confirme Gérard Pariset, propriétaire de deux gîtes en Dordogne. Optimiste, il pense que le Brexit ne les dissuadera pas de revenir, et s'inquiète plutôt des restrictions sanitaires sur sa clientèle âgée, 65 ans en moyenne.

"On a du mal à anticiper ce que ça pourra être, tellement on est préoccupés par le Covid-19", avance de son côté Christian Giordano, propriétaire de l'hôtel Le Florian et vice-président du Syndicat des Hôteliers de Cannes et du bassin cannois.

Pas de visa pour les courts séjours

Il se dit toutefois soulagé par la signature d'un accord post-Brexit entre le Royaume-Uni et l'Union Européenne, le 24 décembre: "on souffle, ça aurait pu être pire".

De fait, même si la libre circulation s'arrête, un visa ne sera pas nécessaire pour tout voyage de moins de trois mois. "La capacité de mobilité restera réelle", explique Gwenaëlle Delos, directrice pour le Royaume-Uni et l'Irlande d'Atout France qui promeut le tourisme hexagonal à l'étranger.

L'accord "va rassurer les Britanniques sur leur capacité à voyager", espère Mikaël  Quilfen, directeur marketing de Siblu, exploitant de 21 campings haut de gamme en France. La clientèle d'outre-Manche représente 11% du chiffre d'affaires de l'entreprise.

Nombreux à avoir annulé leurs séjours cette année, les Britanniques ont déjà "massivement utilisé" leurs bons d'achat pour 2021, un bon signal, selon lui.

Préparer l'après Covid-19

Une des inquiétudes majeures reste la dépréciation de la livre sterling depuis l'annonce du Brexit qui entraîne une baisse du pouvoir d'achat. Avec une monnaie plus faible, "les Anglais pourraient être tentés de rester chez eux", analyse Jean-Pierre Mas.

"Ça peut vite coûter très cher si le taux [de change] ne leur est pas favorable", s'inquiète Cécile Ferrando, directrice communication et promotion de Val-d'Isère Tourisme. Au total, 42% des clients de la station de ski savoyarde sont anglais: "c'est notre marché prioritaire", assure-t-elle.

Mme Ferrando pointe aussi le problème des chalets ou appartements avec services, ces formules comprenant logement et personnel de maison, populaires chez les Britanniques, qui représentent près de 12% des lits commercialisés dans la station.

En employant du personnel britannique détaché en France pour s'occuper du ménage, des enfants ou de la cuisine, les tour-opérateurs pouvaient garantir un prix raisonnable, accessible à la classe moyenne anglaise.

Mais dès janvier, ils devront appliquer le droit du travail français, avec des prix plus élevés. Cette saison, les tour-opérateurs britanniques ont déjà abandonné 35% des lits qu'ils louaient à Val-d'Isère, principalement à cause de la pandémie, mais aussi en anticipant le Brexit, assure Mme Ferrando.

"L'envie de voyager post-Covid peut très bien effacer les difficultés du Brexit", veut croire Jean-Marc Roué, président de Brittany Ferries. En 2020, la compagnie maritime n'a transporté que 710.000 passagers, contre 2,5 millions en 2019. Mais il est persuadé que quand les restrictions seront levées, "les Britanniques repartiront".

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Atout France, qui fait le même pari, s'apprête ainsi à lancer une campagne de communication au Royaume-Uni pour que les Anglais viennent à nouveau arpenter les régions françaises dès que la situation sanitaire le permettra.

Car, selon Gwenaëlle Delos, "la France a un atout, c'est son accessibilité, notamment en voiture".

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Commentaires 2
à écrit le 01/01/2021 à 13:23
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Belle photo de Zermatt avec le Mont Cervin. Une des nombreuses stations ouvert en ce début d'année un peu particulière.

à écrit le 31/12/2020 à 13:51
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C'est un peu comme si vous vous bruliez avec un chalumeau, se brûler ensuite avec un simple briquet ne fait quasiment rien. Or il est bien évident que les plus grosses contraites économiques et sociales le sont du fait du covid.

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