La construction du gigantesque aéroport d’Istanbul suspendue ?

Le projet de construction à Istanbul du "plus grand aéroport du monde", cher au Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, a viré mardi à la polémique après la décision d'un tribunal d'en suspendre les travaux, aussitôt rejetée par le gouvernement.

Appelé à devenir le plus grand aéroport du monde, l'aéroport d'Istanbul refait parler de lui. Après la controverse qui avait suivi la décision de le lancer (peu de temps après la signature par Aéroports de Paris d'un chèque d'environ 700 millions d'euros pour acheter 38% du capital de TAV, le gestionnaire de l'aéroport actuel d'Istanbul Atatürk, appelé à fermer ses portes au moment de l'ouverture des portes du nouvel aéroport), le projet de construction à Istanbul du "plus grand aéroport du monde", cher au Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, a viré mardi à la polémique après la décision d'un tribunal d'en suspendre les travaux, aussitôt rejetée par le gouvernement.

Etude d'impact peu convaincante

Lancé en grande pompe il y a quelques mois, ce chantier pharaonique a connu un premier revers juridique avec la décision, rendue le 21 janvier, d'un tribunal administratif stambouliote, qui a ordonné l'arrêt des travaux en jugeant l'étude d'impact environnementale versée au dossier peu convaincante. Conformément à la requête d'une association de riverains et d'un groupe d'ONG de défense de la nature qui les avaient saisis, les juges ont demandé, selon les médias turcs, une nouvelle étude pour évaluer les dégâts causés par le chantier, avant de rendre un avis définitif sur le projet, probablement pas avant un an.

Appel du gouvernement turc

Très contrarié, le gouvernement turc a immédiatement annoncé son intention de faire appel de la décision de la justice, et de conduire le projet à son terme.

"Notre aéroport sera construit sans interruption, ni pause (...) personne ne doit croire que cet aéroport qui assurera une renommée mondiale à la Turquie ne verra pas le jour. Ce projet sera mené à son terme, quoi qu'il arrive", a déclaré devant la presse le ministre de l'Environnement, Idris Gulluce.

"Cette décision n'est qu'une suspension provisoire dans l'attente d'une étude environnementale", a renchéri son collègue des Transports, Lutfi Elvan, "elle n'affectera en aucun cas la construction de l'aéroport".

2,5 millions d'arbres pourraient être abattus

Destiné à remplacer à partir de 2018 l'actuel aéroport international Atatürk saturé, cet aéroport géant doit être construit dans une vaste zone boisée du nord-ouest d'Istanbul, au bord de la mer Noire, proche des dernières sources d'eau de la ville. En présentant le projet, le gouvernement avait évalué à 2,5 millions le nombre d'arbres susceptibles d'être abattus pendant le chantier. Dans la foulée de la décision de la justice, les ONG écologistes sont remontées au créneau mardi contre ce chantier.

"Lorsque nous n'aurons plus d'eau, ce n'est pas le troisième aéroport qui va nous ne fournir", a déploré mardi à l'AFP le président de la chambre des ingénieurs de l'environnement d'Istanbul, Baran Bozoglu, "tout ceci est un massacre environnemental"

Un projet colossal

Doté de six pistes, la nouvelle infrastructure a pour ambition d'accueillir à terme 150 millions de passagers par an, ce qui en ferait l'un des plus grand aéroport du monde, largement devant l'actuel numéro 1 Atlanta (plus de 90 millions de passagers en 2012), mais au même niveau que le nouvel aéroport de Dubai (il prévoit 160 millions de passagers par an), ou encore de Changi à Singapour qui prévoit une forte augmentation de capacités.

Lire ici : pourquoi la Turquie construit le plus grand aéroport du monde

La construction et l'exploitation pendant vingt-cinq de ce troisième aéroport d'Istanbul a été accordée en mai 2013, à l'issue d'un appel d'offres, à un consortium d'entreprises turques (Limak, Cengiz, Kolin, Ma-Pa et Kalyon) pour une somme record de plus de 30 milliards d'euros, taxes incluses.

Il fait partie d'une série de projets pharaoniques décidés par le Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, ancien maire d'Istanbul, parmi lesquels un troisième pont sur le Bosphore, déjà en construction, et le percement d'un large canal reliant la mer Noire à la mer de Marmara pour détourner le trafic qui engorge le détroit.

Ces projets ont alimenté la colère des manifestants lors de la fronde qui a visé en juin dernier le Premier ministre, aujourd'hui éclaboussé par un scandale de corruption sans précédent.

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Commentaires 7
à écrit le 15/07/2014 à 21:59
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Détruire plus d abres pour faire du papier recicler ou des billets???

à écrit le 13/02/2014 à 0:59
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Michel, Si vous lisez l'article qui est en lien dans le texte, vous aurez réponse à votre interrogation. Il ne s'agit pas d'une affaire de prépuce. Croissance économique + un gouvernement ambitieux: je me demande qui a le plus de raisons de se senti...

à écrit le 13/02/2014 à 0:50
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Michel, c'est quoi ce commentaire? Quel rapport?

à écrit le 12/02/2014 à 17:21
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Tout le monde dit halte aux bagnoles et camions car on va manquer de pétrole...mais que des pays investissent des centaines de milliards de dollars dans des aéroports, c'est génial ! Nous on va se financer notre dame des landes au demeurant. Eh, les ...

le 31/03/2014 à 15:06
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Non, puisqu'on aura colonisé Titan et ses hydrocarbures bien avant ...

à écrit le 12/02/2014 à 14:07
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Pourquoi s'arretent-ils a 150 millions de passagers ? Pourquoi ne pas prevoir 700 millions ? Que dis-je, 1 milliards de passagers ?? Tout ceci devient completement stupide ! A celui qui aura la plus grosse...

le 12/02/2014 à 16:22
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Et pourtant la circoncision ne rallonge pas la longueur de l'avion loin de là... Les turcs seraient-ils complexés?

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