Comment les transports accélèrent la transition énergétique des territoires ?

Pour faire advenir l’avion vert, le train et le bus zéro émission ou le navire bas carbone, les territoires, les gestionnaires d’infrastructures, les opérateurs de transport et les producteurs d’énergies n’ont d’autre choix que d’avancer main dans la main. En clair, l’approche hors sol n’est plus de mise. C’est ce qu’ont rappelé Edward Arkrwigth, directeur général exécutif du Groupe ADP, Baptiste Maurand, directeur général délégué de Haropa le Havre et directeur du port du Havre, Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs, Isabelle Patrier, directrice du développement régional de TotalEnergies, et Matthieu Giard, directeur des activités Hydrogène et de la branche d’activité Industriel Marchand d'Air Liquide, lors du débat du Paris Air Forum intitulé "Comment les transports accélèrent la transition énergétique des territoires".
L'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle

Tous modes de transport confondus -routiers, aériens, maritimes, ferroviaires-, les transports représentent un tiers des émissions de gaz à effets de serre dans le monde. Les décarboner relève donc de l'urgence climatique. Mais cela imposera de massifier la production d'énergies renouvelables (pour les rendre abordables) tout en développant simultanément de nouveaux usages et de nouvelles motorisations. Dans cette longue marche vers le verdissement de la mobilité, toutes les parties prenantes sont d'accord : les territoires joueront un rôle déterminant par l'intermédiaire de  la commande publique ou de leurs investissements. Matthieu Giard, membre du Comex d'Air Liquide et directeur des activités hydrogène, résume bien l'équation à laquelle tous les acteurs publics et privés sont confrontés. « Il va falloir recréer des écosystèmes locaux de production d'énergie pour pouvoir graduellement recréer du besoin », a-t-il indiqué.

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Les collectivités, les opérateurs de transport et les énergéticiens voient donc, plus que jamais leur destin lié. « Tout ne peut plus se décider depuis Paris. L'ancrage territorial devient clef. Il nous faut imaginer les partenariats les plus pertinents pour chaque région », confirme Isabelle Patrier, directrice de Total Energies Développement Régional.

Cela n'est  d'ailleurs pas un hasard si Total a tenu à apporter sa contribution à l'élaboration des Sraddet (les nouveaux Schémas régionaux de planification pour l'aménagement et le développement durable).

« Un nouvel espace de créativité »

Un peu partout en France, cette approche partenariale est déjà enclenchée. Au Havre par exemple, les collectivités contribuent, aux côtés des autorités portuaires, à l'électrification des quais pour éviter aux navires de croisières (et bientôt aux porte-conteneurs) de recourir au gasoil lorsqu'ils sont à l'arrêt. Les exécutifs locaux se mobilisent de la même manière pour la construction d'une unité d'hydrogène « vert » sur la zone industrielle de Port-Jérôme. Rien qui surprenne Baptiste Maurand, le directeur du port du Havre. « Depuis deux ou trois ans, la culture territoriale autour de la question des transitions énergétiques a radicalement changé. La plupart des collectivités ont nommé des experts énergies et nous trouvons autour de la table des interlocuteurs éclairés. On voit se dessiner un nouvel espace de créativité », a-t-il indiqué.

Ce qui vaut pour les navires, vaut pour les trains. Les Régions, devenues autorités organisatrices des trains du quotidien, sont  de "plus en plus demandeuses", selon Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs. « Elles se sont complètement approprié le sujet de la transition, ce sont elles qui sont à la manœuvre et nous poussent à imaginer de nouvelles solutionpour arriver au train zéro émission en 2035 », a-t-il noté. Pour s'adapter à cette nouvelle donne, la compagnie ferroviaire est incitée à proposer une palette de modèles cousus main et flexible : trains à batteries, au biocarburant ou l'hydrogène « en fonction de la géographie et des besoins ».

Dans l'aérien aussi, « le rapport au territoire se modifie sous l'effet des enjeux », a fait valoir Edward Arkwright, le directeur général exécutif du groupe ADP. A la veille de transformations majeures, les aéroports sont conduits à repenser les liens avec leur environnement. Demain, ils pourraient en effet abriter des installations de production ou de distribution d'hydrogène qui ravitailleront indifféremment des avions mais aussi des flottes de bus urbains, des bennes à ordures voire des industriels locaux. « L'aéroport va devenir un lien de connexion extrêmement puissant et pas seulement pour son client naturel qu'est le passager » conclut Edward Arkwright. Gares et ports pourraient en dire autant.

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