Le transport ferroviaire se taille la part du lion. Dans l'enveloppe du plan de relance destinée aux transports (plus de 10 milliards d'euros), près de la moitié lui est réservée, 4,7 milliards d'euros.
"C'est une bonne nouvelle pour les Français et pour les territoires", a salué le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou dans un entretien accordé à l'AFP.
"Avec 4,7 milliards, on peut faire beaucoup de choses. (...) Il y a vraiment matière à financer une vraie politique de développement du ferroviaire dans le pays. Ces sommes (...) vont nous permettre de donner du corps à tous ces projets que nous avions et qui avaient été percutés par la Covid. Maintenant, on va passer à l'action", a-t-il ajouté.
La SNCF récupère directement 4 milliards d'euros, dont 2,3 milliards pour la régénération du réseau, 1,5 milliard pour la sortie du glyphosate et l'entretien de ponts qui lui est imputable selon la loi Didier de 2014, 150 millions pour la reprogrammation des chantiers fret, 84 millions pour les passages à niveau...
S'ajoutent 300 millions pour les petites lignes, et 50 millions pour l'accessibilité des gares et passages à niveau. Le plan ne prévoit pas d'accélérer la construction de lignes nouvelles. Le fret se voit attribuer 200 millions d'euros, permettant notamment la réalisation des "autoroutes ferroviaires" Calais-Sète, Barcelone/Perpignan-Rungis-Dunkerque et Cherbourg-Bayonne, ce qui selon le ministère des Transports doit permettre d'investir 1 milliard avec les acteurs du secteur. Les trains de nuit auront 100 millions, destinés à la rénovation de 50 voitures et à la relance des liaisons Paris-Nice et Paris-Tarbes.
Les syndicats ne partagent pas l'enthousiasme de leur PDG. L'Unsa par exemple juge ce plan "assez flou et assez imprécis". On ne peut que regretter le manque de perspectives. Ça sent le réchauffé et ça nous inquiète", a indiqué le secrétaire général adjoint, Florent Monteilhet.
Pour Erik Meyer, secrétaire fédéral de SUD-Rail, avec "l'essentiel" de son plan de relance du rail, "le gouvernement ne fait que payer la facture des décisions prises en 2018 avec la réforme ferroviaire", quand il avait notamment "abandonné les petites lignes".
La CFDT Cheminots a de son côté "pris acte des annonces" du gouvernement sur le fret, les petites lignes et les trains de nuit, qui "répondent en partie à ce qu'on demande depuis un moment", a indiqué son secrétaire général, Thomas Cavel.
"Mais on sera très vigilant sur la mise en œuvre opérationnelle de ce plan et sur le maintien des emplois et des compétences", a-t-il averti, en notant que le secteur ferroviaire "a besoin d'investissements importants". Or "les 4,7 milliards d'euros annoncés ne couvrent pas l'intégralité des pertes subies par la SNCF pendant la crise", a-t-il noté.
En outre, "la question de l'ouverture à la concurrence devrait être interrogée", selon Thomas Cavel. "Si on veut solidifier le système ferroviaire et sa partie sociale, l'ouverture à la concurrence n'est pas un dispositif qui le facilitera", a-t-il dit.
Cession d'actifs en vue
En attendant, la SNCF devra envisager des cessions d'actifs. Déjà à l'étude pour compenser l'impact de la grève de décembre-janvier sur les comptes, elles sont plus que jamais à l'ordre du jour avec la chute de l'activité liée à la crise sanitaire. Le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, l'a rappelé hier
"Une succession d'événements, le Covid-19 mais aussi la grève de l'hiver dernier, a éloigné la SNCF de sa trajectoire financière. C'est pour cela que l'entreprise doit étudier les différentes options qui lui permettront de retrouver l'équilibre, par exemple une cession de filiales", a-t-il déclaré au Parisien.
"Nous étudions avec la SNCF les actifs financiers qui pourraient être cédés, mais aussi les gains de productivité qui pourraient être réalisés", a-t-il ajouté, en citant "la modernisation de l'outil industriel par exemple".
"Il faut que le groupe SNCF tienne ses objectifs d'équilibre financier à l'horizon 2024", fixés par la loi de réforme ferroviaire de 2018, a souligné Jean-Baptiste Djebbari.
Pour rappel, le 1er janvier, en pleine grève de la SNCF, l'Etat a repris 25 milliards d'euros de la dette de la SNCF et reprendra encore 10 milliards d'euros le 1er janvier 2022. En contrepartie, la SNCF s'est engagée à réaliser un cash flow à l'équilibre en 2022 pour le groupe (c'est-à-dire de ne plus consommer de cash) et en 2024 pour SNCF Réseau.
(Avec AFP)
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