Face à l’inflation, les contrôleurs aériens font peser la menace de la grève

Le principal syndicat de contrôleurs aériens vient de déposer un préavis de grève mi-septembre alors que se profile la Coupe du monde de rugby en France. Il demande, au nom d’accords européens, la compensation de l’inflation en 2023. Ce qui devrait donner du grain à moudre aux partisans d’un encadrement renforcé des mouvements de grève dans le contrôle aérien.
Léo Barnier
(Crédits : © Gonzalo Fuentes / Reuters)

Voilà une nouvelle qui va faire pester dans les compagnies aériennes. Le Syndicat national des contrôleurs du trafic aérien (SNCTA) vient de déposer un préavis de grève pour la mi-septembre afin d'obtenir des revalorisations salariales face à l'inflation. Le syndicat majoritaire, qui argue avoir « multiplié les alertes », appelle donc « l'ensemble des contrôleurs aériens et les agents de la vigie trafic » de la Direction des services de la Navigation aérienne (DSNA) à cesser le travail « vendredi 15 septembre 2023 de la prise du service du matin à la fin du service de nuit ».

Selon un communiqué, le SNCTA entend ainsi « acter le rattrapage de l'inflation » conformément « aux plans de performance européens qui prévoient une compensation de l'inflation via un ajustement en conséquence du taux de redevance » sous peine de voir le pouvoir d'achat des contrôleurs aériens français « décrocher » par rapport à leurs collègues européens. Si les contrôleurs avaient obtenu des compensations l'an dernier, ce n'est pas le cas pour l'instant en 2023.

Des revendications déjà exprimées

Le syndicat avait déjà communiqué sur ce sujet fin juillet. Il avait alors indiqué que la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), dont dépend la DSNA, avait bien appliqué cet ajustement à ses taux de redevance, mais qu'elle « avait également précisé ne pas avoir prévu de répercuter cet ajustement sur les rémunérations. » Un discours difficilement audible pour le syndicat qui pointe aussi la hausse des recettes cet été avec le retour du trafic à des niveaux comparables aux records de la période 2017-2019.

Dans son préavis, le SNCTA demande également la mise en place de négociations annuelles obligatoires. Cela fait aussi suite à une demande déjà exprimée, notamment fin juillet, où il déclarait vouloir la mise en place d'une instance de dialogue social annuelle, « dédiée spécifiquement à l'inflation année après année et indépendante de tout accord de productivité ».

Contacté, le syndicat n'a pas répondu jusqu'à présent aux sollicitations de La Tribune. Également jointe, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), dont dépend la DSNA, n'a pas fait de commentaires indiquant seulement avoir pris acte de ce préavis de grève.

Vers un encadrement renforcé

Si cette grève devait se confirmer, elle ferait sans nul doute réagir les dirigeants de compagnies aériennes, notamment ceux des low cost comme Ryanair et Easyjet. Au printemps dernier, Michael O'Leary, directeur général du groupe Ryanair, et Johan Lundgren, son homologue chez Easyjet, n'avaient pas hésité à marteler leur indignation devant les perturbations engendrées par les grèves du contrôle aérien français au premier trimestre, entre revendications spécifiques et mouvement contre la réforme des retraites.

Pascal de Izaguirre, président de Corsair et de la Fédération nationale de l'aviation marchande (Fnam) s'était montré plus mesuré malgré plus de 30 jours de grève et avait seulement plaidé pour une extension de la loi Diard pour obliger les contrôleurs aériens à se déclarer grévistes 48 heures à l'avance.

Ce pourrait bientôt être le cas avec une proposition du sénateur Vincent Capo-Canellas (Union centriste), adoptée au Sénat en juin dernier et soutenue par le Gouvernement, qui a engagé une procédure accélérée. Comme le rapporte l'AFP, Clément Beaune, ministre délégué chargé des Transports, avait qualifié cette proposition de « mesure de bon sens ». Elle sera présentée à l'automne à l'Assemblée nationale.

Léo Barnier

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Commentaires 5
à écrit le 29/08/2023 à 14:33
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D’ores et déjà on sait automatiser le contrôle aérien mais malheureusement des corporatismes égoïstes s’y opposent. Néanmoins avec la grève moins de trafic moins de pollution, merci aux contrôleurs.

à écrit le 29/08/2023 à 11:18
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Ces postes stratégiques indispensables profitent de leur situation malgré leurs salaires exorbitants.

le 29/08/2023 à 16:02
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Cela dépend de l'ancienneté , au sortir de sa formation, son premier poste de contrôleur aérien est rémunéré 2 552 € brut.Les postes de niveau débutant commencent avec un salaire d'environ 24 120 € par an, tandis que les travailleurs les plus expér...

à écrit le 28/08/2023 à 21:16
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Après les gardiens de phare il serait temps de supprimer les postes de contrôleur aérien au profit de la technologie qui ne fait jamais de grève de confort malgré des rémunérations indécentes...

le 28/08/2023 à 23:09
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@megadebt: Si l'on doit jeter l'opprobe sur des salariés, ce serait plutôt sur nos représentants à l'Assemblée Nationale qui ont dévalorisé leur fonction: être obligé d'inscrire dans la Constitution des 49-3 montre qu'ils sont incapables de trouver u...

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