C'est non. Dimanche soir, à 23 heures, la mairie de Paris a annoncé le résultat du référendum portant sur l'interdiction, ou non, des trottinettes électriques en libre-service dans la capitale. Et le résultat est sans appel : 89% des votants ont dit « non » à ce service proposé depuis 2018. Les trois opérateurs principaux que sont Lime, Tier et Dott devront donc enlever leur flotte le 1er septembre prochain. Une décision aux conséquences importantes pour les opérateurs, tant sur le plan économique que sur le plan social.
Les 15.000 trottinettes en libre-service à Paris sont utilisées près de 40.000 fois par jour, principalement pour des trajets occasionnels. Or, en France, on estime à 100.000 les trajets réalisés quotidiennement par ces mêmes trottinettes. La capitale représente donc à elle seule 40% des trajets nationaux, soit un chiffre d'affaires très important pour les entreprises de trottinettes en libre-service.
Coût important
Les opérateurs Lime et Tier, présents dans de nombreuses villes du monde, pourront s'appuyer sur des développements importants dans leurs pays respectifs, c'est moins le cas du franco-néerlandais Dott qui se retrouve dans une situation délicate. Celui-ci est principalement déployé en France ainsi qu'en Belgique. Avant le référendum, le groupe avait déjà averti des conséquences potentielles d'un retrait des flottes sur sa situation économique, sans donner des chiffres.
Sur les trois principaux opérateurs, seul Lime a réalisé des bénéfices nets l'année dernière. Les autres étaient déjà dans le rouge. La décision de Paris ne devrait donc pas simplifier leur équation économique des opérateurs... ni de la ville ! Lime, Tier et Dott versent chaque année autour d'un million d'euros à la ville pour mettre en circulation leur flotte.
Près de 800 emplois menacés
Cette décision menace en outre près de 800 emplois, selon les opérateurs. Dimanche, dans un communiqué suivant le résultat, ils ont souligné l'importance « d'assurer l'avenir de leurs salariés ». De son côté, la mairie s'est engagée à travailler avec eux sur ces aspects sociaux.
Les opérateurs possèdent également des vélos en libre-service, en moins grand nombre que les trottinettes. La question se pose sur une augmentation de la taille de ces flottes afin de maintenir une partie des emplois à Paris. Pour l'heure, ni les opérateurs ni la mairie ne souhaitent n'ont évoqué cette possibilité.
Que vont faire les utilisateurs ?
Les utilisateurs de trottinettes en libre-service sont surtout occasionnels : seuls 10% à 15% les prennent pour des trajets quotidiens. Ceux-ci se reporteront sûrement sur une trottinette électrique personnelle. Plus de 700 000 ont été vendues en 2022.
Une étude de 6T en 2022 pour la mairie de Paris avait évalué les transports anciennement utilisés par les usagers de la trottinette. Un tiers d'entre eux utilisaient les transports en commun avant de passer à la trottinette. Environ 20% prenaient le vélo ou marchaient et le même nombre utilisait d'autres transports motorisés. L'arrêt des trottinettes en libre-service va donc probablement entraîner un report en même proportion sur ces transports.
Crainte d'un effet domino
Enfin, les opérateurs s'inquiètent d'un potentiel effet domino avec d'autres interdictions à venir. En effet, plusieurs villes avaient affiché leur réticence face à ce mode de transport. En première ligne, la ville de Lyon qui a finalement renouvelé pour quatre ans les contrats avec Dott et Tier en imposant de nouvelles règles de sécurité aux usagers. Mais des villes proches de Paris pourraient décider également d'arrêter leurs contrats avec les opérateurs.
En Europe aussi, cet arrêt pourrait avoir des répercussions. C'est en tout cas ce que craint la député européenne et présidente de la commission transport au Parlement européen, Karima Delli, qui estime que Paris est une « ville dont s'inspire plusieurs autres villes européennes » et un « laboratoire » des mobilités.
Paris n'est pas la seule ville à avoir interdit ces moyens de transports. Barcelone avait décidé de les bannir en 2018 et de sanctionner les opérateurs qui continuaient de les proposer. La mairie de Paris accueillait ce lundi les trois opérateurs pour discuter des prochaines étapes du retrait des flottes, en particulier le devenir des trottinettes existantes.
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