Grève à la SNCF pour les premiers départs en vacances de Noël : "scandaleux" pour la direction

La tension monte à deux jours des vacances de Noël. Le maintien du préavis de grève sur les lignes Sud-Est - qui provoqueront l'annulation d'un TGV sur deux - déclenchent l'ire de la direction de la SNCF qui estime être aller au maximum de ce qu'elle pouvait faire sur le plan financier. Les réactions syndicales divergent, mais la grève est toujours sur les rails.
Léo Barnier
Un TGV sur deux restera à quai ce vendredi, au premier jour des départs en vacances de Noël.
Un TGV sur deux restera à quai ce vendredi, au premier jour des départs en vacances de Noël. (Crédits : Reuters)

Les chiffres sont tombés : la SNCF n'assurera que 50% de son trafic TGV sur l'axe Sud-Est ce vendredi, premier jour des grands départs des vacances de Noël. Le mouvement social local à l'appel de la CGT Cheminots, de Sud Rail et de l'UNSA ferroviaire est donc fortement suivi chez les conducteurs et les contrôleurs en dépit de plusieurs jours de négociations. Les axes Nord et Est ne seront pas perturbés, et l'Atlantique sera quasi-normal. Les prévisions pour les jours suivants n'ont pas encore été estimées.

Lors d'une conférence improvisée le 15 décembre à la Gare de Lyon, Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs, et Alain Krakovitch, directeur de Voyages SNCF, ont donc annoncé ce chiffre d'un TGV sur deux sur l'axe Sud-Est vendredi. Cela devrait concerner un peu moins de 100.000 passagers le vendredi sur les 300.000 attendus sur trois jours sur cet axe. Sur l'ensemble du réseau grandes lignes (TGV Inoui, Ouigo et Intercités), la SNCF prévoit un trafic d'un million de voyageurs pour ce premier week-end de grands départs.

Lire aussi 5 mnSNCF : la concurrence arrive, la grève reste

La direction dénonce un mouvement scandaleux

Christophe Fanichet n'a pas hésité à qualifier ce mouvement de « véritablement scandaleux au moment où les Français ont le plus besoin de nous ». Des propos rarement entendus dans la bouche d'un dirigeant de la compagnie ferroviaire.

Pour limiter le mécontentement des voyageurs, lui et Alain Krakovitch ont annoncé le remboursement sans frais des billets sur les trains annulés ainsi que l'attribution d'un bon d'achat de la valeur du billet, « soit un remboursement de 200% ». La flambée des prix inhérente à un achat en dernière minute devrait être limitée la semaine prochaine afin d'éviter une explosion des prix avec les reports de voyages. Enfin, une partie des passagers pourra être repositionnée, les trains du vendredi n'étant pas entièrement remplis, avec la priorité donnée aux enfants dans le cadre du programme Junior & Cie.

Les deux dirigeants ont exposé leur version des négociations. Alain Krakovitch rapporte ainsi qu'il y a eu plusieurs jours de négociations sur différents sujets pour l'établissement Sud-Est. Si les questions d'organisation du travail semblent avoir été réglées, ce n'est pas le cas des revendications financières. Le directeur de Voyages SNCF indique qu'il y a trois jours la CGT Cheminot a d'abord demandé l'octroi de 300 euros par conducteur pour lever le préavis de grève, avant de renchérir à 600 euros par conducteur et 300 euros par contrôleur hier. Alain Krakovitch affirme avoir accepté successivement ces deux premières revendications, d'où la confiance affichée par les dirigeants de la SNCF ce matin pour une sortie de crise.

« Nous avons entamé des négociations car il était évidemment nécessaire de faire le maximum pour que nos voyageurs ne soient pas impactés au moment des départs de Noël », Alain Krakovitch, directeur de Voyages SNCF.

Alain Krakovitch poursuit : « La CGT est revenue vers nous ce matin en nous disant que ce n'est pas suffisant. Nous pouvons tous comprendre que l'on ne peut pas négocier dans ces conditions. Nous pouvons accepter un certain nombre de revirement, mais il y a des limites à ne pas dépasser. » D'où le maintien du préavis.

Alain Krakovitch ne perd pas espoir et garde pour l'instant sur la table la proposition de 600 euros par conducteur et 300 euros par contrôleur, mais prévient qu'il la retirera si le préavis est maintenu. Il précise que cette offre, qui concerne uniquement l'axe Sud-Est, vient s'ajouter à la hausse de rémunération obtenue au niveau national dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO) : une prime de 900 euros fin 2021 et à une augmentation de 550 euros par an à partir de 2022 pour les conducteurs, et une prime équivalente ainsi que 200 euros par an pour les contrôleurs.

Lire aussi 3 mnL'appel à la grève à la SNCF, une aubaine pour Trenitalia

Sud Rail s'élève en faux

Un peu plus tôt dans la journée, la direction avait déjà affirmé avoir « répondu positivement aux demandes formulées par les organisations syndicales ». Ce qui avait provoqué l'ire d'Érik Meyer, l'un des secrétaires fédéraux de SUD-Rail. Interrogé par l'AFP, il s'est élevé en faux contre cette affirmation, estimant que l'entreprise « n'a pas répondu positivement à l'ensemble de nos demandes » et, « sans en aviser notre organisation, elle décide de rompre les discussions ».

S'invitant devant la presse peu avant la conférence de Christophe Fanichet et Alain Krakovitch, le délégué syndical Sud Rail Fabien Villedieu a pour sa part fustigé l'attitude des dirigeants de la SNCF, déclarant que son syndicat avait seulement reçu un coup de fil dans la journée sans réelle discussion. Il a appelé à la reprise rapide des négociations, demandant ainsi à la direction de se mettre autour de la table avec les syndicats « pour trouver une solution dès ce soir ». « Il n'y a pas de fatalité » a-t-il ajouté, estimant qu'il est encore possible d'éviter la grève de vendredi sur le Sud-Est.

Pour justifier le mouvement social, Fabien Villedieu a argué du blocage des salaires depuis huit ans même lorsque la SNCF était bénéficiaire comme en 2017, de la perte de rémunération due à la baisse d'activité des cheminots avec la crise (malgré une compensation avec l'activité partielle de longue durée) et l'engagement affiché par les personnels de la SNCF pendant la crise. Enfin, il a déploré la perte d'attractivité du groupe avec le départ de 2.000 personnes via des démissions ou des ruptures collectives. Un phénomène d'une ampleur inédite selon lui.

La CGT à l'écoute, l'Unsa satisfaite

La CGT a déclaré pour sa part que la direction avait « repris contact » avec elle « pour avancer et sortir de l'ornière », comme le rapporte l'AFP. « Nous sommes attentifs aux propositions et nos organisations décideront de la pertinence des annonces », a indiqué Cédric Robert, porte-parole de la CGT-Cheminots.

De son côté, l'Unsa ferroviaire a annoncé ce mercredi soir toujours à l'AFP qu'elle avait décidé de « sortir de la grève » de l'axe TGV Sud-Est, après avoir reçu le « relevé de conclusions des négociations » où elle a « obtenu satisfaction ». Didier Mathis, secrétaire général de l'Unsa ferroviaire, a précisé que son syndicat « attendait cette trace écrite » pour lever l'appel à la grève, avant d'ajouter que son retrait du conflit est « trop tardif » pour avoir un impact sur le trafic vendredi.

Léo Barnier

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 19
à écrit le 16/12/2021 à 23:54
Signaler
tout ceux qui travaillent dans le public ......faut aller dans le privé ....voir les salaires les congés ....les enseignants en arrêt de travail en permanence .....ils à jamais de perte de salaire .....toujours les mêmes qui paie pour les autres .....

à écrit le 16/12/2021 à 18:29
Signaler
Laisser tranquille le père de la théorie des langages. j'ai appris les grammaires formelles 3NF, appliqué aux compilateurs, grace à lui Il merite mieux qu'un pseudo.

à écrit le 16/12/2021 à 12:31
Signaler
Et les politiques qui veulent interdire l'avion.... Cela sera prise d'otages toutes les semaines par la sncf

le 16/12/2021 à 12:52
Signaler
Y-a des grèves chez Air France aussi de temps à autres et même chez Lufthansa.. c'est juste que vous fonctionnez à l'émotionnel et ne savez garder raison... les gouvernants et médias connaissent la mécanique de l'embobinement.. vous non.

à écrit le 16/12/2021 à 9:08
Signaler
Qu'attend-on pour mettre cette entreprsie en faillite ? Quand on voit qu'après les milliards déversés après une nième "réforme" de la SNCF, il faut encore emprunter pour payer les salaires, il y a quand même un sérieux problème. Sans compter tous le ...

le 16/12/2021 à 15:43
Signaler
incident de production = mùaque de conducteurs ou controleurs selon la vie du rail il manque + 2000 conducteurs detrain a la sncf q peine a recruter: la disparition des avantages retraites et emploi garanti n attire pas ou plus les jeunes ...apparemm...

le 16/12/2021 à 18:52
Signaler
encore et toujours un patronat qui se croit investi de toute verite et incapable de dialogue ceci pour eux est un déshonneur la ou le modele germanique fonctionne la sncf et autre societe encadrer par l'etat est plus que nul vous les virer quan...

à écrit le 16/12/2021 à 8:55
Signaler
Pourquoi la CGT ne sait elle pas faite atomiser à la SNCF comme partout ailleurs ? Posez vous tous la question au lieu de la rengaine habituelle. Syndicats et patronat sont les deux faces d'une même pièce oligarchique. Enfin je parle aux non hypocrit...

à écrit le 16/12/2021 à 8:10
Signaler
Ce qui est scandaleux à la SNCF ce sont pas les cheminots mais ses cadres dirigeants qui ce sont multiplié comme des petits pains depuis plusieurs années comme notre ministre des Armées, Florence Parly qui touchait pas moins de 52.569 euros net mensu...

le 16/12/2021 à 11:27
Signaler
la ( monarchie républicaine ) donne de mauvais signaux . pêche hôpital - edf - paysans bientôt les routiers. quoi qu on dise diviser pour régner n est plus la solution

à écrit le 16/12/2021 à 6:53
Signaler
ridicuale pantalonnade; c'est les fachos d'extreme gauche qui dirigent l'entreprise, et font des prises d'otage systematiquement pdt les vacances pour obtenir ce qu'ils veulent! quand on voit que l'entreprise va s'endetter pour payer les salaires, on...

le 16/12/2021 à 12:16
Signaler
La france est mûre pour le fascisme quand on vous lis. On va même sans honte aucune ressortir Petain des fanges de l'histoire avec la pantalonnade Zemour et les médias complaisant. Fabuleux ! Je propose une commission McCarthy avant toute chose. ......

à écrit le 16/12/2021 à 6:29
Signaler
Quelle honte. Leur entreprise a subi et subi encore la crise COVID, elle a perdu des milliards (ah oui payés par l’état donc les impôts des français). Et eux ils réclament 300, 600 euros et eux fin grève en période de Noël pour ça, pendant la phase q...

à écrit le 16/12/2021 à 5:41
Signaler
Une augmentation qui ne dit pas son nom. Le Paris Lille en tgv durait 58 minutes. Aujourd hui, 1h02, ces deux minutes qui entament une nouvelle heure rémunérée ...

à écrit le 16/12/2021 à 3:31
Signaler
Peut être augmenter la prime charbon? Ou essayer les 35 h…. Juste 5 h de plus! Et si cela ne convient toujours pas et bien pour les soulager je leur conseille de changer de métier. C est dur pour nous usagers de voir ces employers qui souffrent le...

à écrit le 16/12/2021 à 1:49
Signaler
La France eternelle.

à écrit le 16/12/2021 à 1:17
Signaler
C'est une conception du syndicalisme, la concurrence remettra peut-être les pendules à l'heure.

à écrit le 16/12/2021 à 0:50
Signaler
Je me demandais comme ça si le nom du patron de la sncf c'est pas Jeff Bezos ?

à écrit le 15/12/2021 à 22:14
Signaler
Scandaleux pour beaucoup d'usagers.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.