Le port de Brest-Roscoff intègre le RTE-T pour accélérer le fret plus vert de marchandises

Projet porté depuis 2013 par les élus bretons, l’intégration du port de Brest-Roscoff au réseau central des réseaux trans-européens de transports devrait être effective en 2023. Le Parlement européen doit encore valider la décision de la Commission de Bruxelles prise mardi 14 décembre. Ce changement de statut implique des investissements de mise à niveau mais déclenchera l’accès à de nouveaux financements européens. Misant sur la décarbonation des transports, c’est une vision du port du futur qui se dessine, alliant fret maritime et ferroviaire.
Premier port de Bretagne pour le trafic, premier de France pour la réparation, les flux de marchandises restent modestes à Brest qui, avec un peu plus de 3 millions de tonnes en 2021, fait figure de port de taille moyenne.
Premier port de Bretagne pour le trafic, premier de France pour la réparation, les flux de marchandises restent modestes à Brest qui, avec un peu plus de 3 millions de tonnes en 2021, fait figure de port de taille moyenne. (Crédits : CCIMBO)

On est toujours plus fort à plusieurs que tout seul. C'est à nouveau en jouant collectif que la Bretagne vient de remporter une victoire de taille. Porté depuis 2013, le projet d'intégration du port de Brest-Roscoff (commerce et passagers avec la Brittany Ferries) au réseau central des réseaux trans-européens de transports (RTE-T), sorte d'autoroute de la mer, devrait devenir une réalité en 2023.

Il vise à établir le cluster de Bretagne-Nord, actuellement adossé au réseau global, comme le point breton de connexion, via le corridor atlantique, aux grands réseaux de transports européens (ports, route, rail) auquel appartiennent les principaux ports de l'UE dont ceux de Bordeaux, Le Havre et Nantes-Saint-Nazaire en France

Collectivement défendu par les élus et les acteurs économiques bretons qui ont fait pression sur l'État, et soutenu par deux piliers de la Macronie, Richard Ferrand, président de l'Assemblée nationale, et Pierre Karleskind, député européen membre de la commission Transport, ce changement de statut a été voté mardi 14 décembre par la Commission européenne lors de l'adoption d'une révision du règlement du RTE-T.

Il doit encore être validé en 2022 par le Parlement européen puis par les Etats membres.

Appels à projets et financements européens

« Alors qu'aucun port breton n'était intégré à ce réseau, cette avancée va permettre un désenclavement de la pointe bretonne », souligne le groupe de la majorité présidentielle au Conseil régional, Nous La Bretagne, dans un communiqué.

En devenant la porte d'entrée maritime bretonne du RTE-T pour les flux européens de marchandises, le port de Brest-Roscoff bénéficiera d'une nouvelle manne de financements européens, via des appels à projets. Cet argent permettra de couvrir les investissements dans des infrastructures pouvant accueillir de nouveaux trafics, y compris de fret ferroviaire.

Au sein du réseau central, les neuf corridors portuaires et ferroviaires concentrent en effet 90% des financements européens, dont le montant est estimé à 20 milliards d'euros sur la période 2021-2027.

Décarbonation au service de l'industrie bretonne

« Cette première étape historique représente un énorme satisfecit », réagit Mériadec Le Mouillour, directeur général de la CCI métropolitaine Bretagne Ouest et également vice-président de l'Union des ports de France.

« Si elle est validée, l'insertion de Brest-Roscoff dans les itinéraires de circulation majeurs permettra de développer les flux maritimes de marchandises débarquées et embarquées autour de solutions de fret alliant mer et fer et de basculer certains flux poids-lourds Destination Bretagne. Plus globalement, c'est l'opportunité de construire une offre coordonnée de transports décarbonés au bénéfice des industries bretonnes. »

Premier port de Bretagne pour le trafic, premier de France pour la réparation, les flux de marchandises restent modestes à Brest qui, avec un peu plus de 3 millions de tonnes en 2021, fait figure de port de taille moyenne.

« 40 millions de tonnes de production agricole quittent toujours la Bretagne en camion » argumente pour sa part Pierre Karleskind, alors que l'Europe souhaite diminuer le nombre de camions sur les routes. Le port de Brest, qui souhaite accroître son tonnage à dix ans, a donc un rôle stratégique à jouer.

La CCIMBO va investir 260 millions d'euros sur 10-15 ans

« Le RTE-T va nous donner les moyens de rehausser encore le niveau de nos infrastructures portuaires et les normes du réseau ferré Brest-Morlaix-Rennes-Nantes, développer le conteneur, la réparation navale.

La création de valeur ne passe seulement par l'augmentation des tonnages mais par le référencement de nos marchandises agricoles, agroalimentaires et industrielles ainsi que par la diversification de leur distribution dans un circuit décarboné, ajoute Mériadec le Mouillour.

La Bretagne n'a pas attendu 2023 pour engager ou prévoir des travaux. L'ensemble portuaire Brest-Roscoff doit réaliser 150 millions d'investissements sur les 10 à 15 prochaines années, (hors investissements privés, EMR et maintenance opérationnelle).

Depuis janvier 2017, 220 millions d'euros ont été engagés par la Région pour consolider l'activité commerciale du port de Brest et accueillir de nouvelles industries de pointe, liées aux énergies marines renouvelables (EMR), sur un polder de 40 hectares.

Brittany Ferries renforce le fret vers l'Irlande

Le projet d'entreprise de la CCIMBO prévoit, par ailleurs dès 2022, un plan d'investissement de 260 millions d'euros sur dix à quinze ans dans les domaines des plateformes ferroviaires, des énergies, du numérique et dans une démarche post-Brexit.

La sortie du Royaume-Uni de l'UE rend en effet les liaisons directes entre la France et l'Irlande plus attractives pour les transports de marchandises. Jusqu'au 1er janvier 2021, l'Irlande était connectée au corridor Mer du Nord-Méditerranée qui passait par le Royaume-Uni puis Calais.

La Brittany Ferries, basée à Roscoff et dont l'activité passagers est fortement impactée par la crise sanitaire et les restrictions de voyage (-220 millions d'euros sur deux ans), a répondu à cette nouvelle demande en ouvrant, en novembre dernier, une ligne de fret Le Havre-Rosslare.

Celle-ci renforce la route maritime Cherbourg-Rosslare opérée avec le Connemara depuis début 2020. L'entreprise précise que le fret transporté entre l'Irlande et la France est en croissance de plus 70% depuis septembre par rapport aux huit premiers mois de l'année.

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