Ligne Lyon-Turin : les entreprises françaises raflent 3 milliards de contrat

Trois milliards d'euros de marchés publics ont été attribués en majorité aux consortiums menés par Eiffage et Vinci pour la construction de la partie française du tunnel transfrontalier Lyon-Turin. D'autres contrats pourraient tomber ces prochaines années, alors que le financement des rails jusqu'à la capitale rhônalpine est loin d'être bouclée.
Au total, le montant total du marché est estimé à 4 milliards d'euros. Les annonces de TELT, ce mercredi, concernent finalement qu'un montant de 3 milliards d'euros, excluant la partie italienne
Au total, le montant total du marché est estimé à 4 milliards d'euros. Les annonces de TELT, ce mercredi, concernent finalement qu'un montant de 3 milliards d'euros, excluant la partie italienne (Crédits : Robert Pratta)

Trois milliards d'euros : c'est le montant des marchés publics attribués majoritairement à Eiffage et Vinci et à leurs partenaires dans le cadre de la construction de la partie française du tunnel ferroviaire international (de 57,5 km) passant sous les Alpes et devant relier Lyon à Turin. Un projet pharaonique, d'un coût total global estimé à environ 28 milliards d'euros, dont au moins 8,6 (valeur de 2012) destinés à la construction de l'infrastructure frontalière franco-italienne. Cette liaison ferroviaire a vocation à accélérer le report modal - du trafic routier - et notamment les camions - vers le fret ferroviaire.

Selon la société franco-italienne TELT, détenue à 50-50 par les deux Etats et en charge de la construction et de l'exploitation du chantier, 30.000 documents ont été analysés, 70 personnes mobilisées, 120 réunions organisées depuis juin 2020 et pas moins de 158 heures de négociations avec les entreprises candidates.

Carton plein pour les Français

Les contrats attribués mercredi concernent donc l'essentiel de la partie française du tunnel, soit près de 80% de l'ouvrage. Celui-ci doit faire 57,5 km de long une fois achevé, entre Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie) en France et Suse (Piémont) en Italie.

Un groupement réunissant Eiffage Génie Civil (mandataire), Spie Batignolles, Ghella et Gogeis a remporté le plus gros lot sur la partie centrale du tunnel. Il devra creuser en 72 mois un tronçon de 22 km pour 1,47 milliard d'euros. Un autre consortium associant Dodin Campenon Bernard et WeBuild autour de Vinci Construction, creusera en 65 mois 23 km pour 1,43 milliard d'euros.

Enfin, un troisième groupement plus modeste a été chargé de l'entrée du tunnel côté français, 3 km pour 228 millions d'euros. Il est allé à un groupement associant Implenia Suisse (mandataire), Implenia France, NGE, Itinera et Rizzani de Eccher.

Au total, le montant total du marché est estimé à 4 milliards d'euros. Les annonces de TELT, ce mercredi, ne concernent finalement qu'un montant de 3 milliards d'euros, excluant la partie italienne de l'infrastructure internationale. Un quatrième lot d'une valeur d'environ 1 milliard d'euros pour la section italienne du tunnel doit être attribué au début 2022, selon la société franco-italienne. Et pour cause : l'appel d'offre italien a été otage pendant de long mois d'un drama politique qui se jouait fin 2019 à Rome, au sein de la coalition gouvernementale Ligue et le Mouvement Cinq Étoiles. Ce dernier étant opposé au projet.

La partie transfrontalière du tunnel, d'un montant estimé à 8,6 milliards d'euros, devait initialement être financée à 35% par l'Italie, 25% par la France et 40% par l'Europe. Mais Bruxelles a relevé sa participation à 50%, avant une nouvelle communication, début juillet 2021, pour une majoration de son aide à hauteur de 5%, soit 55%.

L'épineuse question des accès français

Toutefois, reste en suspend l'épineuse question des accès nationaux. Si la partie internationale est déjà sur le rail, avec plusieurs kilomètres déjà creusés, les accès français visant à se connecter à ce corridor restent pour le moment dans le flou : aussi bien sur le tracé que sur le financement.

Deux lignes nouvelles ont notamment été déclarées d'utilité publique en 2013 : une ligne mixte voyageurs/fret de 78 km de Lyon à Chambéry et un itinéraire fret de 62 km, essentiellement souterrain, entre Avressieux (Savoie) et Saint-Jean-de-Maurienne. Elles sont estimées à 7,7 milliards d'euros (valeur de 2011).

Des études plus précises ont été lancées par Élisabeth Borne, ministre des transports en avril 2019, mais aucune réalisation n'est programmée à court terme. Maintenant que le tunnel se concrétise, des voix s'élèvent pour s'inquiéter d'une éventuelle congestion de la ligne classique, qui est à voie unique du côté de Chambéry.

Côté financement, l'Italie a sanctuarisé son budget lors d'une session parlementaire en 2017. En France, c'est le grand flou. C'est que l'addition est salée : pas moins de 7,7 milliards d'euros sont prévus pour relier le contournement ferroviaire de Lyon au tunnel transfrontalier, permettant également la mise en service d'un train à grande vitesse de Lyon à Turin. Mais là aussi, la Commission européenne pourrait venir à la rescousse de la France.

Le Parlement européen a approuvé début juillet le nouveau règlement du Mécanisme pour l'Interconnexion en Europe (MIE), programme de financement des infrastructures de transports, d'énergie et télécoms. Sur les 33,7 milliards d'euros dédiés à ce programme, 26 milliards sont directement fléchés sur les infrastructures de transports pour la période 2021-2027. La commissaire au transport, Iveta Radicova, a annoncé que les accès, qui sont "aussi importants que le tunnel" seront éligibles au MIE. De quoi trouver enfin les financements des accès français.

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Commentaire 1
à écrit le 08/07/2021 à 9:09
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Ce chantier est un scandale de la tête aux pieds, la justice s'en est mêlée et à sorti aberrations sur aberrations mais la puissance de la classe dirigeante est telle que ce détournement en masse d'argent public reste toujours d'actualité.

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