Pas d’entrepôt géant à Rouen : Amazon jette l'éponge

Au terme d’un bras de fer de plusieurs mois avec des associations locales, Amazon renonce à implanter une usine à colis dans la banlieue rouennaise malgré le soutien appuyé du maire de la commune concernée.
L'entrepôt de 160.000 m2 qui devait s'implanter sur la rive gauche de Rouen ne verra pas le jour.
L'entrepôt de 160.000 m2 qui devait s'implanter sur la rive gauche de Rouen ne verra pas le jour. (Crédits : Pascal Rossignol)

Ce devait être le premier entrepôt géant d'Amazon dans le Grand Ouest, et le neuvième en France mais il ne verra jamais le jour. Par l'intermédiaire de son promoteur le groupe d'immobilier logistique Gazeley, le groupe de Jeff Bezos a fait savoir qu'il renonçait finalement à construire un centre de distribution XXL à  Petit-Couronne : une localité ouvrière de la banlieue rouennaise qui lui ouvrait les bras au nom des perspectives d'emplois.

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Confirmée par un courrier lapidaire, l'annonce en a été faite hier soir (24 mars) par le maire socialiste de la commune, Joël Bigot, en clôture du conseil municipal. L'édile, qui avait accordé un permis de construire en novembre 2020 pour l'édification d'un gigantesque bâtiment de 160.000 mètres carré de planchers, n'a pas caché son amertume. « C'est une très grosse déception. Ce soir, j'en veux à tous ceux qui se sont opposés à ce projet pour des raisons idéologiques ou philosophiques », a t-il commenté d'une voix sombre.

Les raisons du recul

A première vue, le dossier avait pourtant tout pour réussir. Forte d'une autorisation environnementale délivrée par le préfet de Seine-Maritime, la plateforme en question devait s'implanter sur une ancienne friche pétrolière en cours de réhabilitation par le groupe Valgo et labellisée « site clé en mains » par le ministère de l'économie. « Bruno Le Maire soutenait le projet »,  affirme Joël Bigot.

A Petit-Couronne, la marche arrière opérée par Amazon surprend d'autant plus qu'elle intervient avant même que le tribunal administratif, saisi par l'ONG Les Amis de la terre, ne se prononce sur la faisabilité du projet. « Je n'ai pas encore identifié toutes les causes de ce renoncement », confesse le maire. Le groupe américain, en butte à la bronca d'une bonne partie de la majorité rose-verte de la Ville de Rouen et de la Métropole, a t-il craint pour sa réputation ? Ou a t-il pris au sérieux les menaces de plusieurs associations locales d'occuper le site ? Difficile de l'affirmer.

Pour le très actif collectif Stop Amazon, cela ne fait aucun de doute : c'est bien la mobilisation citoyenne qui est responsable de la reculade du géant américain. « Les membres de l'association se félicitent d'avoir su repousser au moins localement ce projet démesuré  et préserver ainsi l'emploi et l'environnement sur le territoire normand », se félicite t-il dans un communiqué.

Un troisième revers en un an

Ce n'est pas la première fois que la multinationale du e-commerce est contrainte de reculer. En décembre dernier dans le Gard, c'est l'annulation de l'autorisation environnementale par la justice administrative qui avait sonné le glas de son projet d'entrepôt. Quelques semaines auparavant, c'était en Loire Atlantique qu'elle avait enregistré un revers. Elle avait dû renoncer à construire une plateforme logistique de 185.000 mètres carrés à Montbert au Sud de Nantes après que les élus de la communauté de communes aient mis fin aux négociations avec son promoteur en arguant de « difficultés juridiques et techniques ».

En quête d'une implantation dans le Nord Ouest de la France où il ne compte encore aucun centre de distribution, Amazon pourrait pourtant finir par trouver un site à sa mesure. Après l'échec de Montbert, Christelle Morançais, présidente de la Région Pays de Loire, s'est dite toute disposée à mettre un terrain à sa disposition, quelque part dans la Sarthe. Un appel du pied qui pourrait aussi expliquer la marche arrière du groupe de Jeff Bezos dans la métropole rouennaise.

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Commentaire 1
à écrit le 02/04/2022 à 14:26
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Une victoire syndicale ou de syndicaliste? En France, les syndicalistes ne sont clairement pas au SMIC en ponctionnant de manière pyramidale le maigre salaire des ouvriers qui leur font naïvement confiance...

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