SNCF : une grève surprise, des suites possibles

Pendant trois jours, 150 000 voyageurs ont été privés de train. Le mouvement social des contrôleurs suscite l’inquiétude pour les mois à venir.
Marie-Pierre Gröndahl
Des voyageurs en attente d’un train, vendredi, gare de Lyon à Paris.
Des voyageurs en attente d’un train, vendredi, gare de Lyon à Paris. (Crédits : © VINCENT ISORE/IP3/MAXPPP)

Y aura t'il des trains à Pâques ? Les TGV, Intercités, Ouigo, TER ou RER rouleront-ils normalement pendant les Jeux olympiques ? Alors que la grève déclenchée par les contrôleurs - les ASCT, en langage cheminot, pour « agents du service commercial trains » - entame son dernier jour, en plein chassé-croisé des vacances d'hiver, la direction de la SNCF n'a pas de réponse à ces deux questions. D'autant moins que ce mouvement social a surpris les équipes du PDG, Jean-Pierre Farandou, avec un préavis déposé tardivement par deux organisations syndicales sur quatre : SUD Rail et la CGT Cheminots. Ces dernières ayant été sollicitées par les membres d'un groupe présent sur WhatsApp et Facebook (baptisé CNA, pour « collectif national des ASCT »), qui réunit environ 4 500 contrôleurs sur un effectif de 8 400 agents. « Même déterminés, les collectifs ne peuvent pas déposer de préavis, explique un élu. Seuls les syndicats en ont la prérogative. »

« Cette grève me fend le cœur car les Français attendaient leurs vacances, et la SNCF n'est pas au rendez-vous », confiait le 16 février Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs. Du 15 février au soir jusqu'au 19 février à 8 heures, l'entreprise ne sera parvenue qu'à faire rouler un train sur deux, en donnant la priorité aux trains en direction (ou de retour) des Alpes, tous complets. Quitte à réduire davantage le trafic sur d'autres lignes, dont Paris-Bordeaux, où deux tiers des trains ont été annulés.

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« Incompréhensible » pour la direction

Si 850 000 voyageurs ont pu partir ou revenir, 150 000 ont dû s'organiser autrement, après avoir été prévenus le 14 février : « Non seulement j'ai dû me résigner à partir dans les Pyrénées avec mes deux enfants en voiture, mais les procédures en ligne pour obtenir un remboursement de mes billets ne sont pas simples à utiliser », regrette Perrine, une voyageuse parisienne.

Une grève jugée comme le fait « d'enfants gâtés », pour certains, en tout cas impopulaire auprès des clients. Et « incompréhensible » pour la direction, qui avait organisé une table ronde avec plusieurs dirigeants, dont Jean-Pierre Farandou, et des représentants des syndicats dans la soirée du 7 février pour tenter de l'enrayer. L'origine du conflit ? Des revendications des contrôleurs concernant des éléments de leur rémunération - dont une prime de 400 euros - non pris en compte pour le calcul de leurs pensions de retraite. Ainsi que sur leur statut, différent de celui des conducteurs, sur lequel ils souhaiteraient voir le leur aligné. « Les contrôleurs vivent la même réalité que les conducteurs, explique Fabien Dumas, secrétaire général de SUD Rail. Comme eux, ils ne peuvent pas prendre leurs vacances en même temps que les autres, ont des horaires décalés et travaillent la majorité des week-ends. »

En filigrane du mécontentement des contrôleurs s'inscrivent les conséquences de la réforme des retraites

Agenda social

Les contrôleurs étaient déjà à l'origine de la grève pendant les vacances de Noël 2022, d'où une série d'engagements pris par la direction du groupe depuis cette date pour répondre à leurs revendications : « Nos engagements ont été tenus à 100 %, dont une hausse de 60 % des recrutements de contrôleurs entre 2022 et 2023. L'objectif de deux contrôleurs par rame est en passe d'être atteint, avec encore 850 recrutements cette année », détaille Christophe Fanichet.

Un familier des discussions relève que les contrôleurs ont été la catégorie qui a le plus bénéficié d'augmentations depuis décembre 2022, avec 500 euros en moyenne par mois. Un chiffre que dément pour sa part Fabien Dumas. À l'inverse, un élu d'une autre organisation confirme les augmentations de salaire, ainsi que 200 embauches de contrôleurs, pour un total de 17 000 personnes recrutées en deux ans.

En filigrane du mécontentement des ASCT s'inscrivent les conséquences de la réforme des retraites, qui décalera de deux ans les départs pour la génération née en 1974 à partir de 2025. D'où la mise en place d'un « agenda social » par la direction, avec des rencontres régulières des représentants des organisations syndicales en 2024. « Mais ce n'est pas du ressort de l'entreprise d'agir sur les dispositions légales qui encadrent la retraite », reconnaît un élu.

Marie-Pierre Gröndahl

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Commentaires 5
à écrit le 18/02/2024 à 22:44
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@ henry de quels débouchés parlez vous?… à l instar de la ratp ou des profs .. aujourd’hui il y a à la Sncf plus de postes en recrutement que de candidats ..ce qui va s s’accentuer avec les boomers qui partent à 64 ans … : en 2024 , 400 postes de c...

à écrit le 18/02/2024 à 13:16
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Au delà des commentaires lambdas qui ne connaissent rien de la Sncf , de ses salaires, et de ses personnels .. ce qui motive cette grève comme d’autre à venir : 1/ blocage des salaires pendant 10 ans, 2/ réforme des retraites: départ à 64 ans comme...

le 18/02/2024 à 17:49
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@Faisons le point: Parmi les avantages, il faudrait rappeler les horaires et les découchés...

le 19/02/2024 à 9:12
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Mon Dieu c'est le bagne et de l'esclavage de bosser à la SNCF. Je n.avais pas pris conscience des problèmes. Peut être c'est le gangrènage de la SNCF par la CGT et SUD qui rend impossible de travailler dans cette compagnie.Il faut mettre de la concur...

à écrit le 18/02/2024 à 8:56
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Bah quand l'essence aura dépassé 2 euros le litre ils arrêteront je suppose. Mais qu'est-ce qu'on s'ennuie au sein de l'économie des lobbys.

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