
Alors que les sénateurs viennent une nouvelle fois d'étriller le projet de consigne des bouteilles plastique qualifiée de « fausse bonne idée environnementale (...) économiquement irrationnelle » dans un rapport daté du 11 juillet, le fonds Eiffel Essentiel et Crédit Agricole Normandie Seine Participations annoncent investir 21 millions d'euros* dans la startup b:bot. Or, celle-ci s'est précisément spécialisée dans la collecte et le recyclage... des bouteilles PET.
Installée à Rouen, l'entreprise s'est fait connaître en développant des terminaux connectés. Ceux-ci transforment directement les bouteilles en plastique en paillettes, contre quelques centimes ou bons d'achat reversés aux consommateurs qui leur apportent cette matière première. Le concept fait recette. En deux ans, il a été adopté par beaucoup d'enseignes de la grande distribution, moyennant un partage des bénéfices des machines. La collecte va bon train. Depuis 2021, les 500 robots installés dans des supermarchés et des lieux de fort passage ont broyé 130 millions de bouteilles, « un chiffre qui croît de 500.000 chaque jour », selon la société.
Sans subvention
Particularité, le système s'autofinance par la revente des paillettes aux transformateurs.
« Nous pouvons nous affranchir de subventions publiques ou privées. Autrement dit, nous continuerons de nous développer avec ou sans consigne », assure le président et fondateur de b:bot.
Conforté par le succès de son tour de table, Benoît Paget joint le geste à la parole. L'usine Toshiba de Dieppe, qui assemble ses terminaux de collecte, a été priée de porter la production de 30 machines par mois à une centaine à la fin de l'année, puis à 200 en 2024.
Objectif affiché, poursuivre le maillage de l'Hexagone et se lancer à l'assaut de la planète qui croule sous les déchets plastiques.
« Chaque année, 500 milliards de bouteilles plastiques sont produites et seulement 10% sont recyclées (60% en France ndlr), rappelle Benoît Paget. L'enjeu est énorme ».
En cours d'implantation au Portugal, aux Emirats Arabes Unis et en Tunisie « quatrième consommateur de bouteilles plastique au monde », l'entreprise cible en particulier les pays de l'hémisphère sud, où la collecte publique est balbutiante. « Notre solution déployable facilement et sans subvention est parfaitement adaptée pour y pallier », argumente son président.
Alléger l'empreinte carbone
En parallèle, b:bot s'efforce d'alléger son empreinte carbone. La société devrait mettre en place, d'ici deux ans, son propre système de tri pour séparer les paillettes de PET de celles issues du broyage des bouchons et des étiquettes. Le but ? S'émanciper des circuits classiques de traitement jugés trop énergivores.
« Chez les transformateurs, nos paillettes subissent aujourd'hui huit étapes de nettoyage à l'eau chaude, alors qu'un seul serait nécessaire, puisqu'elles sont par définition plus propres que celles issus centres de tri mélangées à d'autres matières », détaille Benoît Paget.
Autre piste étudiée, la reverse logistique. B:bot envisage en effet de recourir aux poids-lourds qui livrent les supermarchés et repartent à vide pour collecter et acheminer les paillettes sur les plateformes de la grande distribution, d'où elles seront expédiées vers le site de transformation ad hoc. « Avec cette solution, on enjambera beaucoup d'étapes du transport en allégeant d'autant l'empreinte carbone », résume Benoit Paget. De quoi convaincre les opposants à la consigne ? Affaire à suivre.
*16 millions en capital, 5 en dette
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