Gaspillage : Too Good To Go veut faire comprendre les dates de péremption

L'application, téléchargée par 7 millions de Français, lance une campagne pour inviter à vérifier la fraîcheur des aliments avant de les jeter. Une étape du travail qu'elle mène depuis deux ans avec distributeurs et industriels sur les dates de péremption. "A consommer jusqu'au" et "à consommer de préférence avant" ne signifient en effet pas du tout la même chose.
Giulietta Gamberini
Aux dates de péremption est imputable 30% du gaspillage de nourriture par les ménages français, selon Too Good To Go.
Aux dates de péremption est imputable 30% du gaspillage de nourriture par les ménages français, selon Too Good To Go. (Crédits : Reuters)

"A consommer jusqu'au" et "à consommer de préférence avant": 53% des Français ne connaissent pas la différence entre ces deux indications qui apparaissent sur les emballages des aliments. A l'occasion de la journée nationale de lutte contre le gaspillage alimentaire, qui se tiendra le 16 octobre, la startup Too Good To Go, spécialisée dans la vente à prix réduits de repas destinés à être jetés, lance une campagne contre ce problème. Selon ses calculs, il est en effet loin d'être anodin, puisqu'à ces dates de péremption serait imputable 30% du gaspillage de nourriture par les ménages français.

"A consommer jusqu'au" et "à consommer de préférence avant" ne signifient en effet pas du tout la même chose. La première mention est une "date limite de consommation" (DLC): "une limite impérative" qui "s'applique à des denrées microbiologiquement très périssables, et, qui, de ce fait, sont susceptibles, après une courte période, de présenter un danger immédiat pour la santé humaine", explique le ministère de l'Economie sur son site. La deuxième est une "date de durabilité minimale" (DDM):  elle "n'a pas le caractère impératif de la DLC. Une fois la date passée, la denrée peut avoir perdu une partie de ses qualités spécifiques, sans pour autant présenter un risque pour celui qui le consommerait".

Observer, sentir et goûter

Or, confus et craintifs, les Français jettent indistinctement les aliments dont les deux délais sont dépassés. Dans une série d'images et de vidéos diffusés à la télévision, sur les réseaux sociaux et dans les panneaux d'affichage des villes, Too Good To Go invite donc les Français à ne pas jeter automatiquement leur nourriture, mais à l'"observer, sentir et goûter".

La démarche est issue d'un travail mené pendant 24 mois avec des industriels et des distributeurs qui, à la suite d'une campagne lancée par TGTG sur Change.org invitant les marques à s'engager, a abouti à l'élaboration d'un livre blanc, puis d'un "pacte". Signé par une cinquantaine d'acteurs de la filière, celui-ci listait 10 engagement, parmi lesquels la sensibilisation des consommateurs.

Lire: Dates de péremption : industriels et distributeurs s'engagent contre le gaspillage

Des rayons anti-gaspi vite vides

La journée du 16 octobre est d'ailleurs l'occasion de mettre en avant d'autres actions issues du pacte. Tout d'abord la création dans les supermarchés de "rayons anti-gaspillage", où sont mis en avant des produits dont la DDM est dépassée ou proche, et où la raison est expliquée par une signalétique dédiée. Des distributeurs comme Auchan, Bio c' Bon ou Système U se sont déjà lancés. Et ces rayons, que ce soit pour des raisons écologiques ou de pouvoir d'achats, sont appréciés par les consommateurs: "Ils sont vite vides", témoigne Béatrice Javary, directrice de la responsabilité et de l'innovation sociale chez Auchan, qui en a déjà mis en place 120 -sur 600 magasin en France au total.

Autre engagement partiellement réalisé, la clarification des mentions sur les emballages. Dès juin, le groupe Bel, signataire du pacte, sur ses boîtes de La Vache Qui Rit, a ainsi remplacé la DDM classique  par l'indication, plus claire, "pour une dégustation optimale, à consommer de préférence avant le". Pendant l'été, il a également utilisé l'intercalaire qui sépare les portions de fromage pour expliquer le caractère purement indicatif de la DDM. Des pictogrammes ont été ajoutés pour inciter les consommateurs à faire confiance à leurs sens. La marque Naturéo vient de lancer une démarche similaire.

L'appli à la conquête des US

Too good To Go compte d'ailleurs dresser en fin d'année le bilan de la mise en oeuvre de ces promesses, et lancer une nouvelle feuille de route, avec potentiellement de nouveaux engagements. Sans pour autant remettre en cause pour le moment l'utilisation des DDM, auxquelles directions qualité des marques restent néanmoins attachées.

"C'est un changement de la la pratique qui pourra éventuellement induire un changement de la réglementation", est convaincue la co-fondatrice de Too Good To Go, Sophie Basch.

L'application, téléchargée par 7 millions de Français, et qui se targue de sauver 100.000 repas par jour dans une quinzaine de pays européens, vient en outre de se lancer aux Etats-Unis, dans les villes de Boston et New-York. Elle compte y sauver 4 millions de repas en 2021.

Lire aussi : Après l'Europe, Too Good to Go se lance à la conquête de l'Amérique

Giulietta Gamberini

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.